Pour Etienne Pinte, député
(UMP) des Yvelines et maire de Versailles, les droits de l'homme
ne sont pas négociables. Juste avant l'ouverture de la cérémonie
franco-allemande de commémoration du 40e anniversaire du
traité de l'Elysée, mercredi 22 janvier, dans sa ville,
M. Pinte a interpellé en privé le ministre des affaires
étrangères, Dominique de Villepin : l'abstention de
la France dans l'élection de l'ambassadrice libyenne, Najat
Al-Hajjaji, à la présidence de la commission des droits
de l'homme de l'ONU, "pose un problème de morale
et de conscience", lui a-t-il dit. "Cette décision
m'a profondément choqué. La Libye n'est certainement
pas un exemple de défense des droits de l'homme",
a-t-il fait valoir. "Dominique de Villepin m'a dit qu'il
s'en expliquerait devant la représentation nationale",
a raconté au Monde M. Pinte, après avoir également
protesté contre la réponse "notoirement insuffisante"de
Pierre-André Wiltzer, ministre délégué
à la coopération et à la francophonie, mardi,
à l'Assemblée nationale.
"La France semblait se cacher derrière les positions
de l'Europe. Sur un problème aussi essentiel, si notre conception
est différente de celle de la majorité des pays européens,
il faut savoir afficher nos convictions", estime ce député
atypique, qui a notamment réclamé l'abolition de la
double peine. M. de Villepin lui a expliqué que la représentante
libyenne était un choix des pays d'Afrique et que "la
France n'avait pas pu faire autrement que de s'abstenir".
"Que la France ne veuille pas se couper des pays africains,
je le comprends, mais alors que veulent dire les principes ?,
s'interroge M. Pinte. Puisqu'il ne peut pas y avoir deux définitions
des droits de l'homme, cela signifie que nous ne sommes pas parvenus
à faire adhérer les pays africains à une conception
universelle. C'est un échec pour nous."
Béatrice Gurrey
o ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 24.01.03 |