victimes attentat

victimes attentat
(Mercredi 22 janvier 2003)
EDITORIAL par Bruno Frappat.

Outrage aux droits de l'homme.
DIPLOMATIE.
Trois Etats seulement se sont opposés à la nomination d'une Libyenne à la tête de la Commission des droits de l'homme de l'ONU.

Une diplomate libyenne à la présidence de la Commission des droits de l'homme de l'ONU ! Une représentante du colonel Kadhafi pour veiller sur nos libertés... Si le sujet n'était pas grave, on étoufferait de rire. Mais l'affaire est sérieuse, et même scandaleuse. Il y a double outrage. Outrage à deux des conquêtes positives du vingtième siècle : l'organisation des Nations unies, les droits de l'homme.

Au moment où, de nombreux côtés _ et notamment, avec raison, du côté de la France _ on presse les Etats-Unis, dans le dossier irakien, de s'en tenir strictement à la légitimité onusienne ; au moment où les ministres des affaires étrangères d'Europe s'unissent autour de la lutte contre le terrorisme, il y a quelque chose de surréaliste, d'insultant pour le bon sens et de politiquement obscène, à entamer la légitimité d'une annexe symbolique de l'ONU. Et d'amer à constater la lâcheté de ceux qui ont toléré cette pantalonnade et le cynisme de ceux qui l'ont organisée.

Il ne s'est trouvé, sur trente-trois pays membres de la Commission, que trois Etats _ les Etats-Unis, le Canada et le Guatemala _ pour s'opposer à la promotion, à la tête de cette commission, d'une diplomate qui, au-delà de sa propre personne, représente un des régimes les plus suspects de la planète. Les Européens _ dont la France _ se sont abstenus. Les pays africains, comme un seul homme, ont approuvé cette désignation.

On connaissait déjà les limites de cette commission, dont l'obsession anti-israélienne est établie ; on connaissait les crimes du régime libyen (disparitions, éliminations d'opposants, internements sans procès, organisation d'attentats meurtriers qui, depuis quinze ans, ont fait des centaines de victimes) : on n'imaginait pas qu'un jour, parmi la communauté des nations, les représentants de ce régime-là seraient appelés à siéger ailleurs qu'au banc des accusés.
Encore un effort et la Corée du Nord, spécialiste des famines organisées, présidera la FAO, et l'Irak, l'Agence internationale pour le contrôle des armements.