Luc de Barochez La
Libye et les familles des victimes de l'attentat de Lockerbie
ont signé avant-hier à Londres un accord prévoyant
le versement conditionnel par Tripoli d'indemnités s'élevant
au total à 2,7 milliards de dollars (1 dollar vaut 0,9
euro). La Libye de Mouammar Kadhafi s'engage à reconnaître
sa responsabilité dans l'attentat, qui a fait 270 morts
le 21 décembre 1988. Une bombe avait détruit en
vol un Boeing 747 de la PanAm au-dessus du village de Lockerbie
en Écosse. Les 259 personnes à bord avaient été
tuées. Onze autres personnes étaient mortes au sol,
fauchées par la chute de l'épave en feu.
Le montant des indemnités correspond à
10 millions de dollars par famille. La somme doit être partagée
entre les ayants droit, selon une clé de répartition
dépendant du lien de parenté, et après déduction
des honoraires d'avocats et autres retenues obligatoires.
Le versement des paiements reste cependant conditionné
à la satisfaction d'un certain nombre de revendications
libyennes. Le montant total doit être viré dans les
jours qui viennent par Tripoli sur un compte séquestre
de la Banque des règlements internationaux. Ensuite, chaque
famille recevra un premier versement de 4 millions de dollars,
une fois que les sanctions imposées par l'ONU en 1992 à
la Libye auront été abrogées.
Un second versement de 4 millions de dollars
dépendra de la levée des sanctions unilatérales
américaines contre ce pays. Un troisième et dernier
versement de 2 millions de dollars sera effectué lorsque
la Libye aura été rayée de la liste américaine
des pays accusés de soutenir le terrorisme. Si jamais les
États-Unis ne prenaient pas, dans un délai de huit
mois, ces deux dernières mesures, l'accord prévoit
que les deux derniers versements seraient remplacés par
un seul paiement limité à 1 million de dollars par
famille.
Les ayants droit des victimes ont réservé
un accueil mitigé à l'accord. Certains ont critiqué
le fait que le régime de Mouammar Kadhafi, convaincu de
soutien actif au terrorisme international, s'en sorte sans dommage.
D'autres ont mis en doute le fait que la reconnaissance par la
Libye de sa responsabilité dans l'attentat soit claire
et nette.
Tripoli doit faire parvenir au Conseil de sécurité
de l'ONU, dans les jours qui viennent, une lettre admettant avoir
trempé dans le crime. Elle aurait reçu des assurances
que cet aveu ne l'exposerait pas à des poursuites ultérieures.
La lettre libyenne doit ouvrir la voie à la levée
des sanctions onusiennes. Imposées en 1992, elles ont été
suspendues sept ans plus tard, lorsque Tripoli a accepté
de livrer deux suspects à la justice écossaise.
Elles restent cependant officiellement en vigueur.La France, qui
dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité,
a fait savoir qu'elle s'opposerait à l'abrogation des sanctions,
tant que les familles des victimes d'un attentat contre un avion
de ligne français en 1989 n'auront pas été
indemnisées correctement.
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