PARIS (AP) - Les familles
des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, qui a fait 170
morts au-dessus du Niger en 1989, ont démenti dimanche
qu'un "accord" ait été conclu avec la
Libye pour la compensation des ayants droit et réclamé
une "solidarité internationale" pour résoudre
définitivement ce dossier, en même temps que celui
de l'attentat de Lockerbie (270 morts en 1988).
"Nous sommes choqués par le fait qu'on dise qu'il
y a eu accord avec les familles", a déclaré
dimanche à l'Associated Press Guillaume Denoix de Saint
Marc, porte-parole du collectif "Les familles du DC-10 UTA
en colère!".
Pour M. De Saint Marc, fils d'une victime et représentant
de 95 familles, on ne peut pour l'heure parler que des "conséquences"
du procès par contumace en 1999 devant la cour d'assises
de Paris, qui a entraîné au pénal la condamnation
à perpétuité de six hauts responsables libyens
et, au civil, le versement aux parties civiles (soit 313 ayants
droit sur un total estimé à 1.500) des sommes allant
de 3.000 à 30.000 euros, selon le lien de parenté,
au titre du préjudice moral.
"Le total de ces sommes représente 11 millions d'euros,
ce qui est approximativement ce que doit toucher une seule famille
de Lockerbie", a observé M. De Saint Marc, favorable
à un alignement des compensations en faveur des ayants
droit d'UTA.
Dans le contexte actuel, alors qu'un accord est intervenu entre
Tripoli et les familles de Lockerbie, "nous trouvons tout
à fait légitime que les sanctions contre la Libye
ne soit pas levées tant qu'une solution satisfaisante ne
sera pas trouvée pour les familles du DC-10, qui représentent
170 victimes de 17 nationalités différentes, parmi
lesquelles des Anglais, des Américains et des Français",
a fait valoir leur porte-parole.
"Vu que l'embargo concernait les deux attentats, on ne peut
pas demander la levée définitive de l'embargo",
a-t-il poursuivi en allusion à la résolution en
préparation aux Nations unies, contre laquelle la France
pourrait opposer son veto.
De son côté, parallèlement aux pressions exercées
par les autorités françaises pour obtenir un traitement
financier équitable du dossier, le collectif UTA mène
ses propres négociations avec la Libye.
"Nous sommes tout près d'obtenir un accord",
a assuré Guillaume Denoix de Saint Marc. "Je suis
en relation depuis un an et demi avec le fils de Kadhafi, Saïf
al-Islam, qui est à la tête de la Kadhafi Charity
Foundation (à l'origine de la libération des otages
de Jolo, NDLR) dans le but de trouver une solution honorable pour
les familles".
Au cours de ces discussions directes, qui se poursuivaient en
début de semaine, avant la reconnaissance de responsabilité
libyenne pour l'attentat de Lockerbie, "un texte commun a
été rédigé, pour lequel nous attendons
la validation de deux ou trois points et une signature",
a encore précisé le porte-parole du collectif UTA.
De fait, le collectif souhaite que les pays occidentaux concernés
fassent preuve de "solidarité" pour parvenir
à "conclure cet accord avant la mise au vote de la
résolution au Conseil de sécurité".
"Nous soutenons la volonté de la France d'opposer
son veto, mais nous souhaitons qu'on n'en arrive pas là",
souligne le porte-parole. "Dans le bénéfice
de tous, il serait intéressant qu'un accord soit trouvé,
ce qui permettrait, en toute sérénité, de
voter la résolution."
AP |