La France et la Libye ont franchi une nouvelle
étape dans leur rapprochement en tenant, hier à
Paris, la première réunion depuis vingt ans d'une
commission mixte fixant les grandes lignes de la coopération
bilatérale.
Au même moment, les familles des victimes d'un attentat
contre un avion de la compagnie française UTA, qui fit
170 morts en 1989 au-dessus du Niger, ont manifesté pour
dénoncer la tenue de cette réunion.
Les travaux de la commission, qui s'achèveront aujourd'hui,
ont été ouverts au Centre des conférences
internationales par les ministres des Affaires étrangères
des deux pays, Dominique de Villepin et Appel Rahmane Chagham.
« Nous sommes engagés dans, la définition
d'une relation que nous voulons marquer du sceau du dialogue »,
après
« une longue période de crise et d'incompréhension
», pour surmonter avec responsabilité et lucidité
les épreuves du passé», a déclaré
Dominique de Villepin.
VINGT ANS
APRÈS
Cette commission ne s'était plus réunie depuis vingt
ans en raison notamment des conflits au Tchad, de l'attentat contre
l'avion d'UTA et de l'implication
de la Libye dans des activités terroristes qui provoquèrent
la mise en place
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jusqu'en 1999 d'un embargo de l'ONU.
Le rapprochement avait été scellé vendredi
par une visite à Tripoli de Dominique de Villepin.
Composée en fait de deux commissions, chargées respectivement
de la coopération dans les domaines culturel, scientifique
et technique et en matière économique, la commission
mixte composée d'une vingtaine de diplomates et d'experts
de chaque pays doit déterminer les grands axes de la coopératien
pour les deux ou trois prochaines années.
Plusieurs secteurs de coopération ont déjà
été dégagés, tels que l'université
et l'enseignement du français, l'eau et l'environnement,
la valorisation du patrimoine naturel et archéolcgique
et le tourisme.
Riche pays pétrolier, la Libye
recherche aussi des investisseurs pour développer ses infrastructures,
notamment dans le tourisme, et souhaite accroître ses échanges
commerciaux avec la France. Avec plus d'un milliard d'euros, ceux-ci
ont presque doublé l'an dernier par rapport à l'année
précédente mais la France arrive encore loin derrière
l'Italie et l'Allemagne, principaux partenaires économiques
de Tripoli. Elle souhaite notamment augmenter ses parts de marché
dans des secteurs tels que le pétrole, les transports et
les télécommunications.
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AMERTUME
DES FAMILLES
Ce rapprochement suscite toutefois l'amertume des familles des
victimes de l'attentat contre un DC-10 d'UTA qui avait fait 170
morts de 17 nationalités, dont 53 Français, en 1989,
dans le désert du Ténéré, au Niger.
Evoquant la lutte contre le terrorisme, Dominique de Villepin
avait auparavant souhaité que la Libye, qui a montré
clairement, selon des sources diplomatiques, sa volonté
de renoncer à l'action violente clandestine, « reste
mobilisée dans ce combat collectif ».
Six membres des services secrets libyens avaient été
condamnés par contumace, en mars 1999, par la cour d'assises
de Paris pour leur responsabilité dans l'attentat de 1989.
Les familles ont de nouveau demandé que ces condamnés
purgent leur peine ou viennent répondre de leurs actes
dans un procès contradictoire et non par contumace. Le
porte-parole des familles, Guillaume Denoix de Saint-Marc, a suggèré
la création d'une « indemnité compensatrice
qui soit symboliquement la condamnation de la Libye ».
Les autorités libyennes avaient fait part vendredi, à
Dominique de Villepin, de leur engagement à indemniser
les familles qui ne l'ont pas été encore si la justice
française en décidait ainsi.
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