victimes attentat

victimes attentat
(Jeudi 24 octobre 2002)
La France et la Libye ont relancé leur coopération bilatérale

La france et la Libye "sont tombées d'accord pour faire en sorte de parvenir à un règlement définitif, sur la base du droit, de l'affaire" de l'attentat qui a visé en septembre 1989 un DC-10 d'UTA, au-dessus du désert du Niger, et qui a fait 170 morts. "La Libye s'engage à appliquer les décisions de la justice française concernant les familles des victimes non encore indemnisées jusqu'ici", indique un communiqué commun, publié mardi 22 octobre à Paris, au terme de la quatrième session de la commission franco-libyenne, coprésidée par les ministres des affaires étrangères français et libyen, Dominique de Villepin et Abdel Rahmane Chalgham.
En clair, l'engagement pris par la Libye concerne ceux des ayants droit des victimes de l'attentat qui ne s'étaient pas portés partie civile jusqu'à maintenant et qui le feraient désormais. Seuls les parents de 57 des 170 victimes – qui sont de 17 nationalités, dont 53 Français – l'avaient fait en 1999. Ils ont été indemnisés par Tripoli, après que la cour d'assises de Paris en eut ainsi décidé. La Libye avait transféré 211 millions de francs (32,5 millions d'euros), destinés à indemniser les

familles, à compenser la compagnie Air France pour la "perte commerciale" subie à la suite de l'explosion de l'avion et à rembourser le fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme, qui avait avancé certaines indemnités.
VERDICT "POLITIQUE"
La cour d'assises avait par ailleurs condamné par contumace à la réclusion à perpétuité six membres des services secrets ou de la diplomatie libyens, dont le beau-frère du colonel Mouammar Kadhafi. Un mandat d'arrêt international avait été lancé contre eux. Pour autant, les autorités libyennes ne sont pas disposées à appliquer ce verdict, parce que "le jugement a été rendu in abstentia, ce qui ne veut pas dire qu'ils sont coupables de crimes", a déclaré M. Chalgham, lors d'une conférence de presse. Il a accusé, sans les identifier, "certaines parties de vouloir exercer un chantage sur la Libye pour des raisons racistes agressives". Il faisait vraisemblablement allusion aux associations de défense des victimes de l'attentat.
M. Chalgham a par ailleurs assuré que l'Etat libyen "n'a versé ni ne versera aucune indemnité" aux ayants

droit des victimes d'un autre attentat, qui, en décembre 1988, avait visé un Boeing de la Pan Am et qui avait fait 270 morts au-dessus de Lockerbie, en Ecosse. "Des contacts -en vue d'indemnisations éventuelles- ont lieu entre les avocats des familles des victimes et des hommes d'affaires libyens pénalisés par les sanctions que les Etats-Unis ont imposées à la Libye", a-t-il dit. La condamnation à la prison à vie d'un ressortissant libyen jugé coupable de l'attentat de Lockerbie par un tribunal écossais siégeant aux Pays-Bas est, selon lui, un verdict "politique". La Libye, a-t-il toutefois assuré, souhaite une normalisation totale de ses relations avec les Etats-Unis.
La réunion de la commission franco-libyenne était la première depuis vingt ans. Les relations entre les deux pays avaient été malmenées par les affaires du Tchad, du DC-10 d'UTA et de l'embargo imposé en 1992 à la Libye par le Conseil de sécurité de l'ONU pour cause de terrorisme. La coopération bilatérale est désormais remise sur les rails, avec pour objectif un "partenariat durable".

Mouna Naïm

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