victimes attentat

(Mardi 19 août 2003, 19h20)

La France menace de s'opposer à la levée des sanctions contre la Libye

NATIONS UNIES (AP) - La France a menacé mardi de bloquer la levée des sanctions internationales contre la Libye au Conseil de sécurité de l'ONU, où elle dispose du droit de veto, estimant qu'une augmentation des indemnités accordées par Tripoli aux familles des victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA était un préalable "indispensable".

Paris est "mobilisé pour qu'il soit donné satisfaction" aux demandes des familles des 170 victimes du vol 772 d'UTA, qui avait explosé au-dessus du Niger le 19 septembre 1989, a souligné Cécile Pozzo di Borgo, porte-parole adjointe du Quai d'Orsay. "Il s'agit pour la France d'un principe moral, celui de l'équité."

La France entend aider les familles à obtenir une compensation plus en rapport avec la somme que vient de promettre la Libye pour l'attentat de Lockerbie (Ecosse). Vendredi, Tripoli a reconnu sa responsabilité dans cet attentat contre un avion de la Pan Am qui a fait 270 morts en 1988, et a promis de verser 2,7 milliards de dollars pour les familles des victimes. Or, la Libye n'avait accordé en 1999 qu'une compensation de 33 millions de dollars aux familles des 170 victimes du vol 772 d'UTA, qui a explosé au-dessus du Niger le 19 septembre 1989.

Dans ce contexte, la France laisse entendre qu'elle pourrait mettre son veto à la résolution présentée lundi par la Grande-Bretagne visant à abroger les sanctions imposées à la Libye par l'ONU, si Tripoli ne revoit pas à la hausse son indemnisation pour l'attentat du DC-10 d'UTA.

"Nul ne peut accepter une discrimination entre les victimes d'actes de terrorisme de même nature", a souligné Mme Pozzo di Borgo. "Il est clair qu'une solution fondée sur le principe de l'équité constitue pour la France une condition indispensable à la levée définitive des sanctions contre la Libye."
Même son de cloche parmi les diplomates français à l'ONU: "Nous sommes favorables à la levée des sanctions contre la Libye mais dans le même temps nous voulons un traitement équitable pour les victimes du vol UTA", a indiqué Michel Duclos, le vice-ambassadeur de France aux Nations unies. "Nous ne sommes pas prêts à faire des concessions", a-t-il ajouté sans menacer ouvertement d'utiliser le droit de veto.

Toutefois, des diplomates au sein du Conseil de sécurité ont déclaré que Michel Duclos a clairement affirmé lors d'une réunion à huis-clos que la France s'opposerait si nécessaire à la résolution.
L'ONU avait imposé en 1992 des sanctions au régime du colonel Mouammar Kadhafi pour le contraindre de livrer les deux auteurs présumés de l'attentat de Lockerbie. Elles avaient été suspendues sine die en 1999 après que Tripoli eut remis les deux hommes pour qu'ils soient jugés.

Suite à la décision vendredi de la Libye de reconnaître sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie et d'offrir une importante compensation aux familles des victimes, Washington et Londres ont estimé que les conditions étaient réunies pour une levée des sanctions internationales contre Tripoli. Les Etats-Unis ont toutefois décidé de maintenir leurs propres sanctions contre la Libye.

L'ambassadeur de Grande-Bretagne à l'ONU, Emyr Jones Parry, a souligné que les ambassadeurs du Conseil débattraient mercredi de la résolution britannique, coparrainée par la Bulgarie, et il a appelé à la tenue rapide d'un vote, qui selon des diplomates britanniques pourrait intervenir d'ici vendredi.

En France, le ministère des Affaires étrangères a noté des "progrès importants" dans les négociations en cours entre les familles des victimes du DC-10 et les autorités libyennes. Il a précisé que la France apportait un "soutien politique et diplomatique aux démarches des familles".

AP
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