Attentat du DC 10 :
la Colère des familles
Les proches des victimes de l'attentat
d'un DC 10 en 1989, ne se satisfont pas des avancées obtenues
par le ministre des Affaires étrangères et ont manifesté
leur colère, hier à Paris.
Cent cinquante personne, parmi
lesquelles le Picard Jean-François Claisse dont la sur
a péri dans lattentat,se sont retrouvées sur
l'esplanade des lnvaIides à l'heure où les ministres
français et libyen des Affaires étrangères
se réunissaient pour la première fois depuis vingt
ans.Les familles demandent que les six fonctionnaires libyens
condamnés en mars 1999 purgent leur peine.
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Drame du DC 10 :
les familles des victimes manifestent à Paris
Les familles des 170 victimes de
l'attentat terroriste perpétré par la Libye en septembre
1989 ne veulent pas faire les frais du dégel en cours entre
Paris et Tripoli Elles ont manifesté hier
à Paris. Parmi elles, les familles des victimes picardes.
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Ce n'est pas
une matinée à mettre un manifestant dehors ! Toutes
les gouttières de Paris déversent leur trop-plein.
La pluie est obstinée. Quand elle cesse. Un gros nuage se
gonfle à nouveau au-dessus du dôme doré au-delà
de l'esplanade et elle recommence sans se fatiguer. Cest un
temps de chagrin. Il va tout de même bien à la manifestation.
Jacqueline Van den Acker a mis devant ses yeux des lunettes de soleil
comme on se protège dans un imperméable. Derrière
les verres. ses lames restent pour elle seule, Elles restent invisibles
à ses compagnons d'infortune quelle a rejoints dans
le hall de la gare des Invalides, qui sert de point de rendez-vous.
Jacqueline est venue de Lille. Originaire de Doullens, elle habitait
Amiens avant la catastrophe. Des Images d'autrefois la traversent
: le quartier Beauvillé. la Cité scolaire où
sa fille allait à pied. Elle s'appelait Michèle Vasseur.
Elle était hôtesse de lair, chef de cabine dans
le vol N'Djamena-Paris, le 19 septembre 1989.
Le DC 10 d'UTA na jamais atteint sa destination. La Lybie
avait placé une bombe dans l'appareil. Il a explosé
en vol. Les débris et les corps se sont répandus dans
le désert du Ténéré. Cent soixante-dix
morts, enfants, femmes, hommes, membres de léquipage,
dont les cercueils sont arrivés quinze jours plus tard. Michèle
avait 33 ans.
Sur la poitrine de la mère, le portrait rayonnant de la morte
contraste avec la tristesse de la vivante. Les représentants
des familles sont réunis maintenant devant une sorte de tremplin
lancé dans le ciel où sont: inscrits le nom des victimes.
On se relaie, comme le 11 novembre pour faire l'appel des morts.
Mais à la fin de chaque série, on scande : assassinés
!
Elle vient témoigner
sa douleur
devant tout le monde
Alors courageusement Jacqueline
Duplot quitte son mari Gérard, et vient, petite femme dans
un imperméable aussi blanc que ses cheveux. témoigner
sa douleur devant tout le monde. Ils sont venus de Doingt-Flamicourt,
autrement dit de Péronne. Eux aussi, ils ont perdu un entant,
leur fils unique, Patrick, 37 ans. Son travail dans une société
parisienne de câble l'amenait à se déplacer
en Afrique... |
Alors que la pluie redouble, Marie-José
Millasseau lui succède au micro. C'est la soeur de Georges
Raveneau, le commandant de
bord. Son épouse, Maryvonne, est là, dans la foule
recueillie, avec son
fils, sous des parapluies, derrière le
le portrait du chef de famille, disparu à 41 ans. Au nom
de Senlis, le visage de Mme Raveneau s'éclaire un instant.
La Ville évoque pour elle le temps où la famille
était au complet, le temps du bonheur, avant celui de la
souffrance. La cérémonie tire à sa fin. Les
participants déposent des fleurs au
pied de l'interminable liste en forme
d'aile, au bas de laquelle on a disposé une ailette calcinée
du réacteur comme relique de l'avion. Jean-François
Claisse, conseiller municipal d'Amiens, se joint au cortège
dans son fauteuil roulant.
Sa soeur était l'amie de Michèle Vasseur. Elle faisait
le même métier et avait le même âge.
Il est venu faire entendre sa dou
leur et sa colère, celles de ses
parents qui n'ont pas pu faire le
voyage. Dire comme tous les autres qui sont ici sur l'esplanade
des Invalides, que 13 années se sont écoulées,
qu'ils réclament toujours des comptes, qu'ils n'ont pas
pu faire leur deuil.
Le moment est particulier. Le gouvernement leur semble passer
tout cela à pertes et profits.
Pour des raisons de gros sous, ne se remet-il pas à faire
des courbettes au colonel Kadafhi ? Ils en voient la preuve, vendredi,
dans le voyage éclair de Dominique de Villepin, ministre
des affaires étrangères, à Tripoli,et, aujourd'hui
dans la réunion de la commission mixte franco-lybienne
à Paris
Avant les indemnités, les familles réclament justice.
Ells exigent que les six terroristes, au lieu de se la couler
douce, exécutent Ies peines auxquelles les a Condamnés
la cour d'assises de Paris en mars 1999.
JEAN-MARIE DEROY
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La mère de Michèle
Vasseur,
hôtesse de l'air avec la photo
de sa fille au centre.
Les parents de Patrick Duplot au centre
Le fils et la femme du commandant
de bord qui habitait Senlis.
Jean-François Claisse, frère
d'une
hôtesse de l'air disparue
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Le rapprochement franco-lybien |
La France et la Libye
ont franchi une nouvelle étape dans leur rapprochement en
tenant hier à Paris la première réunion depuis
vingt ans dune Commission mixte fixant les grandes lignes
de la coopération bilatérale.
Les travaux de la commission, qui s'achèvent aujourd'hui,
ont été ouverts au Centre des conférences internationales
par les ministres des Affaires étrangères des deux
pays, Dominique de Villepin et Abdel Rahmane Chagrain.
« Nous sommes engagés dans
la définition d'une relation que nous voulons marquer du
sceau du dialogue », après «
une longue période de crise et d'incompréhension »,
« pour surmonter avec responsabilité et lucidité
les épreuves du passé », a déclaré
M. de Villepin.Cette commission ne s'était plus réunie
depuis vingt ans en raison notamment des conflits au Tchad, de l'attentat
contre l'avion d'UTA et de l'implication de la Libye dans des activités
terroristes qui provoquèrent la mise en place jusqu'en 1999
d'un embargo de l'ONU. |
Le rapprochement avait
été scellé vendredi par une visite à
Tripoli de M. de Villepin.
Composée en fait de deux commissiions, chargées respectivement
de la coopération dans le domaine scientifique et technique
et en matière économique, la Commission
mixte composée d'une vingtaine de diplomates et d'experts
de chaque pays doit déterminer Ies grands axes de la coopération
pour les deux ou trois prochaines années.
Riche pays pétrolier la Libye recherche aussi des investisseurs
pour développer ses infrastructures, notamment dans le tourisme
et souhaite accroître ses échanges commerciaux avec
la France
Evoquant la lutte contre le terroirsme, M. de Villepin avait auparavant
souhaité que la Libye, qui a montré clairement, seIon
des sources diplomatiques, sa volonté de renoncer à
l'action violente clandestine, «
reste mobilisée dans ce combat collectif ». |
S.O.S. Attentats : un crime contre
l'humanité |
Françoise Rudetski, présidente de l'association
SOS Attentats, s'est montré particulièrement offensive
sur l'esplanade des Invalides.
Elle n'en est pas à l'apaisement, que pourrait lui suggérer
une quelconque raison d'État, avec le colonel Kadhafi et
son régime Son association entend au contraire utiliser
tous les moyens de droit pour demander des comptes aux six Libyens
incriminés par la cour d'assises de Paris en mars 1999,
au chef de l'État libyen et à l'État libyen
lui-même.
Le dispositif comprend trois parties. Une Plainte a été
déposé devant la Cour européenne des droits
de l'homme l'an dernier.
Une autre, plus prometteuse dans le fait que les États-Unis
font peu de cas de la prescription et de l'immunité des
dirigeants nationaux dans ce type d'affaire, a été
présentée, il y a quelques jours, à la Cour
fédérale par les familles des sept victimes américaines.
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Enfin, S.O.S. Attentats
a l'intention de déposer une plainte pour crime contre l'humanité,
ou il n'y a pas non plus de prescription, en raison de 1a gravité
des faits et de leur caractère international, les victimes
appartenant à dix-sept nationalités différentes.
« Vous avez le droit d'être en face de vos bourreaux
», a déclaré aux familles Mme Rudetzki, qui
compte surtout sur la cour fédérale pour faire avancer
les choses. |
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