PARIS (Reuters)
- Guillaume Denoix de Saint-Marc, l'un des porte-parole des victimes
de l'attentat contre un DC-10 d'UTA en 1989, estime que l'accord
entre autorités américaines, britanniques et libyennes
sur l'indemnisation des victimes de l'attentat de Lockerbie compromet
le règlement d'indemnités supplémentaires
aux familles qu'il représente."Je crois que la position
(libyenne) est en train de se durcir", a-t-il déploré
dans un entretien téléphonique avec Reuters.
"Ce qui est affreux, c'est que les Américains et
les Britanniques sont en train de faire le jeu des Libyens. On
a l'impression que ça se joue sur fond de guerre en Irak
et de règlement de comptes", a poursuivi le porte-parole,
dont le père a été l'une des 170 victimes
de l'attentat contre le DC-10 qui a explosé au-dessus du
désert du Ténéré (Niger) le 19 septembre
1989. "Jusqu'à mardi dernier, on allait vers une solution
honorable pour tous (...) On est presque au bout de la négociation
(...) L'accord est sur la table et je pense qu'il peut être
signé assez rapidement s'il y a de la bonne volonté",
a-t-il souligné, ajoutant que cet accord comporterait des
volets financier et symbolique.
En début d'après-midi, le ministère des
Affaires étrangères s'est refusé à
tout commentaire sur l'état de ces négociations.
Le porte-parole du Quai d'Orsay s'est borné à rappeler
ses déclarations de la semaine dernière, dans lesquelles
il faisait état de "progrès importants".
Depuis février 2000, le porte-parole du collectif "Les
familles du DC-10 d'UTA en colère", qui représente
actuellement 97 familles, soit 680 parents de victimes, est en
pourparlers avec le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam.
Selon Guillaume Denoix de Saint-Marc, ce dernier a de l'influence
auprès de son père. Il a déjà participé
à des négociations internationales, notamment à
Jolo (Philippines), pendant la crise des otages occidentaux il
y a trois ans.
Dimanche, le ministre français des Affaires étrangères,
Dominique de Villepin, a souhaité "aboutir rapidement
à un accord équitable" avec la Libye sur l'indemnisation
des familles des victimes de l'attentat de 1989.Cependant, pour
les autorités libyennes, ce dossier est "définitivement
clos".
Tripoli a officiellement reconnu sa responsabilité dans
l'explosion du Boeing 747 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie,
en Ecosse, en décembre 1988. Les autorités libyennes
ont conclu dans la foulée un accord instaurant un fonds
de 2,7 milliards de dollars pour indemniser les familles des victimes.Washington
et Londres ont estimé que la Libye avait répondu
aux conditions nécessaires pour la levée définitive
des sanctions internationales imposées en 1992. Les autorités
britanniques doivent présenter lundi un projet de résolution
en ce sens devant les Nations unies. |