Surfant
sur la sympathie suscitée par sa position contre la guerre
en Irak
et un fort sentiment antiaméricain,
la France s'efforce de relancer sa politique arabe.
Le 7 avril, le président Jacques Chirac
a adressé à Mouammar Kaddafi, par l'intermédiaire
de Patrick Ollier, le président de la Commission des affaires
économiques de l'Assemblée nationale française,
un message soulignant la « nécessité de continuer
à agir pour arrêter la guerre en Irak et pour sauvegarder
le rôle de l'ONU et des organisations internationales ».
Selon l'agence officielle Jana, le Guide de la Jamahiriya libyenne
a exprimé, en retour, « la considération des
Arabes pour la position française ».
Deux jours plus tard, à l'Élysée, Habib Ben
Yahia, le ministre tunisien des Affaires étrangères,
a remis à Chirac une lettre de Zine el-Abidine Ben Ali,
dans laquelle celui-ci évoque le développement des
relations bilatérales et la prochaine visite en Tunisie
de son interlocuteur, mais aussi la situation au Moyen-Orient
et le prochain Sommet « 5 + 5 ». Ledit sommet réunira,
à la fin de l'année à Tunis, les chefs d'État
de cinq pays maghrébins (Mauritanie, Maroc, Algérie,
Tunisie et Libye) et de cinq pays européens (Portugal,
Espagne, France, Italie et Malte). Début avril, Ben Ali
avait reçu de Chirac un message similaire transmis par
Renaud Muselier, le secrétaire d'État aux Affaires
étrangères.
Au cours de son séjour en France, l'envoyé spécial
du président tunisien a pris part, les 9 et 10 avril, à
Sainte-Maxime (Var), à une réunion des ministres
des Affaires étrangères des pays membres de ce forum
politique informel. Il y a essentiellement été question
de la guerre en Irak et de ses conséquences sur la stabilité
régionale et la paix dans le monde. La présence
des représentants de l'Espagne et de l'Italie, deux pays
qui ont soutenu l'intervention américaine, a donné
à cette rencontre, on s'en doute, un caractère particulier.
Tout cela illustre évidemment l'offensive diplomatique
engagée par la France en vue d'associer les Nations unies
à la gestion humanitaire des conséquences de la
guerre et à la reconstruction de l'Irak. Accessoirement,
Paris s'efforce de relancer sa politique arabe, en tirant profit
de la sympathie suscitée par sa position dans le monde
arabo-musulman. En fait, Chirac utilise les relations privilégiées
qu'il entretient avec un certain nombre de chefs d'État
arabes, fussent-ils controversés, pour renforcer les positions
de son pays dans cette région où le sentiment antiaméricain
- nourri par la crainte de nouvelles interventions militaires
- n'a jamais été aussi fort.
Ridha Kéfi
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