Des "contacts
se poursuivent avec nos partenaires concernés",
a-t-on indiqué samedi au ministère des Affaires
étrangères, sans autre commentaire. Ces contacts
de Paris avec la Libye, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne,
entamés depuis plusieurs jours, se poursuivent alors que
la Libye a reconnu officiellement vendredi dans une lettre à
l'Onu sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie en
1988 qui a fait 270 morts, ouvrant la voie à une levée
des sanctions pesant contre elle.
La Grand-Bretagne a aussitôt annoncé qu'elle déposerait
lundi à l'Onu un projet de résolution levant définitivement
ces sanctions, mais Paris veut obtenir auparavant une augmentation
par Tripoli des indemnités pour les ayants droits des victimes
de l'attentat perpétré en 1989 contre le vol UTA
772 reliant Brazzaville à Paris et qui a explosé
au-dessus du Niger, faisant 170 tués. "La lettre
dans laquelle la Libye reconnaît sa responsabilité
dans l'attentat de Lockerbie a été remise au président
du Conseil de sécurité de l'Onu", a annoncé
l'ambassadeur britannique à l'Onu, Emyr Jones-Parry. Selon
lui, la missive "établit clairement que la Libye
remplit les conditions préalables à la levée
des sanctions prises par le Conseil de sécurité".
Le diplomate britannique a précisé qu'il déposerait
lundi à l'Onu un projet de résolution levant définitivement
les sanctions prises par l'Onu contre la Libye après l'attentat.
Il a espéré un vote "très bientôt".
Après cette reconnaissance de responsabilité, les
Etats-Unis "ne s'opposeront pas à la levée
des sanctions" de l'Onu, a annoncé la Maison
Blanche.
Depuis le 7 août, Paris tente d'obtenir un traitement financier
équitable entre les ayants droits des familles des deux
attentats. "Les indemnités versées dans
l'affaire Uta doivent être jugées en équité
par rapport aux compensations que recevront les ayant-droits des
victimes de Lockerbie", a fait valoir jeudi 13 août
le porte-parole du ministère français des Affaires
étrangères, Hervé Ladsous.
"Le maître-mot dans cette affaire est bien: +équité+",
indique une source proche du dossier. Paris, sans jamais prononcer
le mot veto, dit très clairement que cette "équité"
"est une "condition indispensable à la levée
des sanctions contre la Libye que la France appelle de ses voeux".
Une attitude qualifiée vendredi de "chantage"
par le ministre libyen des Affaires étrangères,
Abdel Ramane Chalgham. "La France essaie d'exercer une politique
de pression et de chantage et nous n'accepterons jamais cela",
a-t-il déclaré, au cours d'une visite à N'Djamena.
Des responsables américains, sous couvert de l'anonymat,
ont également parlé de "chantage"
de la France, et des familles de victimes américaines de
l'attentat de Lockerbie, ont accusé Paris d'avoir une "conduite
honteuse". Des progrès semblent cependant avoir
été réalisés dans les discussions
avec Tripoli. Ainsi, le collectif des familles des victimes de
l'attentat contre le vol UTA 772 est en négociation directe
depuis quelques jours avec Tripoli, selon son porte-parole Guillaume
de Saint-Marc.
L'accord sur Lockerbie prévoit 10 millions de dollars pour
chaque famille de victime. Comparativement, le règlement
de l'attentat du vol Uta 772 apparaît dérisoire.
Après un procès en 1999 au cours duquel six Libyens
avaient été condamnés par contumace par un
tribunal parisien, la Libye s'était engagée à
payer 35 millions de dollars, soit entre 3.000 et 30.000 euros
pour chacune des parties civiles, qui sont au nombre de 313.
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