victimes attentat

(Samedi 16 août 2003 14h51)

Vol UTA 772 : Paris réclame une meilleure indemnisation à la Libye

PARIS (AFP) - La France tentait toujours d'obtenir samedi de la Libye une hausse des dédommagements des familles des victimes de l'attentat contre le vol UTA 772, avant la présentation d'un projet de résolution à l'Onu sur la levée des sanctions contre Tripoli contre lequel elle pourrait user de son droit de veto.

Des "contacts se poursuivent avec nos partenaires concernés", a-t-on indiqué samedi au ministère des Affaires étrangères, sans autre commentaire. Ces contacts de Paris avec la Libye, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, entamés depuis plusieurs jours, se poursuivent alors que la Libye a reconnu officiellement vendredi dans une lettre à l'Onu sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie en 1988 qui a fait 270 morts, ouvrant la voie à une levée des sanctions pesant contre elle.

La Grand-Bretagne a aussitôt annoncé qu'elle déposerait lundi à l'Onu un projet de résolution levant définitivement ces sanctions, mais Paris veut obtenir auparavant une augmentation par Tripoli des indemnités pour les ayants droits des victimes de l'attentat perpétré en 1989 contre le vol UTA 772 reliant Brazzaville à Paris et qui a explosé au-dessus du Niger, faisant 170 tués. "La lettre dans laquelle la Libye reconnaît sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie a été remise au président du Conseil de sécurité de l'Onu", a annoncé l'ambassadeur britannique à l'Onu, Emyr Jones-Parry. Selon lui, la missive "établit clairement que la Libye remplit les conditions préalables à la levée des sanctions prises par le Conseil de sécurité".

Le diplomate britannique a précisé qu'il déposerait lundi à l'Onu un projet de résolution levant définitivement les sanctions prises par l'Onu contre la Libye après l'attentat. Il a espéré un vote "très bientôt". Après cette reconnaissance de responsabilité, les Etats-Unis "ne s'opposeront pas à la levée des sanctions" de l'Onu, a annoncé la Maison Blanche.

Depuis le 7 août, Paris tente d'obtenir un traitement financier équitable entre les ayants droits des familles des deux attentats. "Les indemnités versées dans l'affaire Uta doivent être jugées en équité par rapport aux compensations que recevront les ayant-droits des victimes de Lockerbie", a fait valoir jeudi 13 août le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Hervé Ladsous.

"Le maître-mot dans cette affaire est bien: +équité+"
, indique une source proche du dossier. Paris, sans jamais prononcer le mot veto, dit très clairement que cette "équité" "est une "condition indispensable à la levée des sanctions contre la Libye que la France appelle de ses voeux". Une attitude qualifiée vendredi de "chantage" par le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdel Ramane Chalgham. "La France essaie d'exercer une politique de pression et de chantage et nous n'accepterons jamais cela", a-t-il déclaré, au cours d'une visite à N'Djamena.


Des responsables américains, sous couvert de l'anonymat, ont également parlé de "chantage" de la France, et des familles de victimes américaines de l'attentat de Lockerbie, ont accusé Paris d'avoir une "conduite honteuse". Des progrès semblent cependant avoir été réalisés dans les discussions avec Tripoli. Ainsi, le collectif des familles des victimes de l'attentat contre le vol UTA 772 est en négociation directe depuis quelques jours avec Tripoli, selon son porte-parole Guillaume de Saint-Marc.

L'accord sur Lockerbie prévoit 10 millions de dollars pour chaque famille de victime. Comparativement, le règlement de l'attentat du vol Uta 772 apparaît dérisoire. Après un procès en 1999 au cours duquel six Libyens avaient été condamnés par contumace par un tribunal parisien, la Libye s'était engagée à payer 35 millions de dollars, soit entre 3.000 et 30.000 euros pour chacune des parties civiles, qui sont au nombre de 313.

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