LONDRES (Reuters) - La Libye a
conclu mardi un accord avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne
par lequel elle accepte sa responsabilité civile pour l'attentat
de Lockerbie ainsi que le versement d'indemnités, a-t-on
déclaré de source proche des discussions.
Un accord mettrait fin à une longue dispute entre l'Occident
et la Libye à l'approche du déclenchement éventuel
d'une guerre contre l'Irak.
"L'histoire est en train de se faire. Un accord pourrait
être annoncé à tout moment", a déclaré
une source après la rencontre entre le secrétaire
d'Etat adjoint américain William Burns et des responsables
libyens et britanniques à Londres.
L'explosion en vol d'un Boeing de la Pan Am au-dessus du village
écossais de Lockerbie fit 270 morts dont 259 passagers,
américains pour la plupart, en 1988. Un agent libyen, Abdel
Basset al-Megrahi, a été condamné par un
tribunal spécial écossais en 2001.
En vertu de l'accord trouvé à l'amiable, Tripoli
s'engagerait à verser un maximum de 10 millions de dollars
par victime sur le compte d'une fondation spéciale en échange
du lancement d'un processus visant à lever les sanctions
décrétées à son encontre par l'Onu
et les Etats-Unis, a déclaré cette source.
L'accord ainsi mis au point s'élèverait, si toutes
les conditions sont réunies, à environ 2,7 milliards
de dollars.
Le Foreign Office britannique n'a fait aucun commentaire dans
l'immédiat à ce sujet.
A Washington, le porte-parole du département d'Etat Richard
Boucher a confirmé que des pourparlers avaient eu lieu
à Londres.
La séance a été fructueuse. Les premières
informations indiquent qu'ils ont fait des progrès mais
les délégations vont maintenant informer leurs capitales",
a-t-il dit. "Je ne veux pas présupposer maintenant
qu'il y a eu accord. Je ne suis pas en mesure de le qualifier
de la sorte actuellement."
LEVEE DES SANCTIONS CONTRE TRIPOLI
Les responsables américains ont refusé de donner
le moindre détail. Les familles des victimes tuées
dans l'attentat ont fait savoir que le département d'Etat
les avait invitées à une réunion mercredi
à 16h00 (21h00 GMT) pour les informer des derniers développements
dans cette affaire.
Toujours selon la même source proche des discussions, la
Libye doit maintenant écrire au secrétaire général
de l'Onu une lettre dans laquelle elle reconnaît sa responsabilité
en employant les termes mis au point avec Londres et Washington.
Les deux capitales occidentales informeraient alors le Conseil
de sécurité que Tripoli a rempli les deux conditions
exigées pour la levée définitive des sanctions
à son encontre.
Tripoli s'engagerait à verser une somme de quatre millions
de dollars par victime une fois que les sanctions de l'Onu seraient
officiellement levées.
Quatre autres millions de dollars seront versés si les
Etats-Unis lèvent à leur tour leurs propres sanctions.
Deux millions enfin seront versés si Washington retire
son "Iran-Libya Sanctions Act".
Si les Etats-Unis ne lèvent pas leurs sanctions dans les
huit mois, la Libye ne versera qu'un million de dollars supplémentaire,
et les indemnités ne totaliseront que cinq millions.
La source a rapporté que des progrès décisifs
avaient été réalisés lors d'une séance
de négociations vendredi dernier au cours de laquelle les
deux parties ont échangé des documents juridiques.
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avait dit dans un entretien
publié en janvier dans le magazine Newsweek qu'il ne voyait
pas d'inconvénient à verser des dommages et intérêts
pour Lockerbie mais que les Etats-Unis devaient aussi dédommager
les Libyens pour les bombardements de 1986 sur Tripoli.
Jim Swire, porte-parole d'une partie des victimes de l'attentat,
s'est gardé de tout triomphalisme.
"On dirait qu'on est parvenu à un accord, mais d'un
autre côté, on nous a dit qu'on était sur
le point d'y arriver à plusieurs occasions ces derniers
mois", a-t-il déclaré sur Sky Television. "Je
pense que c'est une très bonne nouvelle si cela est réglé,
pas seulement pour nous mais pour la situation internationale."
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