Une manifestation s'est déroulée,
hier, à Paris, devant l'ambassade de Libye. Une quarantaine
d'hommes et de femmes venus rappeler que 170 personnes ont été
tuées, le 19 septembre 1989, dans l'attentat perpétré
contre le DC 10 d'UTA, au-dessus du désert du Ténéré.
Françoise Tenenbaum, commerçante à Nancy, avait
un frère, Jean-Pierre Klein, parmi les victimes.
-Pourquoi cette manifestation,
hier, à Paris ?
- Ma soeur et ma mère faisaient partie des manifestants.
Personne ne les a évidemment reçus à l'ambassade
de Libye. Chaque famille montrait la photo d'une victime. Mon frère
Jean-Pierre avait 30 ans. Il était comédien et metteur
en scène. Il revenait de Brazzaville. La troupe avec laquelle
il travaillait avait pris l'avion la veille. Lui a suivi le lendemain.
Ma mère et ma soeur ont manifesté pour montrer qu'on
n'oublie pas ! Qu'on n'est pas prêt d'arrêter. C'est
le seul pouvoir dont on dispose. Il faut continuer à faire
pression sur la Libye, pays qui a été clairement défini
comme étant le responsable de l'attentat. Deux associations
y travaillent en parallèle : SOS Attentats, qui regroupe
toutes les familles de victimes d'attentats, et les familles du
DC 10 d'UTA, dont je fais partie.
- Pourquoi la manifestation a-t-elle eu
lieu précisément hier ?
- Parce qu'à chaque fois qu'on parle de
la Libye, on se rappelle à leur bon souvenir. Des contacts
doivent avoir lieu très prochainement entre le ministre français
des Affaires Etrangères et le gouvernement libyen. Nous ne
voulons pas être oubliés. Nous ne voulons pas qu'on
sacrifie les victimes du DC 10 sur l'autel de la normalisation des
relations entre la France et la Libye. Une délégation
des familles du DC 10 d'UTA a été reçue vendredi
au Quai d'Orsay. Mais rien n'a encore été fait ! Quatorze
ans après, rien n'a évolué...
- Que demandez-vous ?
- Qu'il n'y ait pas deux poids, deux mesures. Car
l'Angleterre et les Etats-Unis ont réussi à obtenir
un vrai procès contre les auteurs de l'attentat perpétré
en 1988 contre le Boeing 747 de la Pan Am, au-dessus de Lockerbie.
Avec de vraies indemnisations pour les familles des victimes. Tandis
que les familles des victimes du DC 10 d'UTA n'ont eu qu'un procès
par contumace. Certaines ayant touché des indemnités
très légères. D'autres n'ayant rien eu du tout.
Alors, on essaye, entre autres choses, d'attraper Kadhafi, qui est
à l'origine de l'attentat. Ca été impossible
au niveau français. On tente d'y parvenir au niveau européen.
Par une procédure judiciaire en cours depuis deux ans. Et
en rappelant qu'on est toujours là. Qu'on n'oublie pas...
Propos recueillis par Philippe
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