TRIPOLI (AFP) - La Libye accepte
de prendre sa responsabilité civile dans l'attentat de Lockerbie
(1988), a affirmé mardi le ministre libyen des Affaires étrangères
Abdel Rahmane Chalgham.
"Mon pays a accepté de prendre sa responsabilité
civile pour les actions de ses fonctionnaires dans l'affaire de
Lockerbie, conformément au droit civil international et
à l'accord survenu en mars à Londres entre les responsables
libyens, américains et britanniques", a déclaré
le ministre.
Londres n'a pas reçu de confirmation officielle mais "saluerait
l'application par la Libye des résolutions de l'Onu",
a déclaré une porte-parole du Foreign Office.
"Evidemment, nous saluerions le fait que la Libye remplisse
les conditions posées par les résolutions du Conseil
de sécurité de l'Onu et nous attendons avec impatience
de reprendre notre dialogue avec les Libyens à la lumière
de ces commentaires", a-t-elle poursuivi.
Le ministre libyen des Affaires étrangères Abdel
Rahmane Chalgham a indiqué que le dédommagement
des familles de victimes devait intervenir rapidement, affirmant
que "des hommes d'affaires libyens et autres ont effectivement
ouvert un fonds de dédommagement".
"J'espère que les dédommagements seront payés
le plus rapidement possible, peut-être au cours des semaines
qui viennent", a ajouté le ministre en proposant que
chaque famille de victimes reçoive 10 millions de dollars.
Il a indiqué que ces dédommagements pourraient
être effectués en trois étapes, à condition
que les sanctions imposées à son pays par l'Onu
soient levées immédiatement après le premier
paiement de 4 millions de dollars pour chaque victime, et que
celles imposées par les Etats-Unis soient levées
après le deuxième paiement, également fixé
à 4 millions par victime.
Après le troisième paiement, de 2 millions de dollars,
Tripoli exigerait d'être effacée de la liste américaine
des pays soutenant le terrorisme, selon la proposition détaillée
par M. Chalgham.
Le 12 mars, des responsables américains avaient annoncé
que la Libye avait accepté de prendre une part de responsabilité,
même limitée, dans l'attentat de Lockerbie (pour
lequel la justice écossaise a condamné un ancien
agent secret libyen à la prison à vie), ce qu'elle
avait jusque-là refusé, et de verser 2,7 milliards
de dollars de dommages-intérêts aux familles des
victimes, comme elle l'avait déjà proposé.
"Les réunions politiques (entre Libyens, Américains
et Britanniques) n'ont abordé que le principe de payer
des dommages" aux familles des victimes, avait cependant
déclaré l'ambassadeur de Libye à Londres,
Mohammed Al-Zouay.
Les responsables américains avaient en outre souligné
que l'annonce d'un accord, qui permettrait de lever les sanctions
des Etats-Unis et de l'Onu contre Tripoli, n'était pas
imminente, en dépit des progrès réalisés
lors des négociations de mardi.
L'attentat perpétré le 21 décembre 1988
au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, avait fait 270 morts: les 259
personnes à bord de l'avion de la PanAm qui avait explosé,
et 11 habitants du village.
|