PARIS (AP) - Plusieurs dizaines
de parents et proches des victimes de l'attentat perpétré
en 1989 contre un DC-10 de la compagnie UTA se sont rassemblés
lundi sur l'Esplanade des Invalides à Paris. Il s'agissait
pour eux de rendre un nouvel hommage aux 170 morts et de dénoncer
la présence en France du chef de la diplomatie libyenne,
Abdel Rahmane Chalgham.
M. Chalgham préside avec son homologue français Dominique
de Villepin la commission mixte franco-libyenne réunie lundi
et mardi à Paris. Cette réunion, qui fait suite à
une visite du ministre français à Tripoli le 18 octobre,
vise à "fixer les priorités de notre coopération
pour les deux ou trois ans à venir", précisait-on
au Quai d'Orsay.
Il devait aussi être question des "suites de l'affaire
UTA", alors que six Libyens condamnés par la justice
française pour leur implication dans l'attentat sont toujours
en liberté.
Parallèlement à ces discussions, la manifestation
des familles a pris la forme d'une procession silencieuse entre
le terminal Air France des Invalides et l'Esplanade. Sous une pluie
fine, une banderole d'une dizaine de mètres portant les noms
des 170 victimes, de 17 nationalités, a été
dévoilée et dressée sur un échafaudage.
Au cours de ce rassemblement, empreint d'une forte émotion,
plusieurs participants arboraient des portrait de victimes. Sur
le sol, un autel avait été installé avec une
maquette de DC-10 et une pièce de l'appareil retrouvée
dans le désert du Ténéré. Plusieurs
personnes ont pris la parole pour évoquer la mémoire
des défunts, parfois sous la forme de poèmes, mais
aussi pour protester contre le fait que l'attentat reste à
ce jour impuni.
"On trouve ça odieux que les relations diplomatiques,
politiques et économiques reprennent alors que l'affaire
du DC-10 n'est pas résolue pour les victimes", a martelé
Guillaume Denoix de Saint-Marc au nom de l'Association des familles
du DC-10 d'UTA en colère. "Nous sommes rassemblés
ici parce que ça fait treize ans que nous sommes en deuil
et que nous n'avons pas terminé ce deuil, simplement parce
que les peines n'ont pas été exécutées."
Egalement présente, Françoise Rudetzki, la présidente
de SOS Attentats, a reproché à Paris de se préoccuper
davantage de ses relations avec Tripoli que des familles des victimes.
"Puisque nous ne pouvons pas obtenir justice en France, nous
avons fait déposer plainte par les sept familles américaines
à la Cour fédérale de Washington", a-t-elle
déclaré. "Plainte contre Kadhafi, contre l'Etat
libyen qui est un Etat terroriste et contre les six condamnés
par la cour d'assises française, qui se promènent
en liberté en Libye."
Des représentants de l'Union des navigants de l'aviation
civile (UNAC) ont eux aussi pris part à ce rassemblement,
qui a longé le Quai d'Orsay sans incident.
Le DC-10 d'UTA, qui reliait Paris à Brazzaville, avait explosé
le 19 septembre 1989 au-dessus du désert du Ténéré.
La catastrophe avait entraîné des sanctions économiques
des Nations unies contre la Libye, soupçonnée d'être
à l'origine de l'attentat.
Le 10 mars 1999, la cour d'assises de Paris a condamné par
contumace six hauts fonctionnaires libyens, parmi lesquels Abdallah
Senoussi, beau-frère de Moammar Kadhafi, à la réclusion
criminelle à perpétuité pour leur participation
à l'attentat. AP
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