WASHINGTON (AFP) - La Libye semble finalement prête à
reconnaître sa responsabilité dans l'attentat de
Lockerbie en 1988 et un accord pourrait intervenir dès
le début de la semaine prochaine si un arrangement est
trouvé avec les familles des victimes sur le montant des
indemnités, ont indiqué mercredi des responsables
américains.
Selon ces sources qui ont requis l'anonymat, la Libye pourrait
informer le Conseil de sécurité de l'Onu le 14 août
de sa responsabilité dans l'explosion d'un boeing de la
Panam, au dessus du village écossais de Lockerbie qui avait
fait 270 victimes.
Cette date pourrait être modifiée compte tenu des
événements, ont-ils précisé.
"Le 14 août est la date envisagée, mais comme
ces choses ont déjà échoué par le
passé, on verra bien", a dit l'un d'entre eux à
l'AFP.
La reconnaissance par la Libye de sa responsabilité dans
l'attentat pourrait intervenir après la signature d'un
accord sur le versement de 2,7 milliards de dollars d'indemnités
aux familles des victimes, a indiqué pour sa part mercredi
le Washington Post.
Glenn Johnson, président de l'association des familles
des victimes du vol 103 de la PanAm, a précisé que
l'accord définitif pour le versement des indemnités
sur un compte bloqué à la Banque des règlements
internationaux (BRI), devrait être signé le 14 août
après des négociations cette semaine à Londres.
Les Libyens auront ensuite un délai de 30 jours pour déposer
un premier acompte, après quoi ils pourront formellement
notifier au Conseil de sécurité qu'ils reconnaissent
leur responsabilité dans l'attentat, a précisé
M. Johnson, interrogé par l'AFP.
"Il semble que les Libyens qui avaient trainé des
pieds pendant des années veulent soudain accélérer
les choses. Il est possible que tout soit réglé
le 14 août", a ajouté M. Johnson.
Les espoirs de règlement s'étaient évanouis
à plusieurs reprises jusqu'en mars dernier quand le ministre
libyen des Affaires étrangères Abdel Rahmane Chalgham
avait reconnu la responsabilité civile de son pays dans
l'attentat.
Dans une interview diffusée dimanche par la télévision
américaine ABC, le colonel Mouammar Kadhafi a affirmé
que l'affaire était "proche de sa conclusion".
"Les experts ont trouvé une formule mais je n'en ai
pas les détails", a-t-il dit.
Si l'accord se fait et que la Libye reconnaît sa responsabilité,
l'Onu pourrait accepter de lever les sanctions économiques
à son encontre et Tripoli entamerait des négociations
avec Washington pour obtenir la levée des sanctions américaines.
Les responsables américains restent toutefois prudents
sur la suite des événements. "Nous avons nos
propres critères pour déterminer (la levée
des sanctions)", a souligné un responsable. "Nous
suivons le schéma mais nous ne sommes certainement pas
liés par lui".
Selon le projet d'accord, les dédommagements interviendraient
en trois étapes, à condition que les sanctions de
l'Onu soient levées immédiatement après le
premier paiement de 4 millions de dollars par victime, et que
celles des Etats-Unis soient levées après un deuxième
paiement identique.
Après le troisième paiement, de 2 millions de dollars
par victime, Tripoli exigerait d'être effacée de
la liste américaine des pays soutenant le terrorisme.
Les sanctions de l'Onu ont été suspendues, mais
non abandonnées, après la livraison par la Libye
à un tribunal spécial écossais siégeant
aux Pays-Bas de deux de ses ressortissants considérés
comme les auteurs de l'attentat.
En janvier 2001, un des Libyens a été condamné
à la prison à vie et son co-accusé acquitté.
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