Le projet de résolution
britannique levant les sanctions imposées à la Libye
à la suite de l'attentat de Lockerbie a été
formellement déposé devant le Conseil de sécurité
lundi en fin de journée.
La France cherche à obtenir un accord "équitable"
avec la Libye, quatorze ans après l'attentat contre un
avion d'UTA, pour éviter de recourir à son droit
de veto aux Nations unies où la Grande-Bretagne a déposé
un projet de résolution attendu avec impatience par Tripoli.
Les autorités françaises ont multiplié les
contacts ce week-end et devraient en avoir d'autres dans les jours
qui viennent pour tenter d'arracher un accord avec la Libye "sur
des indemnités équitables par rapport à celles
que recevront les ayants droit des victimes de l'attentat de Lockerbie",
selon le ministère français des affaires étrangères.
La Libye vient de reconnaître sa responsabilité dans
l'attentat contre le Boeing de la PanAm qui avait explosé
en décembre 1988 au-dessus du village écossais de
Lockerbie, faisant 270 morts. Elle s'est engagée à
verser 2,7 milliards de dollars d'indemnités de dédommagement
aux victimes de cet attentat, soit beaucoup plus que ce qui a
été proposé pour les familles de victimes
de l'avion français, soit 35 millions de dollars. Cet attentat
contre un DC-10 de la compagnie UTA, un an après Lockerbie,
avait fait 170 morts.
En dépit du refus catégorique des autorités
libyennes, qui dénoncent un "chantage" de la
France, Paris "veut y croire". "A nos yeux, une
solution est possible", a-t-on assuré lundi de source
diplomatique. Le Quai d'Orsay apporte un soutien politique aux
négociations actuellement menées avec Tripoli par
un collectif de 97 familles des victimes du vol UTA 772, qui seraient
sur le point d'être finalisées. "Après
plusieurs réunions en juillet et en août, nous avons
abouti à un projet de document assez complet, mais il nous
faut encore une dernière réunion pour conclure l'accord
et signer. Cela pourrait être une question d'heures",
a affirmé lundi le porte-parole de ce collectif, Guillaume
Denoix de Saint-Marc.
LEVÉE DES SANCTIONS "AVEC EFFET IMMÉDIAT"
Le Quai d'Orsay mise sur cette dernière chance pour éviter
d'avoir recours à son droit de veto devant le Conseil de
sécurité de l'ONU, où Londres a déposé,
lundi en fin de journée, un projet de résolution
demandant la levée des sanctions pesant sur la Libye. Sur
ce point, la position de fermeté adoptée par la
France ces derniers jours n'a pas varié. Un accord "équitable"
est une "condition indispensable" avant toute levée
des sanctions, a rappelé lundi le porte-parole adjoint
du ministère français des affaires étrangères,
Mme Cécile Pozzo di Borgo.
Traditionnellement, un délai minimal de vingt-quatre heures
doit intervenir entre le dépôt officiel d'un projet
de résolution et sa mise au vote mais, si les auteurs du
texte l'acceptent, il peut être étendu, sans limitation
de durée, pour laisser la possibilité de régler
d'éventuels points de désaccord. De source diplomatique
à Paris, on estime que ce délai pourrait être
de quelques jours, suffisamment espère-t-on pour clore
définitivement les négociations ouvertes avec la
Libye.
Le projet de résolution britannique "est très
simple et direct, il ne laisse pas de place pour discuter du vocabulaire",
a indiqué un diplomate s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Selon l'AFP qui a obtenu une copie de ce texte, il serait en effet
très court. Son premier paragraphe lève "avec
effet immédiat" les sanctions prises contre la Libye,
le second dissout la commission mise en place pour surveiller
leur mise en œuvre et le troisième supprime officiellement
le sujet de l'agenda du Conseil.
Quant aux déclarations plutôt négatives rendues
publiques jusqu'à présent par la Libye, le Quai
d'Orsay n'y voit rien de définitif. "Nous considérons
que cela ne ferme pas la porte", assure-t-on de source diplomatique
à Paris.
Avec AFP
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