UNE VISITE ÉCLAIR à Tripoli du
ministre français des affaires étrangères,
Dominique de Villepin, vendredi 18 octobre, a fait progresser
« les suites »
de l'affaire du DC-10 d'UTA qui avait été la cible
d'un attentat en septembre 1989 au-dessus du désert du
Niger. La Libye est prête à «
envisager une indemnisation des victimes françaises qui
nauraient pas été indemnisées »
et à « des indemnisations
supplémentaires dès quelles seraient décidées
par la justice française », rapporte lAgence
France-Presse, citant des sources diplomatiques françaises
dans la capitale libyenne. A ce jour, la Libye sétait
contentée de transférer à la France, en juillet
1999, la somme de 210 millions de dollars (presque autant en euros),
destinée à indemniser les ayants droit des 170 victimes
de cet attentat - qui ne sont pas toutes françaises. Ce
transfert équivalait à la reconnaissance de la responsabilité
de ressortissants libyens dans cet attentat. De fait, quatre mois
plus tôt, six hauts responsables des services secrets ou
de la diplomatie libyenne, dont le beau-frère du colonel
Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, avaient été
condamnés par contumace par la cour dassises de Paris
à la réclusion à perpétuité.
Mais, comme le rappelaient les familles des victimes à
la veille de la visite de M. de Villepin en Libye, cette décision
« na pas été
exécutée » et les condamnés
sont toujours en liberté en Libye. M. de Villepin a insisté
auprès de son interlocuteur sur «
limportance des décisions de justice françaises
» et sur les demandes dindemnisation supplémentaire
des familles des victimes,
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qui veulent être dédommagées à égalité
avec les victimes américaines et britanniques dun
autre attentat qui, en décembre 1988, avait visé
un Boing de la PanAM au-dessus de Lockerbie, en Ecosse. Après
la condamnation à la perpétuité dun
ressortissant libyen par un tribunal écossais, la Libye
a promis 10 millions de dollars aux familles de chacune des 270
victimes de cet attentat.
Mais à Washington, se fondant sur un amendement de 1996
relatif à limmunité de souverains étrangers
et qui autorise des procès contre «
les Etats étrangers ayant commis ou aidé à
commettre des actes terroristes à lorigine de (
)
la mort de citoyens américains », sept familles
de victimes américaine de lattentat du DC-10 ont
introduit une action en justice devant un tribunal fédéral.
Elles réclament 3 milliards de dollars de dommages et intérêts
à la Libye et au colonel Kadhafi. La plainte est étayée
par un dossier de 35 000 pages de lenquête judiciaire
français, transmis par lassociation SOS-Attentats.
INDIGNATION
En juin 1999, SOS-Attentats et la sur de lune des
victimes françaises avaient déposé une plainte
contre le colonel Mouammar Kadhafi lui-même pour «
complicité, par instructions données »
dans lattentat. Mais la Cour de cassation avait rejeté
ces poursuites, conformément à la «
coutume internationale qui soppose à ce que les chefs
dEtat en exercice puissent faire lobjet de poursuites
devant des juridictions pénales à létranger
».
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Avant la visite de M. de Villepin à
Tripoli, les familles des victimes françaises de lattentat
contre le DC-10 dUTA se disaient «
choquées et indignées »
par la normalisation des relations avec Tripoli et par la visite
prévue lundi 21 et mardi 22 octobre à Paris de M.
Chalgham, qui doit coprésider avec son homologue français
la commission franco-libyenne. La réunion ce cette commission
est le point dorgue dune normalisation qui se fait
plutôt lentement. Un premier pas avait été
fait en mai 2000, lorsque le secrétaire dEtat à
lindustrie, Christian Pierret, sétait rendu
à Tripoli. Cest la première visite dun
ministre français dans la capitale libyenne depuis 1992,
date à laquelle le Conseil de sécurité de
lONU avait imposé des sanctions à la Libye
pour la forcer à coopérer dans lenquête
sur les deux attentats. La visite de M. Pierret était consécutive
à la suspension des ces sanctions, Tripoli ayant enfin
rempli ses obligations.
Un an et demi plus tard, cétait au tour du ministre
délégué à la coopération et
la francophonie, Charles Josselin, de faire le déplacement
de Tripoli, où il avait essentiellement discuté
avec ses hôtes de lutte contre le terrorisme depuis les
attentats du 11 septembre fermement condamnés par
la Libye.
par MOUNA NAIM
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