La grande-Bretagne et les Etats-Unis
suivent à la lettre le calendrier qu'ils se sont fixé
lundi pour le règlement du contentieux Lockerbie avec la
Libye. Et cela malgré les appels de la France à
retarder le vote d'une résolution sur la levée des
sanctions contre Tripoli pour trouver elle-même un accord
sur l'indemnisation des victimes du DC-10 d'UTA.
Le chargé d'affaires libyen, Ahmed Own, le représentant
britannique à l'ONU Emyr Jones Parry et le diplomate américain
Gordon Olson ont ainsi remis vendredi 15 août à
la présidence du Conseil de sécurité deux
lettres distinctes. Dans la première, la Libye affirme
"avoir organisé le paiement d'une compensation
appropriée -pour les familles des victimes de Lockerbie-",
et précise qu'"à cette fin, des instructions
ont été émises pour transférer dans
les jours à venir la somme nécessaire".
Londres et Washington promettent dans la seconde lettre d'"autoriser
la levée des sanctions imposées en 1992 et
1993 par le Conseil de sécurité, une fois que la
somme nécessaire évoquée dans la lettre libyenne
aura été déposée". Le montant
de ces indemnités n'est pas précisé.
La lettre de Tripoli "marque le retour de la Libye dans
la communauté internationale (...). Elle a répondu
à toutes les exigences du Conseil de sécurité
sur Lockerbie. Nous sommes donc favorables à la levée
des sanctions par l'ONU", a annoncé, samedi,
le ministre délégué au Foreign Office Denis
McShane.
Auparavant, le représentant britannique à l'ONU,
Emyr Jones Parry, avait déjà indiqué qu'il
déposerait lundi un projet de résolution levant
définitivement les sanctions, et qu'il espérait
qu'un vote intervienne "très bientôt".
La Maison Blanche a de son côté fait savoir qu'elle
ne s'opposerait pas "à la levée des sanctions
contre la Libye". Aux Nations unies, on attend également
un dénouement rapide. "J'espère qu'un vote
pourra intervenir la semaine prochaine", a déclaré
le président du Conseil de sécurité. Quant
à un éventuel veto français lors du vote,
le secrétaire général des Nations unies,
Kofi Annan, a lancé qu'il serait "surpris
si cela allait aussi loin".
Pourtant, côté français, la colère
monte. "Les Américains et les Anglais nous prennent
en otage alors que nous sommes sur le point de faire signer à
la Libye un document sur une réévaluation de nos
indemnités", a regretté Guillaume de Saint-Marc,
porte-parole d'un collectif de familles de victimes du DC-10 d'UTA
qui, sous l'égide du Quai d'Orsay, négocie avec
Tripoli. "A croire qu'ils veulent vraiment que la France
mette son veto."
Yann Laurent
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 17.08.03
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