victimes attentat

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(Samedi 16 août 2003)

Londres prépare la levée des sanctions contre la Libye
Tripoli s'engage à indemniser les familles des victimes dans une lettre au Conseil de sécurité.

La grande-Bretagne et les Etats-Unis suivent à la lettre le calendrier qu'ils se sont fixé lundi pour le règlement du contentieux Lockerbie avec la Libye. Et cela malgré les appels de la France à retarder le vote d'une résolution sur la levée des sanctions contre Tripoli pour trouver elle-même un accord sur l'indemnisation des victimes du DC-10 d'UTA.

Le chargé d'affaires libyen, Ahmed Own, le représentant britannique à l'ONU Emyr Jones Parry et le diplomate américain Gordon Olson ont ainsi remis vendredi 15 août à la présidence du Conseil de sécurité deux lettres distinctes. Dans la première, la Libye affirme "avoir organisé le paiement d'une compensation appropriée -pour les familles des victimes de Lockerbie-", et précise qu'"à cette fin, des instructions ont été émises pour transférer dans les jours à venir la somme nécessaire". Londres et Washington promettent dans la seconde lettre d'"autoriser la levée des sanctions imposées en 1992 et 1993 par le Conseil de sécurité, une fois que la somme nécessaire évoquée dans la lettre libyenne aura été déposée". Le montant de ces indemnités n'est pas précisé.

La lettre de Tripoli "marque le retour de la Libye dans la communauté internationale (...). Elle a répondu à toutes les exigences du Conseil de sécurité sur Lockerbie. Nous sommes donc favorables à la levée des sanctions par l'ONU", a annoncé, samedi, le ministre délégué au Foreign Office Denis McShane.
Auparavant, le représentant britannique à l'ONU, Emyr Jones Parry, avait déjà indiqué qu'il déposerait lundi un projet de résolution levant définitivement les sanctions, et qu'il espérait qu'un vote intervienne "très bientôt". La Maison Blanche a de son côté fait savoir qu'elle ne s'opposerait pas "à la levée des sanctions contre la Libye". Aux Nations unies, on attend également un dénouement rapide. "J'espère qu'un vote pourra intervenir la semaine prochaine", a déclaré le président du Conseil de sécurité. Quant à un éventuel veto français lors du vote, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a lancé qu'il serait "surpris si cela allait aussi loin".

Pourtant, côté français, la colère monte. "Les Américains et les Anglais nous prennent en otage alors que nous sommes sur le point de faire signer à la Libye un document sur une réévaluation de nos indemnités", a regretté Guillaume de Saint-Marc, porte-parole d'un collectif de familles de victimes du DC-10 d'UTA qui, sous l'égide du Quai d'Orsay, négocie avec Tripoli. "A croire qu'ils veulent vraiment que la France mette son veto."

Yann Laurent

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 17.08.03

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