victimes attentat

(mardi 11 mars 2003, 22h21)

Accord imminent sur les indemnités
de l'attentat de Lockerbie

LONDRES (Reuters) - La Libye a conclu mardi un accord avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne par lequel elle accepte sa responsabilité civile pour l'attentat de Lockerbie ainsi que le versement d'indemnités, a-t-on déclaré de source proche des discussions.

Un accord mettrait fin à une longue dispute entre l'Occident et la Libye à l'approche du déclenchement éventuel d'une guerre contre l'Irak.

"L'histoire est en train de se faire. Un accord pourrait être annoncé à tout moment", a déclaré une source après la rencontre entre le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns et des responsables libyens et britanniques à Londres.

L'explosion en vol d'un Boeing de la Pan Am au-dessus du village écossais de Lockerbie fit 270 morts dont 259 passagers, américains pour la plupart, en 1988. Un agent libyen, Abdel Basset al-Megrahi, a été condamné par un tribunal spécial écossais en 2001.

En vertu de l'accord trouvé à l'amiable, Tripoli s'engagerait à verser un maximum de 10 millions de dollars par victime sur le compte d'une fondation spéciale en échange du lancement d'un processus visant à lever les sanctions décrétées à son encontre par l'Onu et les Etats-Unis, a déclaré cette source.

L'accord ainsi mis au point s'élèverait, si toutes les conditions sont réunies, à environ 2,7 milliards de dollars.
Le Foreign Office britannique n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat à ce sujet.

A Washington, le porte-parole du département d'Etat Richard Boucher a confirmé que des pourparlers avaient eu lieu à Londres.

La séance a été fructueuse. Les premières informations indiquent qu'ils ont fait des progrès mais les délégations vont maintenant informer leurs capitales", a-t-il dit. "Je ne veux pas présupposer maintenant qu'il y a eu accord. Je ne suis pas en mesure de le qualifier de la sorte actuellement."

LEVEE DES SANCTIONS CONTRE TRIPOLI

Les responsables américains ont refusé de donner le moindre détail. Les familles des victimes tuées dans l'attentat ont fait savoir que le département d'Etat les avait invitées à une réunion mercredi à 16h00 (21h00 GMT) pour les informer des derniers développements dans cette affaire.

Toujours selon la même source proche des discussions, la Libye doit maintenant écrire au secrétaire général de l'Onu une lettre dans laquelle elle reconnaît sa responsabilité en employant les termes mis au point avec Londres et Washington.

Les deux capitales occidentales informeraient alors le Conseil de sécurité que Tripoli a rempli les deux conditions exigées pour la levée définitive des sanctions à son encontre.

Tripoli s'engagerait à verser une somme de quatre millions de dollars par victime une fois que les sanctions de l'Onu seraient officiellement levées.

Quatre autres millions de dollars seront versés si les Etats-Unis lèvent à leur tour leurs propres sanctions.
Deux millions enfin seront versés si Washington retire son "Iran-Libya Sanctions Act".

Si les Etats-Unis ne lèvent pas leurs sanctions dans les huit mois, la Libye ne versera qu'un million de dollars supplémentaire, et les indemnités ne totaliseront que cinq millions.

La source a rapporté que des progrès décisifs avaient été réalisés lors d'une séance de négociations vendredi dernier au cours de laquelle les deux parties ont échangé des documents juridiques.

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avait dit dans un entretien publié en janvier dans le magazine Newsweek qu'il ne voyait pas d'inconvénient à verser des dommages et intérêts pour Lockerbie mais que les Etats-Unis devaient aussi dédommager les Libyens pour les bombardements de 1986 sur Tripoli.

Jim Swire, porte-parole d'une partie des victimes de l'attentat, s'est gardé de tout triomphalisme.

"On dirait qu'on est parvenu à un accord, mais d'un autre côté, on nous a dit qu'on était sur le point d'y arriver à plusieurs occasions ces derniers mois", a-t-il déclaré sur Sky Television. "Je pense que c'est une très bonne nouvelle si cela est réglé, pas seulement pour nous mais pour la situation internationale."

Retour au menu presse 2003