PARIS (Reuters) - La division
des familles des victimes de l'attentat contre un DC-10 d'UTA
en 1989, où 170 personnes avaient péri, s'est accrue
mardi après le dépôt par le Royaume-Uni à
l'Onu d'un projet de résolution sur la levée des
sanctions contre la Libye.
L'association SOS-Attentats, qui représente en justice
les familles des victimes, demande à la France d'opposer
son veto au projet mais un autre groupe de parents de victimes
n'est pas du même avis et entend poursuivre ses discussions
avec le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Cet imbroglio pourrait compromettre la levée des sanctions
onusiennes contre Tripoli, proposée par Londres après
la reconnaissance par la Libye de sa responsabilité dans
l'attentat de Lockerbie - 270 morts en décembre 1988 -
et sa promesse de verser 2,7 milliards de dollars de réparations
aux victimes.
"Avant tout vote à l'Onu, je demande à ce
que l'Etat français négocie une reconnaissance de
responsabilité par la Libye et le versement d'indemnités
complémentaires. Par ailleurs, les six Libyens condamnés
à Paris en 1999 doivent purger leur peine", a dit
mardi à Reuters Françoise Rudetzki, présidente
de SOS-Attentats.
"Les sommes font tourner la tête. Mais si on veut
lutter contre le terrorisme, il ne suffit pas d'accepter de l'argent,
c'est contraire à toute justice", a-t-elle ajouté.Guillaume
Denoix de Saint Marc, dont le père est mort dans le DC-10
d'UTA, a confirmé à Reuters qu'il poursuivait des
négociations avec Saïf al-Islam, fils de Mouammar
Kadhafi et président d'une fondation humanitaire privée,
afin d'obtenir des indemnisations supplémentaires.
"UNE QUESTION DE SYMBOLE ET D'HONNEUR"
Guillaume Denoix de Saint Marc, qui a quitté l'association
SOS-Attentats, dit représenter toute les familles et a
expliqué qu'il considérait que la Libye avait déjà
reconnu sa responsabilité, même de manière
"elliptique", dans les documents accompagnant en 1999
le versement de premières indemnités aux victimes.
Il dit aujourd'hui vouloir obtenir une "solution honnête
et honorable". "Ce n'est pas une question d'argent mais
de symbole et d'honneur", affirme-t-il, tout en expliquant
que les dix millions de dollars que la Libye s'est engagée
à verser pour chaque victime de Lockerbie constituaient
une "référence".
Dans le dossier français, 313 des quelque 1.000 parents
des victimes ont perçu entre 3.000 et 30.000 euros de la
Libye en 1999, mais certains ont refusé cet argent."Il
faut qu'on évite d'être dans une situation où
on dira qu'on nous a achetés", explique Guillaume
Denoix de Saint Marc.
L'Etat libyen a expliqué officiellement qu'il ne reviendrait
pas sur l'affaire du DC-10 et pourrait donc utiliser la fondation
de Saïf al-Islam pour un règlement financier "officieux"
du dossier, déplore SOS-Attentats.
Le ministère français des Affaires étrangères
n'a pas tranché entre les deux camps.Françoise Rudetzki
a été reçue au Quai d'Orsay où on
lui a promis un règlement "équitable"
de l'affaire mais Dominique de Villepin n'a pas désavoué
les négociations financières de Guillaume Denoix
de Saint-Marc.
Le 19 septembre 1989, une bombe placée dans une valise
avait explosé dans le DC-10 qui survolait le désert
du Ténéré, au Niger. Les 170 passagers et
membres d'équipage, dont 57 Français, avaient été
tués.
En mars 1999, la cour d'assises spéciale de Paris a condamné
à la réclusion à perpétuité
six Libyens pour ce crime, dont Abdallah Senoussi, beau-frère
de Mouammar Kadhafi. Les six hommes se trouveraient en Libye qui
refuse de les livrer, à la différence d'Abdel Basset
al-Megrahi, extradé et condamné en 2001 pour l'attentat
de Lockerbie.
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