Par Mark John
PARIS (Reuters) - Les familles des victimes de l'attentat contre
le DC-10 d'UTA en 1989 ne cachaient pas leur inquiétude
vendredi après les déclarations de Seïf al-Islam
Kadhafi, qui a évoqué les exigences libyennes et
souligné que "les indemnités ne forment qu'une
partie d'un règlement global avec la France".
L'accord cadre annoncé la veille à Paris et Tripoli,
qui prévoit un règlement définitif du dossier
d'ici un mois, a permis la levée des sanctions internationales
contre la Libye vendredi au Conseil de sécurité
des Nations unies.
Dans une interview au Figaro de vendredi, Seïf al-Islam,
fils du dirigeant libyen et président de la Fondation Kadhafi
qui a négocié avec les familles des 170 victimes,
précise que la partie libyenne "a posé plusieurs
demandes en échange" d'un accord sur le dossier UTA.
Il évoque la nécessité d'une "solution"
pour les six Libyens condamnés par contumace en 1999 à
Paris dans le procès de l'attentat, demande des indemnités
pour trois militaires libyens tués par l'aviation française
qui avait abattu leur bombardier dans les années 1980 au-dessus
du Tchad et propose la conclusion d'un accord d'amitié
entre Paris et Tripoli.
"Sur tous ces points, nous avons conclu un accord de principe",
affirme le fils de Mouammar Kadhafi.
Interrogé à ce sujet, un porte-parole du Quai d'Orsay
a fait remarquer que les propos de Seïf al-Islam Kadhafi
ne constituaient pas une déclaration officielle du gouvernement
libyen.
A propos des six Libyens condamnés, il a redit que la position
française n'avait pas changé. Ces six hommes sont
visés par un mandat d'arrêt international mais la
Libye, qui les considère innocents, a toujours refusé
de les livrer.
AUCUN CHIFFRE ANNONCÉ
Sur la question des indemnités, Le Figaro, qui cite une
"source bien informée", avance un montant d'un
million de dollars par famille, ce que les intéressés
jugent insuffisant comparé aux sommes accordées
aux proches des 270 victimes de l'attentat de Lockerbie (2,7 milliards
de dollars au total).
Les incertitudes sur le montant des indemnités et les exigences
libyennes plongent les familles des victimes dans la perplexité.
"Ces exigences ne figuraient pas dans l'accord que nous avons
conclu. La déclaration d'aujourd'hui me fait craindre que
la Libye ne respecte pas sa signature", a déclaré
à Reuters Françoise Rudetzki, porte-parole de l'association
SOS-Attentats.
Si Guillaume Denoix de Saint Marc, responsable de l'association
des familles des victimes, se veut confiant dans la poursuite
des discussions pour un règlement définitif, Françoise
Rudetzki, elle, dit son inquiétude. "Oui, ça
m'inquiète. Aucun chiffre n'a été annoncé",
constate-t-elle.
En outre, dans son interview au Figaro, Seïf al-Islam rappelle
que l'accord cadre a été conclu entre la partie
française et la fondation Kadhafi et que le versement des
indemnités se fera par le biais d'un fonds spécial,
géré par les deux parties.
"Il sera alimenté par les contributions des sociétés
françaises opérant en Libye. Ce n'est pas un accord
conclu par l'Etat libyen mais par l'association charitable que
je préside. S'agissant d'une organisation non gouvernementale,
elle ne dispose pas à sa guise des fonds publics",
poursuit-il.
"Elle ne peut opérer que grâce à des
contributions volontaires. Toutes les sociétés françaises
travaillant en Libye devraient contribuer à ce fonds",
ajoute-t-il.
|