La Libye a qualifié de
« victoire éclatante » son élection,
hier, à la présidence de la Commission des droits
de l'homme (CDH) de l'ONU, malgré l'opposition des Etats-Unis.
« C'est une victoire éclatante qui a rendu leurs
droits aux peuples opprimés », a déclaré
à l'Agence France Presse le porte-parole du ministère
des affaires étrangères, Hassouna al-Chaouch. Cette
élection, à l'issue d'un vote demandé par
les Etats-Unis, représente une « reconnaissance mondiale
historique du dossier vierge de la Libye dans le domaine des droits
de l'homme », a-t-il ajouté.
Mme Najat Al-Hajjaji, ambassadeur
de Libye auprès des Nations unies à Genève,
a été élue par 33 voix pour présider
la 59e session de la Commission. Trois Etats ont voté contre
cette candidature, 17 se sont abstenus. La Commission compte 53
Etats membres. La Libye avait été proposée
par le groupe des pays africains. Chaque année, la présidence
tournante est assurée par l'un des cinq groupes géographiques
qui composent la Commission.
La Libye a exercé des pressions au plus haut niveau
Pour 2003, c'était au tour
de l'Afrique de choisir le président. La présidence
du Bureau de la CDH est notamment chargée de diriger les
travaux de la session annuelle unique de la Commission qui se
tient au printemps à Genève _ cette année
du 17 mars au 25 avril _, afin d'examiner l'état des droits
de l'homme dans le monde.
Les Etats-Unis se sont vivement opposés au choix d'un pays
connu, selon eux, pour violer les droits de l'homme et soutenir
des actions terroristes. Ils accusent notamment la Libye d'avoir
soutenu l'attentat terroriste de décembre 1988, contre
un Boeing de la Pan Am au-dessus du village écossais de
Lockerbie, qui avait provoqué la mort de 270 personnes.
Ils ont exigé un vote, alors que traditionnellement la
désignation se fait par acclamation.
L'Algérie et la Libye briguaient le poste, selon une source
diplomatique, mais les autorités libyennes, au plus haut
niveau, ont fait pression pour accéder à cette présidence,
dans le cadre d'une initiative de retour sur la scène diplomatique.
Tripoli souhaiterait également siéger l'an prochain
au Conseil de sécurité de l'ONU.
Plusieurs pays ont déjà réussi à éviter
une condamnation
Les ONG de défense des
droits de l'homme ont également critiqué l'élection
de la Libye à la présidence de la Commission des
droits de l'homme, en défendant l'idée que des critères
de sélection devraient être imposés aux Etats
afin de barrer l'accès de la Commission aux pays violant
les droits de l'homme. Sur les 53 membres de la CDH, deux douzaines
ne devraient pas y siéger, estime de son côté
le directeur exécutif d'Human Right Watch (HRW), Kenneth
Roth. L'an dernier, lors de la 58e session, Amnesty International,
la Fédération internationale des ligues de défense
des droits de l'homme (Fidh) et HRW avaient vivement critiqué
la coalition de plusieurs pays africains et asiatiques volant
au secours de pays menacés par une condamnation de la CDH
et qui, de fait, y échappèrent. La Fidh avait dénoncé
dans cette session « un chèque en blanc aux oppresseurs
», désignant notamment l'Iran, la Russie en Tchétchénie,
le Zimbabwe et la Guinée équatoriale. Les Etats
africains s'y étaient distingués « par des
positions auto-protectrices au nom d'une solidarité régionale
à visées exclusivement politiques », avait-elle
affirmé. (AFP)
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