WASHINGTON (Reuters) - Les Etats-Unis n'ont pas reconnu comme "officielles" mercredi les déclarations libyennes annonçant
que Tripoli acceptait sa responsabilité civile dans l'attentat de Lockerbie en 1988 et commençait à approvisionner un fonds
d'indemnisation des familles des victimes.
Ces propos, tenus par le ministre des Affaires étrangères Mohammed Abderrahmane Chalgam, ont été jugés insuffisants par le
coordonnateur du département d'Etat pour les affaires de contre-terrorisme, Cofer Black.
"L'important est que la Libye remplisse les exigences de l'Onu (...), ce n'est pas ce que ses responsables peuvent dire à la presse",
a-t-il souligné.
Mais il n'a pas précisé sous quelle forme Washington exigeait la reconnaissance de responsabilité de Tripoli. "La Libye sait ce
qu'elle doit faire et il n'y a pas de raccourcis", a-t-il déclaré.
Les Etats-Unis demandent à Tripoli d'accepter sa responsabilité, en versant les indemnisations pour l'explosion en vol d'un Boeing
de la Pan Am au-dessus du village écossais de Lockerbie qui fit 270 morts dont 259 passagers, pour la plupart américains. En échange,
il a été promis à la Libye que le processus visant à lever les sanctions décrétées à son encontre par l'Onu serait activé.
"Nous avons pris notre responsabilité sur la base de la loi internationale selon laquelle un Etat prend sa responsabilité pour les
actes commis par ses employés", a dit Chalgam.
Un agent libyen, Abdel Basset al-Megrahi, a été condamné pour l'attentat par un tribunal spécial écossais siégeant aux Pays-Bas.
A Paris, l'association des "familles de l'attentat du DC10 UTA en colère" s'est réjouie de l'apparent aboutissement de la procédure
de Lockerbie tout en s'indignant de la différence de traitement entre les deux dossiers.
La Libye s'est en effet engagée à verser 10 millions de dollars d'indemnité à chaque victime de l'attentat de Lockerbie alors que
celles du DC10 UTA ne toucheront au maxmimum que 30.000 euros au titre du préjudice moral, souligne-t-elle dans un communiqué.
"Cette différence est inacceptable et les familles des victimes de l'attentat du DC10 UTA ne l'accepteront pas. Tuer un Américain
ou un Anglais est-il plus dangereux pour un terroriste que tuer quelqu'un d'une autre nationalité ?", demande l'association.
Elle souligne que les familles de l'attentat de Lockerbie, lors d'un procès
contradictoire, ont obtenu la reconnaissance des faits, contrairement
aux familles françaises qui ont dû se contenter d'un procès par
contumace.
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