victimes attentat

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(Samedi 3 mai 2003)

Attentats libyens : deux poids, deux mesures

Chacune des familles des victimes de l'attentat de Lockerbie va recevoir 10 millions de dollars. Celles de l'attentat du DC 10 d'UTA attendent toujours.

NANCY. L'annonce du versement par la Libye d'une indemnité de 10 millions de dollars par victime de l'attentat de Lockerbie fait réagir les familles des victimes de l'attentat du DC 10 d'UTA qui, le 19 septembre 1989, avait fait 170 morts de 17 nationalités au-dessus du désert du Ténéré.

Membres pour la plupart de SOS Attentats, présidée par Françoise Rudetzki, 480 personnes, représentant 83 victimes, se sont regroupées, pour l'occasion, autour de Guillaume Denoix de Saint-Marc qui a perdu son père dans le crash, pour dire leur émoi face à ce traitement par trop inégal d'un semblable acte criminel.

Dix millions de dollars d'indemnités par victime quand une bombe frappe un avion américain et seulement de 3 à 30.000 euros pour la famille des victimes quand l'avion est français : « Cette différence est inacceptable ».

Mais, au-delà du montant des indemnités, les familles n'arrivent pas à faire leur deuil, dans la mesure où les coupables courent toujours et ont même eu droit à des remerciements sous forme de maisons de la part des autorités libyennes.

La Nancéienne Françoise Tenenbaum, soeur de Jean-Pierre Klein, qui avait trouvé la mort dans le DC 10, rappelle qu'un procès a eu lieu par contumace. « La Libye a bien été reconnue comme commanditaire et nous avons été autorisés à poursuivre Kadhafi. Or, le 13 mars 2001, la Cour de cassation a annulé la décision de justice, en raison de l'immunité présidentielle protégeant le chef de l'état libyen. SOS Attentats a engagé une action devant la Cour européenne des Droits de l'Homme, mais on risque d'attendre encore longtemps. »Françoise Tenenbaum souligne aussi : « Dans cet attentat, c'est l'Etat français qui était visé. Or, si les ministres participent bien aux commémorations, on ne se sent pas soutenus. Nous avons d'ailleurs violemment réagi, en octobre 2002, à la suite de la réception par le ministre français des Affaires étrangères de hauts dignitaires libyens ».

A ce jour, dans l'attentat du DC 10, seules ont été indemnisées les familles des victimes qui se sont porté partie civile au regard du droit français.

Un pays d'Afrique noire a reçu de l'argent de la Libye pour le transmettre aux familles de ses nationaux, mais les sommes n'ont toujours pas été perçues par les ayants droit.

D. H.