PARIS (Reuters) - Les négociations
en vue de l'indemnisation supplémentaire des familles des
victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, au dessus du Niger
en 1989, devraient reprendre en début de semaine, à
Tripoli ou à Paris.
Les contacts entre la Fondation Kadhafi, le collectif de familles
du DC-10 en colère et l'association SOS-Attentats ont repris
samedi en fin d'après-midi, quelques heures avant l'expiration
du délai, fixé à minuit, pour trouver un
accord d'indemnisation.
"Assez rapidement, nous avons été invités
à nous rendre à Tripoli lundi mais nous avons également
proposé que la séance de travail se tienne à
Paris", a expliqué à Reuters Guillaume Denoix
de Saint Marc, porte-parole du collectif.
"Nous recherchons la solution la plus pratique pour tout
le monde", a-t-il ajouté, précisant que les
contacts se poursuivraient toute la journée de dimanche.
"Il y a une volonté d'avancer (côté
libyen)", a-t-il affirmé, mais depuis le début
des négociations franco-libyennes, il y a un an et demi,
"nous avons pris l'habitude de ces circuits (de discussions)
et nous avons appris à être pragmatiques sur les
délais".
Les négociations porteront sur le montant des indemnités
supplémentaires, le calendrier de versement et les modalités
de répartition entre les familles des 170 victimes, de
18 nationalités différentes.
Pour Guillaume Denoix de Saint Marc, la lenteur des discussions,
quasiment au point mort depuis le 19 septembre, est à mettre
sur le compte de "rapports de force internes qui ne sont
pas inhérents à l'affaire du DC-10".
Samedi, Jacques Chirac a adressé une ferme mise en garde
à la Libye, soulignant que le non-respect des engagements
pris dans le dossier du DC-10 d'UTA exposerait Tripoli à
"des conséquences", décidées "sans
agressivité" mais "sans faiblesse".
NOUVELLES PRESSIONS?
La date-limite du 11 octobre figurait formellement dans l'accord
de principe sur une indemnisation intervenu le 11 septembre entre
les associations des familles et la Fondation Kadhafi, présidée
par un des fils du dirigeant libyen, Seïf el-Islam.
"C'était important pour les familles de voir qu'un
des 18 Etats concernés se mobilisait face au silence assourdissant
des 17 autres et c'était important que la Fondation Kadhafi
voit que la France suivait de très près l'évolution
du dossier", a expliqué Guillaume Denoix de Saint
Marc.
L'association SOS-Attentats a fait savoir de son côté
qu'en cas de dépassement du délai elle demanderait
au gouvernement français, "qui a cautionné
l'accord de principe, d'exercer tous les moyens de pression diplomatiques
et économiques pour obtenir satisfaction".
A la mi-journée dimanche, le ministère des Affaires
étrangères a fait savoir qu'il restait "très
attentif" et suivrait "de très près"
le dossier.
Selon SOS-Attentats, les familles ont rejeté une proposition
d'indemnisation d'un million de dollars par victime.
Dans le dossier du Boeing de la Panam, qui a explosé au-dessus
de Lockerbie, en Ecosse, la Libye a accepté en août
de verser 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes
de l'attentat de 1988.
Certains proches des victimes du vol UTA ont touché de
3.000 à 30.000 euros au terme d'un procès en 1999
à Paris mais une partie des familles n'a jamais été
indemnisée.
Interrogé sur Europe 1, Guillaume Denoix de Saint Marc,
a estimé que les indemnisations acceptées par la
Libye dans l'affaire de Lockerbie étaient un "repère".
"Il faudrait que l'on s'en rapproche pour ne pas que, symboliquement,
on ait l'impression qu'il y a une différence flagrante
entre des passagers d'un vol américain et des passagers
d'un vol français", a-t-il insisté.
Une interview du président de Seïf al-Islam Kadhafi,
publiée quelques jours après l'accord du 11 septembre,
a semé le trouble chez les familles des victimes du DC-10.
Le fils de Mouammar Kadhafi demandait notamment que soit trouvée
une "solution" pour les six Libyens condamnés
par contumace en 1999 et évoquait, en vue de l'indemnisation
des familles, la création d'un fonds spécial auquel
participeraient des entreprises françaises implantées
en Libye.
La signature de l'accord de principe entre les familles du DC-10
et la fondation Kadhafi a permis la levée définitive
des sanctions prises par les Nations unies à l'encontre
de la Libye après l'attentat de Lockerbie.
Paris avait menacé d'utiliser son veto lors de ce vote
si un accord d'indemnisation "juste et équitable"
n'était pas trouvé avec les familles du DC-10.
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