Le frère de Françoise Tenenbaum
avait 30 ans. Jean-Pierre Klein, comédien et metteur en
scène parisien, est mort dans l'attentat perpétré
contre le DC 10 d'UTA, le 19 septembre 1989, au-dessus du désert
du Ténéré. La responsabilité de la
Libye a été clairement établie. Françoise
Tenenbaum, commerçante à Nancy, et membre de l'association
des familles de l'attentat du DC 10, crie sa colère de
voir ce pays présider aujourd'hui la commission des droits
de l'Homme de l'ONU.
- Qu'est-ce qui vous choque le plus dans cette nomination ?
- Nous sommes évidemment choqués que la Libye puisse
présider une commission des droits de l'Homme après
avoir commis en toute impunité plusieurs attentats, dont
celui qui nous a touchés et qui a fait 170 victimes. Car
six membres des services secrets et diplomatiques libyens ont
été condamnés à l'emprisonnement à
perpétuité par contumace, par la justice française,
pour avoir exécuté l'attentat du DC 10. Et ces hommes
sont toujours en liberté !
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Mais nous
sommes également indignés que cette présidence
ait pu être obtenue par la Libye avec le soutien de la France,
principalement visée par l'attentat. - La France s'est pourtant
abstenue, lors du vote à l'ONU...
- La Libye a remercié publiquement la France d'avoir pris
cette position. L'attitude de notre pays est honteuse ! Les Etats
Unis ont, quant à eux, voté contre. La normalisation
des relations franco libyennes est en train de se faire sans prendre
en considération le sort des 170 familles détruites
par l'attentat. Nous avons déjà manifesté,
en octobre dernier, contre la venue à Paris d'un représentant
libyen. Alors que la Libye n'a toujours pas reconnu le jugement
du tribunal français et que de nombreuses familles n'ont
toujours pas été indemnisées. Ce pays est une
dictature. C'est moralement insoutenable de le voir présider
la commission des droits de l'Homme de l'ONU.
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- Que pouvez-vous faire ?
- Nous savons qu'une normalisation des relations avec la Libye
arrange tout le monde, en raison des intérêts immenses
qui sont en jeu. Alors nous nous battons. Avec l'association SOS
Attentats. En faisant entendre notre voix. On essaye. On y croit
quand même. Ca m'a apporté beaucoup de pouvoir communiquer
avec des familles ayant subi le même choc. SOS Attentats
nous a également apporté des informations juridiques,
et nous a donné la possibilité de mieux communiquer
avec l'Etat. Parce que les familles de victimes sont la dernière
roue du carrosse. On n'intéresse pas l'Etat français.
On a même l'impression de gêner...
Propos recueillis par
Philippe
MERCIER
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