Evidemment la Libye, riche pays pétrolier,
est aujourd'hui l'un des rares d'Afrique à être solvable
et payer cash. Alors, on se presse à sa porte.Il y a eu
l'Italie, l'Allemagne ou encore la Grande-Bretagne. C'est maintenant
au tour de la France avec la tenue, hier et ce matin à
Paris, de la commission mixte franco-libyenne qui ne ne s'était
pas tenue depuis vingt ans. Pour nous, les familles des victimes
de l'attentat en 1989 contre le DC 10 de la compagnie française
UTA qui a provoqué la mort de 170 personnes, c'est une
grande amertume. »
Le cri est de Guillaume de Saint-Marc, fils de l'une des victimes
françaises (ils étaient 53), de l'attentat contre
le DC 10 Paris-Brazzaville, qui a explosé en plein vol
au-dessus du désert du Ténéré. Son
père, Jean-Henry, était directeur en Afrique de
la société pétrolière française
Total. Guillaume avait alors 13 ans.
Il s'était ensuivi une longue période de froid entre
Paris et Tripoli accentuée par les constantes implications
du colonel Kadhafi au Tchad. La catastrophe avait aussi entrainée
des sanctions économiques de l'ONU contre la Libye soupçonnée
d'être à l'origine de l'attentat.
Hier matin, Guülaume de Saint-Marc se trouvait en compagnie
de 200 personnes à mi-chemin entre l'hôtel Raphaël
et le Centre de conférences
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international de l'avenue Kléber, arborant
une longue banderole où figuraient les prénoms,
les noms et l'âge des victimes. Au total 17 nationalités.
Rappelant, au nom des victimes, que, pour la première fois,
un tel acte de terrorisme commis par un Etat avait pu être
jugé en France, lors d'un procès fleuve, il notait
cependant, amer, « qu'aucun des six agents présumés
des services secrets libyens mis en cause, dont le beau-frère
du colonel Kadhafi,
condamnés par une cour d"assises française
par contumace, n'avaient été arrêtés
».
La Libye
multiplie les gages de respectabilité
« Aucun d'entre eux n'a purgé sa peine. Ni ici, en
France, ni en Libye. Encore aujourd'hui, nous voulons faire entendre
notre voix, celle des familles de victimes de ce terrorisme international,
qui fait tant de mal, qu'il provienne des États, d'organisations
ou de simples particuliers. » Et d'ajouter : « Dès
que nous entendons le nom « Libye », nous sommes touchés
au cur. Nous n'arrivons pas à faire notre deuil.
Moralement c'est très dur. » La Libye qui a déjà
indemnisé très faiblement, a déclaré,
ces derniers jours, vouloir faire plus et procéder «
à une véritable réparation ».
Ce drame pèse peu en haut lieu à Paris,
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en regard des relations politiques et économiques
franco-libyennes. Depuis bientôt trois ans, la réconciliation
entre Paria et Tripoli est une réalité. Elle a été
amorcée par le président Jacques Chirac dont le
colonel Kadhafi avait assuré, à l'époque,
sur Canal + : « Dès l'arrivée au pouvoir de
Jacques Chirac, nous avons su que tous les contentieux allaient
être réglés. » Les responsables français,
dont le ministre des affaires étrangères, Dominique
de Villepin, qui se trouvait vendredi à Tripoli, n'ont
pas cessé de souligner que « Tripoli avait donné
des gages de son renoncement ». L'embargo de l'ONU contre
Tripoli a même été levé en 1999, grâce
à l'appui des États-Unis, reconnaissant, eux aussi,
le changement libyen.
L'an dernier, les échanges entre Paris et Tripoli ont presque
doublé. Preuve de cette réconciliation... par les
affaires. Il n'en reste pas moins, que Paris tient à avoir
les meilleures relations possibles avec le colonel Kadhafi pour
surveiller de près ce qu'il « trame » en Afrique.
Le dirigeant libyen a largement déboursé auprès
de ses pairs africains pour faire accepter son idée «
d'Union africaine » qui a pris corps aujourd'hui. Il a donc
l'écoute de tous sur le continent.
Julla FICATIER
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