victimes attentat

(Vendredi 12 septembre 2003, 17h19)

DC-10 UTA : un accord avec la Libye

Par Mark John

PARIS (Reuters) - Les familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA en 1989 ne cachaient pas leur inquiétude vendredi après les déclarations de Seïf al-Islam Kadhafi, qui a évoqué les exigences libyennes et souligné que "les indemnités ne forment qu'une partie d'un règlement global avec la France".

L'accord cadre annoncé la veille à Paris et Tripoli, qui prévoit un règlement définitif du dossier d'ici un mois, a permis la levée des sanctions internationales contre la Libye vendredi au Conseil de sécurité des Nations unies.
Dans une interview au Figaro de vendredi, Seïf al-Islam, fils du dirigeant libyen et président de la Fondation Kadhafi qui a négocié avec les familles des 170 victimes, précise que la partie libyenne "a posé plusieurs demandes en échange" d'un accord sur le dossier UTA.

Il évoque la nécessité d'une "solution" pour les six Libyens condamnés par contumace en 1999 à Paris dans le procès de l'attentat, demande des indemnités pour trois militaires libyens tués par l'aviation française qui avait abattu leur bombardier dans les années 1980 au-dessus du Tchad et propose la conclusion d'un accord d'amitié entre Paris et Tripoli.

"Sur tous ces points, nous avons conclu un accord de principe", affirme le fils de Mouammar Kadhafi.
Interrogé à ce sujet, un porte-parole du Quai d'Orsay a fait remarquer que les propos de Seïf al-Islam Kadhafi ne constituaient pas une déclaration officielle du gouvernement libyen.
A propos des six Libyens condamnés, il a redit que la position française n'avait pas changé. Ces six hommes sont visés par un mandat d'arrêt international mais la Libye, qui les considère innocents, a toujours refusé de les livrer.

AUCUN CHIFFRE ANNONCÉ

Sur la question des indemnités, Le Figaro, qui cite une "source bien informée", avance un montant d'un million de dollars par famille, ce que les intéressés jugent insuffisant comparé aux sommes accordées aux proches des 270 victimes de l'attentat de Lockerbie (2,7 milliards de dollars au total).

Les incertitudes sur le montant des indemnités et les exigences libyennes plongent les familles des victimes dans la perplexité.

"Ces exigences ne figuraient pas dans l'accord que nous avons conclu. La déclaration d'aujourd'hui me fait craindre que la Libye ne respecte pas sa signature", a déclaré à Reuters Françoise Rudetzki, porte-parole de l'association SOS-Attentats.

Si Guillaume Denoix de Saint Marc, responsable de l'association des familles des victimes, se veut confiant dans la poursuite des discussions pour un règlement définitif, Françoise Rudetzki, elle, dit son inquiétude. "Oui, ça m'inquiète. Aucun chiffre n'a été annoncé", constate-t-elle.

En outre, dans son interview au Figaro, Seïf al-Islam rappelle que l'accord cadre a été conclu entre la partie française et la fondation Kadhafi et que le versement des indemnités se fera par le biais d'un fonds spécial, géré par les deux parties.

"Il sera alimenté par les contributions des sociétés françaises opérant en Libye. Ce n'est pas un accord conclu par l'Etat libyen mais par l'association charitable que je préside. S'agissant d'une organisation non gouvernementale, elle ne dispose pas à sa guise des fonds publics", poursuit-il.

"Elle ne peut opérer que grâce à des contributions volontaires. Toutes les sociétés françaises travaillant en Libye devraient contribuer à ce fonds", ajoute-t-il.

Retour au menu presse 2003