Dominique de Villepin se rend aujourd'hui à
Tripoli pour sceller le rapprochement franco-Libyen. La visite
du ministre des Affaires étrangères est l'aboutissement
d'un processus engagé il y trois ans avec la levée
de l'embargo de l'ONU contre la Libye mais compliqué par
1'affaire du DC 10 d'UTA. Les suites de l'attentat contre l'avion
français qui avait causé 170 morts le 19 septembre
1989 seront évoquées au cours des entretiens bilatéraux.
Car le contentieux n'est pas épuré. Des dédommagements
n'ont pas été effectués et, surtout, la condamnation
par contumas de six responsables libyens par la cour d'assise
de Paris n'a pas été suivie d'effets.
La volonté française de tourner la page est motivée
par des considérations à la fois économiques
et diplomatiques. De nombreux contrats sont à prendre dans
cet État pétrolier. Lundi, la commission mixte franco-libyenne
doit se réunir à Paris pour la première fois
depuis vingt ans.
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Elle
s'attellera à la relance de la coopération économique
entre les deux pays. Paris qui a pris acte du recentrage du colonel
Mouamar Kadhafi entend prendre davantage en compte la place occupée
par Tripoli sur l'échiquier arabo-musulman et en Afrique.
L'Irak, le conflit lsraélo-palestinien, et les risques de
déstabilisation de l'Afrique de l'Ouest sont au menu des
discussions. Dominique de Villepin et son homologue Abdel Rahmane
Chalgam parleront également d'Al Qaida. La volonté
de Tripoli de se démarquer du terrorisme international s'est
accentuée après les attentats du 11 septembre. Après
avoir joué un rôle d'intermédiaire dans la libération
des otages de Jolo détenus par le groupe Abu Sayaf, la Libye
paraît même disposée à participer à
la lutte contre les mouvances islamistes tournant autour d'Al Qaida.
Reste qu'on France, les familles des victimes assistent avec amertume
aux retrouvailles entre Paris et Tripoli. |
Depuis l'échec de la dernière
offensive du juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière le
dossier du DC 10 paraît classé. En février
2001, la Cour de cassation s'était prononcée contre
une mise en cause directe du colonel Khadafi au nom du principe
d'immunité dont bénéficient les chefs d'État.
A l'issue du procès d'assise, chaque ayant droit des victimes
a obtenu de la Libye des dommages et intérêts variant
de 3 000 à 30 000 euros. Une peccadille en comparaison
des montants promis par la Libye dans l'affaire de Lockerbie (10
millions de dollars par victime). Mais, à en croire les
associations de victimes, l'essentiel serait ailleurs. «
Les auteurs de l'attentat bénéficient d'une impunité
absolue alors que tous les discours sont actuellement centrés
sur la dénonciation du terrorisme ». affirme
Guillaume Denoix de Saint Marc, un représentant des victimes
en quête d'une solution honorable.
Thierry Oberlé
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