Selon des avocats ayant
participé aux négociations, la Libye reconnaîtrait
sa responsabilité tout de suite après avoir signé
un accord sur le versement de 2,7 milliards de dollars d'indemnités
aux familles des victimes, soit dix millions de dollars par famille.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Libye se sont entendus
sur un projet d'indemnisation des familles des victimes de l'attentat
de Lockerbie, en 1988, ainsi que sur une reconnaissance par Tripoli
de sa responsabilité, a-t-on appris mardi 12 août de
source diplomatique. Selon cet accord, qui devrait être annoncé
cette semaine aux Nations unies, la Libye a accepté d'adresser
une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU dans laquelle
elle admettra qu'elle a organisé l'attaque contre le Boeing
747 de la PanAm qui avait explosé au-dessus du village écossais
de Lockerbie le 21 décembre 1988, tuant 259 personnes à
bord et 11 autres au sol.
"Selon mes informations, il y a accord sur les termes
et il ne reste plus que des détails pratiques pour aboutir
à un règlement", a déclaré
une source diplomatique interrogée par l'AFP. A plusieurs
reprises par le passé, un accord avait semblé imminent,
avant de s'évanouir, mais cette fois "on est assez
tranquille" que le processus aboutira, a affirmé
une autre personnalité.
Le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé
du Proche-Orient, William Burns, devrait rentrer à Washington
mercredi, après un déplacement au Proche-Orient,
et informer les familles des victimes ainsi que le Congrès
américain. Interrogé, le département d'Etat
s'est borné à confirmer le retour de M. Burns sans
donner d'indication supplémentaire sur son emploi du temps.
L'accord ne sera pas formellement annoncé avant que les
familles soient informées, selon des responsables s'exprimant
sous le couvert de l'anonymat.
DIX MILLIONS DE DOLLARS PAR FAMILLE
Les dernières difficultés semblent avoir été
levées lors d'une réunion organisée lundi
à Londres entre diplomates américains, britanniques
et libyens.
Bien que le département d'Etat n'ait pas officiellement
confirmé l'accord, son porte-parole adjoint, Philip Reeker,
a fait écho à l'optimisme exprimé lundi par
le secrétaire d'Etat, Colin Powell. "Nous pensons
que nous approchons d'un règlement", a-t-il dit,
en exprimant la satisfaction américaine devant les "progrès"
accomplis.
La semaine dernière, des responsables américains
avaient indiqué que la Libye pourrait accepter sa responsabilité
dans l'attentat de Lockerbie dès jeudi 14 août, dans
une lettre au Conseil de sécurité. Le dirigeant
libyen Mouammar Kadhafi a lui-même déclaré
à plusieurs médias américains que le dossier
était "sur le point d'être clos", tandis
que des avocats des familles des victimes ont prévenu leurs
clients de l'imminence d'un accord.
Selon des avocats ayant participé aux négociations,
la Libye reconnaîtrait sa responsabilité tout de
suite après avoir signé un accord sur le versement
de 2,7 milliards de dollars d'indemnités aux familles des
victimes, soit dix millions de dollars par famille, payés
au fur et à mesure de la réintégration de
la Libye dans la communauté internationale.
Quatre millions de dollars seraient versés à chaque
famille à la levée des sanctions de l'ONU, quatre
millions supplémentaires à la levée des sanctions
américaines, et les deux derniers millions quand la Libye
ne figurera plus sur la liste américaine des Etats soutenant
le terrorisme.
Les sanctions de l'ONU ont été suspendues, mais
non abandonnées, après la livraison par la Libye
à un tribunal spécial écossais siégeant
aux Pays-Bas de deux de ses ressortissants considérés
comme les auteurs de l'attentat ; en janvier 2001, un des Libyens
avait été condamné à la prison à
vie et son co-accusé, acquitté.
|