PARIS/TRIPOLI (Reuters)
- Les proches des victimes du DC-10 d'UTA et la Fondation Kadhafi
ont annoncé jeudi la signature d'un accord mais le règlement
définitif du dossier ne devrait pas intervenir avant un
mois.
L'accord annoncé, les autorités françaises
ont immédiatement fait savoir qu'elles ne s'opposaient
plus à la levée des sanctions prises à l'encontre
de Tripoli par les Nations unies.
Lors d'une conférence de presse au Quai d'Orsay, Dominique
de Villepin a précisé qu'il en avait informé
ses homologues britannique et américain.
Paris menaçait ces dernières semaines d'opposer
son veto au Conseil de sécurité faute d'indemnités
"équitables" pour les familles des 170 victimes
de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, le 19 septembre 1989 au-dessus
du désert du Ténéré, au Niger.
"Nous avons toujours dit que nous ne pensions pas que les
sanctions étaient les bonnes méthodes", a déclaré
Jean-Pierre Raffarin au terme d'un séminaire gouvernemental
franco-britannique à Londres.
"Nous souhaitions des négociations (...) équitables.
Il semble que nous soyons sur le point de voir ces conditions
aujourd'hui réunies donc de voir la crise s'éloigner",
a ajouté le Premier ministre.
Après plusieurs reports successifs, le vote devrait finalement
se dérouler vendredi à New York.
Son issue ne fait pas de doute, les autres membres permanents
du Conseil ayant fait savoir qu'ils étaient favorables
à la résolution britannique.
Londres avait rédigé le texte dès le mois
d'août après la signature d'un accord d'indemnisation
des familles des victimes de l'attentat de Lockerbie entre les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Libye.
Les sanctions - notamment un embargo sur les armes et la suspension
de liaisons aériennes - avaient été imposées
à la Libye en 1992 puis suspendues en 1999.
Après 14 ans de lutte, "nous pouvons percevoir une
solution qui permette à un grand nombre de victimes d'en
terminer avec le travail de deuil", a déclaré
Me Francis Szpiner, avocat de l'association SOS-Attentats qui
représente une partie des familles des victimes du DC-10.
"PEU IMPORTE LE MONTANT"
Dans un communiqué, l'association confirme qu'un accord
définitif sera signé entre SOS-Attentats, le "collectif
des familles des victimes du DC-10 en colère" et la
Fondation Kadhafi dans un mois.
Aucun montant d'indemnisation n'a été évoqué
jeudi, ni à Paris ni à Tripoli. De source libyenne,
on a souligné que la somme et la date exacte du versement
des indemnités seraient également annoncées
dans un mois.
Pour les proches des 270 victimes de Lockerbie, Londres et Washington
ont obtenu de la Libye la promesse d'une compensation 2,7 milliards
de dollars. La France n'a quant à elle obtenu que 34 millions
de dollars en 1999 et les familles se seraient vu récemment
proposer entre 500.000 et un million de dollars supplémentaires
par famille.
"On aurait préféré un accord complet
mais c'est un accord partiel assez significatif", a expliqué
à Reuters Guillaume Denoix de Saint Marc, président
du collectif.
"C'est une victoire de la responsabilité et du pragmatisme.
On ne va pas tout casser (en demandant plus), ça serait
idiot", a-t-il ajouté.
"Quoi que la Libye verse, pour nous c'est la preuve qu'ils
étaient responsables de l'attentat", a estimé
pour sa part Françoise Tenembaum, qui a perdu son frère,
Jean-Pierre Klein, dans l'explosion.
"Peu importe le montant de l'indemnisation. La seule chose
importante, c'est cette reconnaissance", a-t-elle insisté.
Selon Valéry Denoix de Saint Marc, avocat du collectif,
représentants français et libyens vont créer
une fondation française "dont l'objet sera de reverser
des indemnités aux familles".
L'accord, signé mercredi soir à Tripoli, prévoit
également l'abandon des poursuites en cours contre la Libye
et la "renonciation à toute poursuite civile ou pénale
devant un tribunal français ou international découlant
de cette catastrophe".
Les familles renoncent ainsi à toute nouvelle plainte
et abandonneront un recours devant la Cour européenne des
droits de l'homme contre la décision de la justice française
accordant une immunité pénale au colonel Kadhafi.
En revanche, le procès de 1999 à Paris, qui avait
vu la condamnation par contumace de six Libyens, dont le beau-frère
de Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, n'est pas remis en cause
par l'accord, a-t-il précisé.
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