PARIS (AFP) - Les discussions
entre la Libye et les familles des victimes de l'attentat du DC-10
devraient, sauf surprise, se solder par un échec, le délai
fixé pour un accord d'indemnisation expirant samedi à
minuit.
Le dernier espoir des familles était vendredi la venue
d'une délégation libyenne ce week-end à Paris."Nous
souhaitons la venue d'une délégation avec des propositions
concrètes qui permettraient de renouer les négociations",
une demande appuyée par l'ambassade de France à
Tripoli, a déclaré vendredi Françoise Rudetzki,
présidente de l'association SOS Attentats qui négocie
avec Tripoli aux côtés du collectif des familles.
Depuis la venue à Paris le 19 septembre d'un négociateur
libyen représentant la fondation Khadafi, présidée
par un fils du leader libyen, Seïf el-Islam, les discussions
n'ont pas repris.
Les Libyens avaient alors confirmé deux propositions :
une indemnité d'un million de dollars par famille (celles
de l'attentat de Lockerbie ont obtenu quatre millions) et la création
pour alimenter ces paiements d'un fonds financé par les
entreprises françaises opérant en Libye.
La première proposition avait été jugée
"inacceptable" par les familles des victimes de l'attentat
contre le DC-10 français d'UTA (170 morts le 19 septembre
1989 au-dessus du Niger) et la seconde "cynique".
"Le 19 septembre, nous avons soumis aux Libyens un calendrier
de réunions. Ils n'ont toujours pas répondu",
constate le porte-parole du collectif des familles, Guillaume
Denoix de Saint-Marc, dont le père a péri dans l'attentat.
Il se refuse cependant à s'avouer vaincu. "L'échéance
(samedi à minuit) n'est pas encore passée. Un accord
est encore possible. Avec les Libyens, nous sommes habitués
à ce que les choses se passent au dernier moment",
a-t-il dit.
Cette date limite est contenue dans l'accord de principe signé
le 11 septembre entre la Fondation et les familles et qui ne prévoyait
d'ailleurs rien d'autre qu'un engagement à conclure les
négociations dans un délai d'un mois.
La signature de cet accord avait surtout évité à
la France d'avoir à mettre son veto le 12 septembre à
la levée des sanctions de l'ONU frappant la Libye depuis
1992 et 1993, alors que Washington et Londres faisaient pression
pour leur levée après avoir obtenu en août
un accord sur l'indemnisation des victimes de Lockerbie (270 morts
en 1988).
"J'aurais préféré un accord avant la
levée des sanctions mais le collectif des familles n'a
pas souhaité qu'on aille au veto", confie Françoise
Rudetzki, qui n'était pas non plus favorable à des
négociations directes entre la Libye et les familles, préférant
des négociations d'Etat à Etat.
Le collectif est en première ligne pour les discussions
mais bon nombre de familles du collectif sont également
membres de SOS Attentats.
En cas d'échec ce week-end, SOS Attentats demandera au
gouvernement, "qui a cautionné l'accord de principe,
d'exercer tous les moyens de pression diplomatiques et économiques
pour obtenir satisfaction".
L'organisation est sans amertume à l'égard du gouvernement.
"C'est déjà miraculeux que le gouvernement
français pousse un peu nos initiatives alors qu'en 1999,
après le procès aux assises, le gouvernement estimait
s'être acquitté de ses obligations", conclut
Françoise Rudetzki.
Ce procès a vu la condamnation par contumace de six Libyens,
dont un beau-frère de Khadafi, à la réclusion
à perpétuité et l'octroi d'indemnités
aux proches des victimes variant de 3.000 à 30.000 euros.
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