NATIONS UNIES (AP) - La France
a poursuivi lundi ses efforts pour obtenir une hausse des indemnités
accordées par la Libye aux familles des victimes de l'attentat
du DC-10 d'UTA, alors que la Grande-Bretagne devait déposer
dans la journée un projet de résolution levant les
sanctions de l'ONU contre Tripoli.
Les autorités françaises ont fait état lundi
de "progrès importants" dans les pourparlers
entre la Libye et les familles des victimes du DC-10 d'UTA qui
avait explosé au-dessus du Niger le 19 septembre 1989,
faisant 170 morts. Paris souhaite que la négociation en
cours "aboutisse dans les plus brefs délais sur des
indemnités équitables par rapport à celles
que recevront les ayants droit des victimes de l'attentat de Lockerbie".
La Libye vient en effet de reconnaître sa responsabilité
dans l'attentat de Lockerbie (Ecosse) contre un avion de la Pan
am, qui a fait 270 morts en 1988, et a promis de verser des indemnités
de 2,7 milliards de dollars aux proches des victimes. Par comparaison,
la Libye avait accordé en 1999 aux familles des victimes
du DC-10 d'UTA des indemnités s'élevant à
seulement 35 millions de dollars.
Le ministre français des Affaires étrangères
Dominique de Villepin "poursuit ses contacts avec l'ensemble
des parties concernées, en lialison étroite avec
les représentants des familles, dans l'objectif d'aboutir
rapidement à un accord équitable", a souligné
le Quai d'Orsay.
Suite à la décision de la Libye d'assumer la responsabilité
de l'attentat de Lockerbie, la Grande-Bretagne devait déposer
lundi devant le Conseil de sécurité un projet de
résolution abrogeant les sanctions imposées par
l'ONU en 1992 contre Tripoli. Paris n'avait par conséquent
que très peu de temps pour arracher un accord sur l'attentat
du DC-10 d'UTA avant que la résolution ne soit mise au
vote.
La France dispose toutefois d'un moyen de pression sur Tripoli:
membre permanent du Conseil de sécurité, elle pourrait
opposer son veto à la levée des sanctions.
De leur côté, les autorités libyennes entendent
toucher les dividendes de leur mea culpa sur l'attentat de Lockerbie
en obtenant la fin de l'isolement de leur pays. Le colonel Moammar
Kadhafi a ainsi téléphoné dimanche soir au
président de la Commission européenne Romano Prodi
pour lui faire part de son désir de normaliser les relations
entre la Libye et les Quinze.
Le colonel Kadhafi "a de nouveau confirmé sa volonté
de clore le chapitre douloureux (de Lockerbie)", et a dit
"qu'il était prêt à tout faire pour respecter
les conditions posées par les Nations unies", pour
obtenir la levée des sanctions internationales contre son
pays, a précisé Michael Mann, porte-parole de l'UE.
La Libye veut également nouer de bonnes relations avec
les Etats-Unis et souhaite ouvrir le dialogue avec Washington,
a affirmé le fils du colonel Kadhafi dans une interview
diffusée lundi par la chaîne de télévision
par satellite Al-Arabiya. C'est la deuxième fois en deux
jours qu'un haut responsable libyen délivre un tel message.
Mais Seif el-Islam Kadhafi, fils du chef libyen, a déclaré
lundi que le dossier de l'attentat du DC-10 d'UTA avec la France
était classé du point de vue libyen.
"Le rôle du gouvernement libyen est terminé.
Nous avons des documents officiels en Libye que la France a envoyés
au Conseil de sécurité qui disent que le dossier
de l'UTA est terminé et que la Libye n'est pas sollicitée
pour faire quelque chose de plus", a-t-il expliqué
lors de l'émission diffusée lundi.
Dimanche, le ministre libyen des Affaires étrangères
Abdel-Rahman Chalgham avait déclaré à l'Associated
Press que son pays, isolé par des années de sanctions
onusiennes et américaines, se réjouirait d'un rétablissement
des relations avec Washington.
AP
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