TRIPOLI (AFP) - Le ministre français des Affaires étrangères
Dominique de Villepin est arrivé vendredi à Tripoli
dans le cadre d'une brève visite marquant la normalisation
des relations franco-libyennes, a constaté l'AFP.
Arrivé à 15h00 (13h00 GMT), M. de Villepin devait
avoir des entretiens avec son homologue libyen Rahmane Chalgam et
avec le ministre libyen de l'Unité africaine Abdessalam Triki,
avant de rencontrer le dirigeant libyen, le colonel Mouammar Kadhafi.
Les questions africaines et les suites de "l'affaire UTA",
qui reste le seul point noir des relations entre Paris et Tripoli,
devraient également figurer à l'ordre du jour des
conversations du ministre français à Tripoli.
Le chef de la diplomatie française devait quitter la Libye
en soirée pour Beyrouth où s'est ouvert vendredi le
9e sommet de la francophonie.
Cette brève visite doit précéder la réunion
de la commission mixte franco-libyenne prévue lundi à
Paris, destinée à revitaliser la coopération
entre les deux pays. Il s'agit de la première réunion
de cette commission depuis 20 ans.
Après une longue période de froid entre Paris et Tripoli,
à la suite de l'attentat contre un avion de la compagnie
française UTA qui avait fait 170 morts (dont 53 Français)
en septembre 1989, et l'embargo de l'ONU contre la Libye, suspendu
en 1999, pour sa participation à des actes terroristes, les
relations franco-libyennes ne cessent de s'améliorer. "La
Libye du colonel Kadhafi s'assagit" depuis l'époque
où son nom était étroitement associée
au terrorisme international, indique-t-on à Paris.
Depuis la suspension des sanctions de l'ONU et des attentats du
11 septembre 2001 aux Etats-Unis, le colonel Mouammar Kadhafi n'a
cessé d'afficher sa volonté de participer à
la lutte anti-terroriste et de jouer les médiateurs pour
les bonnes causes.
En témoigne le rôle vital joué par Seif al Islam
Kadhafi, fils et successeur présumé du dirigeant libyen,
dans la libération des otages occidentaux (dont des Français)
de l'île philippine de Jolo à l'automne 2000.
Lors d'un séjour en février dernier à Paris,
Seif al Islam Kadhafi s'était fait le chantre de l'amélioration
des relations franco-libyennes. Les questions africaines seront
aussi au menu de l'entretien de M. de Villepin vendredi avec son
homologue libyen Abdel Rahmane Chalgham.
Sur le plan des relations économiques, les résultats
s'améliorent aussi, même s'il reste encore beaucoup
à faire à la France pour rattraper son retard par
rapport à autres pays européens. Riche pays pétrolier,
la Libye est actuellement à la recherche d'investisseurs
pour développer ses infrastructures et souhaite devenir une
grande destination touristique.
Les vols Paris-Tripoli ont repris début octobre et sont assurés
désormais par la compagnie française Air Lib. En 2001,
les échanges commerciaux entre la France et la Libye ont
presque doublé par rapport à l'année précédente,
à 1,011 milliard d'euros.
Sur le plan bilatéral, le ministre français évoquera
notamment "les suites de l'affaire de l'UTA" qui reste
le seul point noir des relations entre Paris et Tripoli. Aujourd'hui,
les familles françaises des victimes de l'attentat réclament
que les coupables jugés par contumace à Paris purgent
leur peine. Elles veulent aussi être dédommagés
par Tripoli au même titre que les familles des victimes américaines
et britanniques de l'attentat de Lockerbie (Ecosse) contre un avion
de la Pan Am, qui avait fait 270 morts en 1988, à qui Tripoli
promet 10 millions de dollars par victime.
"Le gouvernement français s'est montré très
frileux dans cette affaire. Les Libyens eux-mêmes reconnaissent
que ce que nous avons touché est plus de l'argent de poche
qu'une véritable réparation", a indiqué
mercredi Guillaume Denoix de Saint Marc, un des parents des victimes.
Pour exprimer leur colère, les proches des victimes iront
protester lundi devant le Quai d'Orsay où se se réunira
la commission mixte franco-libyenne, sous la présidence de
MM. de Villepin et Chalgham. |