victimes attentat

(Vendredi 10 octobre 2003 17h07)

DC-10: échec en vue entre Tripoli et les familles sur un accord d'indemnisation

PARIS (AFP) - Les discussions entre la Libye et les familles des victimes de l'attentat du DC-10 devraient, sauf surprise, se solder par un échec, le délai fixé pour un accord d'indemnisation expirant samedi à minuit.

Le dernier espoir des familles était vendredi la venue d'une délégation libyenne ce week-end à Paris."Nous souhaitons la venue d'une délégation avec des propositions concrètes qui permettraient de renouer les négociations", une demande appuyée par l'ambassade de France à Tripoli, a déclaré vendredi Françoise Rudetzki, présidente de l'association SOS Attentats qui négocie avec Tripoli aux côtés du collectif des familles.

Depuis la venue à Paris le 19 septembre d'un négociateur libyen représentant la fondation Khadafi, présidée par un fils du leader libyen, Seïf el-Islam, les discussions n'ont pas repris.

Les Libyens avaient alors confirmé deux propositions : une indemnité d'un million de dollars par famille (celles de l'attentat de Lockerbie ont obtenu quatre millions) et la création pour alimenter ces paiements d'un fonds financé par les entreprises françaises opérant en Libye.

La première proposition avait été jugée "inacceptable" par les familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 français d'UTA (170 morts le 19 septembre 1989 au-dessus du Niger) et la seconde "cynique".
"Le 19 septembre, nous avons soumis aux Libyens un calendrier de réunions. Ils n'ont toujours pas répondu", constate le porte-parole du collectif des familles, Guillaume Denoix de Saint-Marc, dont le père a péri dans l'attentat.

Il se refuse cependant à s'avouer vaincu. "L'échéance (samedi à minuit) n'est pas encore passée. Un accord est encore possible. Avec les Libyens, nous sommes habitués à ce que les choses se passent au dernier moment", a-t-il dit.

Cette date limite est contenue dans l'accord de principe signé le 11 septembre entre la Fondation et les familles et qui ne prévoyait d'ailleurs rien d'autre qu'un engagement à conclure les négociations dans un délai d'un mois.

La signature de cet accord avait surtout évité à la France d'avoir à mettre son veto le 12 septembre à la levée des sanctions de l'ONU frappant la Libye depuis 1992 et 1993, alors que Washington et Londres faisaient pression pour leur levée après avoir obtenu en août un accord sur l'indemnisation des victimes de Lockerbie (270 morts en 1988).

"J'aurais préféré un accord avant la levée des sanctions mais le collectif des familles n'a pas souhaité qu'on aille au veto", confie Françoise Rudetzki, qui n'était pas non plus favorable à des négociations directes entre la Libye et les familles, préférant des négociations d'Etat à Etat.

Le collectif est en première ligne pour les discussions mais bon nombre de familles du collectif sont également membres de SOS Attentats.

En cas d'échec ce week-end, SOS Attentats demandera au gouvernement, "qui a cautionné l'accord de principe, d'exercer tous les moyens de pression diplomatiques et économiques pour obtenir satisfaction".

L'organisation est sans amertume à l'égard du gouvernement. "C'est déjà miraculeux que le gouvernement français pousse un peu nos initiatives alors qu'en 1999, après le procès aux assises, le gouvernement estimait s'être acquitté de ses obligations", conclut Françoise Rudetzki.
Ce procès a vu la condamnation par contumace de six Libyens, dont un beau-frère de Khadafi, à la réclusion à perpétuité et l'octroi d'indemnités aux proches des victimes variant de 3.000 à 30.000 euros.

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