Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Libye se seraient mis
d'accord, lundi 11 août à Londres, sur un projet
d'indemnisation des familles des victimes de l'attentat de Lockerbie,
en 1988, selon des sources diplomatiques concordantes. Des détails
pratiques resteraient à régler, mais l'accord devrait
être annoncé cette semaine aux Nations unies après
que les familles des victimes en auront été informées.
Selon cet accord, les autorités libyennes devraient adresser,
d'ici la fin de la semaine, une lettre au Conseil de sécurité
dans laquelle elles admettraient avoir organisé l'attaque
contre le vol 103 de la Pan Am : le Boeing 747 avait explosé
au-dessus du village écossais de Lockerbie, le 21 décembre
1988, tuant 259 personnes à bord et 11 autres au sol. Selon
le Financial Times du mercredi 13 août, la Libye s'engagerait
en outre à renoncer à soutenir le terrorisme.
Tripoli verserait 2,7 milliards de dollars d'indemnités
aux familles des victimes, soit 10 millions de dollars par famille,
versés au fur et à mesure de la réintégration
de la Libye dans la communauté internationale. D'après
le quotidien britannique, la somme serait déposée
sur un compte bloqué en Suisse à la Banque pour
les règlements internationaux. Quatre millions de dollars
seraient remis à chaque famille à la levée
des sanctions de l'ONU, 4 millions supplémentaires à
la levée des sanctions américaines, et 2 millions
quand la Libye ne figurera plus sur la liste américaine
des Etats soutenant le terrorisme.
SANCTIONS SUSPENDUES
L'accord mènerait à la levée formelle des
sanctions que les Nations unies ont adopté en 1992 et 1993
- embargo aérien et terrestre, interdiction de vendre certains
équipements pétroliers - afin de pousser Tripoli
à extrader deux Libyens soupçonnés d'être
impliqués dans l'attentat. Ces sanctions ont été
suspendues en avril 1999, mais non abandonnées, après
la livraison par la Libye des deux suspects à un tribunal
spécial écossais siégeant aux Pays-Bas. Abdel
Basset Al-Megrahi, agent des services de renseignement libyens,
avait été condamné en janvier 2001 à
la prison à vie et son coaccusé acquitté.
L'accord présumé de Londres n'est pas à proprement
parler une surprise. "Nous sommes proches d'un règlement",
déclarait, lundi, le secrétaire d'Etat américain,
Colin Powell. La semaine dernière déjà, des
responsables américains avaient indiqué que Tripoli
pourrait accepter sa responsabilité dans l'attentat, dès
jeudi 14 août, dans une lettre au Conseil de sécurité.
Le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, a déclaré,
ces derniers jours, au magazine Time puis à la chaîne
américaine ABC, que le dossier était "sur le
point d'être clos", tandis que les avocats des familles
prévenaient leurs clients de l'imminence d'un accord.
En France, à l'annonce d'un éventuel règlement
du dossier Lockerbie, l'association SOS Attentats, qui défend
les familles des victimes du vol UTA 772 - qui a explosé
au-dessus du désert du Ténéré, le
10 septembre 1989 - a réagi en appelant les autorités
françaises à "obtenir du gouvernement libyen
le versement d'indemnités comparables". Cent soixante-dix
personnes avaient été tuées à bord
de l'avion, qui avait décollé de Brazzaville à
destination de Paris. -
(FT, AFP, Reuters.)
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 14.08.03
|