Une diplomate libyenne à
la présidence de la Commission des droits de l'homme de
l'ONU ! Une représentante du colonel Kadhafi pour veiller
sur nos libertés... Si le sujet n'était pas grave,
on étoufferait de rire. Mais l'affaire est sérieuse,
et même scandaleuse. Il y a double outrage. Outrage à
deux des conquêtes positives du vingtième siècle
: l'organisation des Nations unies, les droits de l'homme.
Au moment où, de nombreux
côtés _ et notamment, avec raison, du côté
de la France _ on presse les Etats-Unis, dans le dossier irakien,
de s'en tenir strictement à la légitimité
onusienne ; au moment où les ministres des affaires étrangères
d'Europe s'unissent autour de la lutte contre le terrorisme, il
y a quelque chose de surréaliste, d'insultant pour le bon
sens et de politiquement obscène, à entamer la légitimité
d'une annexe symbolique de l'ONU. Et d'amer à constater
la lâcheté de ceux qui ont toléré cette
pantalonnade et le cynisme de ceux qui l'ont organisée.
Il ne s'est trouvé, sur
trente-trois pays membres de la Commission, que trois Etats _
les Etats-Unis, le Canada et le Guatemala _ pour s'opposer à
la promotion, à la tête de cette commission, d'une
diplomate qui, au-delà de sa propre personne, représente
un des régimes les plus suspects de la planète.
Les Européens _ dont la France _ se sont abstenus. Les
pays africains, comme un seul homme, ont approuvé cette
désignation.
On connaissait déjà
les limites de cette commission, dont l'obsession anti-israélienne
est établie ; on connaissait les crimes du régime
libyen (disparitions, éliminations d'opposants, internements
sans procès, organisation d'attentats meurtriers qui, depuis
quinze ans, ont fait des centaines de victimes) : on n'imaginait
pas qu'un jour, parmi la communauté des nations, les représentants
de ce régime-là seraient appelés à
siéger ailleurs qu'au banc des accusés.
Encore un effort et la Corée du Nord, spécialiste
des famines organisées, présidera la FAO, et l'Irak,
l'Agence internationale pour le contrôle des armements.
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