victimes attentat

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(Vendredi 18 octobre 2002)

La colère des familles de l'attentat, du DC 10 UTA
Une Perpignanaise figurait parmi les 170 victimes.
Son mari, Urbain Banyols, se souvient

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Urbain Banyols avec sa fille Patricia et son petit-fils Guihlem.
En médaillon, Ginette née Nivet, décédée dans l'attentat du DC 10.

Il est 13 heures, ce 19 septembre 1989, à N'Djamena, capitale du Tchad. Il fait chaud. Très, très chaud. Mais Urbain Banyols, 53 ans à l'époque, marié à Ginette Nivet originaire de Thuir et père de 4 enfants, ne craint pas la chaleur. L'Afrique, il connaît par coeur. Ou presque. Alors, les températures extrêmes, il supporte. Ce mécanicien issu de l’Armée de l'air a roulé sa, bosse aux quatre coins du continent : Madagascar, Gabon, Cameroun, tous les pays du Sahel avec le Sahara en long et en travers…
Ce jour-là, Urbain Banyols accompagne son épouse, fonctionnaire du Trésor, à l'aéroport de N'Djaména. Elle doit embarquer sur le vol UT772 qui assure la liaison entre Brazaville, au Congo, et Paris. Chaleurs. Ginette, après dix mois de travail sans interruption a droit à deux mois de vacances. Elle a décidé de se rendre à Toulouges près de Perpignan pour passer une quinzaine de jours auprès a sa maman âgée de 83 ans.
Mari et femme se croisent une dernière fois dans l’aérogare: « Je me
souviens que nous nous étions salués derrière une vitre… Puis je suis rentré chez nous. Il y avait avec moi quelques amis que j'avais invités pour prendre un verre de whisky, comme ça. A 15h, nous nous sommes tous séparés. Comme je ne travaillais pas l'après-midi, après avoir cassé la croûte, j'ai fait une sieste.

Le soir, je suis allé au restaurant. Vers minuit, mon fils ainé, qui vivait avec nous en Afrique alors que les trois autres étaient dans le sud de la France est venu me prévenir que l'avion de maman n'était pas encore arrivé à Paris… De suite, j'ai pensé vu l'heure que l'avion avait explosé en vol. Alors qu'en France les médias annonçaient qu'un avion de grande ligne avait disparu, pour moi l'affaire était hélas réglée. Il ne pouvait s'agir d'un détournement, car dans ce cas de figure on apprend toujours dans l'heure qui suit et par la voix des pirates de l'air ce qu'il en est… La thèse de l'attentat ne m'a pas étonné, mais la cause aurait pu être accidentelle dans la mesure où, personnellement, dans cette région j'ai assisté à des tas d’incidents, du genre une porte arrière de l’avion qui s’ouvre en plein vol, etc ». A ses côtés, sa fille aînée, Patricia Grosjean qui vit dans le quartier Saint-Assiscle à Perpignan, se rappelle également: « J'ai eu ma mère au téléphone quelques minutes avant qu'elle embarque. J’ai eu le pressentiment que dans sa tête il y avait comme une prémonition., Je sais, cela peut paraître bizarre dit comme ça, mais ce jour là elle m'a donné plein de détails, du genre je porte tel bijou, je suis habillée comme ça”, etc. Elle partait comme s’il fallait s'attendre à la reconnaitre un peu plus tard, à l'identifier... »

Six mois plus tard, après le drame, Urbain Banyols décidait de rentrer définitivement en France où il vit désormais auprès de Boulou, à Passa. Treize ans plus tard, qu'en est-il de tout cela ? « On le garde dans son coeur. Mais. on ne passe pas sa vie à se le rabâcher. Il y a eu un procès, les soi-disant auteurs de l’attentat ont été jugés par contumace… Ou plutôt, “ils” ont jugé qui “ils” ont voulu ! Ceux que la Libye avait désigné. J’ai trouvé cela absurde. Une vraie pantalonade.»
Sa fille Patricia est encore plus sévère :
« Forcément, on n'est pas en paix ? Chaque fois qu'on entend le mot attentat quelque par, on sursaute, on le vit mal. On ne le supporte plus. C'est dur d'apprendre aujourdhui que la France renoue ses relations diplomatiques avec la Libye. Faut-il rappeler que les auteurs de l'attentat, ceux que Kadhafi a bien voulu nous désigner, ne sont toujours pas punis. Ils sont en Libye, continuent leur vie, coulent des jours paisibles. Il y a eu un jugement, oui, on a désigné des assassins d'accord, mais ou sont-ils ? Tout cela est bien scandaleux. Nos gouvernants ont vraiment la mémoire courte... Terriblement courte ! ».

Luc MALEPEYRE

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