victimes attentat

(Dimanche 12 octobre 2003, 13h28)

Les négociations sur le dossier UTA
reprendront cette semaine

PARIS (Reuters) - Les négociations en vue de l'indemnisation supplémentaire des familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, au dessus du Niger en 1989, devraient reprendre en début de semaine, à Tripoli ou à Paris.

Les contacts entre la Fondation Kadhafi, le collectif de familles du DC-10 en colère et l'association SOS-Attentats ont repris samedi en fin d'après-midi, quelques heures avant l'expiration du délai, fixé à minuit, pour trouver un accord d'indemnisation.

"Assez rapidement, nous avons été invités à nous rendre à Tripoli lundi mais nous avons également proposé que la séance de travail se tienne à Paris", a expliqué à Reuters Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole du collectif.

"Nous recherchons la solution la plus pratique pour tout le monde", a-t-il ajouté, précisant que les contacts se poursuivraient toute la journée de dimanche.

"Il y a une volonté d'avancer (côté libyen)", a-t-il affirmé, mais depuis le début des négociations franco-libyennes, il y a un an et demi, "nous avons pris l'habitude de ces circuits (de discussions) et nous avons appris à être pragmatiques sur les délais".

Les négociations porteront sur le montant des indemnités supplémentaires, le calendrier de versement et les modalités de répartition entre les familles des 170 victimes, de 18 nationalités différentes.

Pour Guillaume Denoix de Saint Marc, la lenteur des discussions, quasiment au point mort depuis le 19 septembre, est à mettre sur le compte de "rapports de force internes qui ne sont pas inhérents à l'affaire du DC-10".

Samedi, Jacques Chirac a adressé une ferme mise en garde à la Libye, soulignant que le non-respect des engagements pris dans le dossier du DC-10 d'UTA exposerait Tripoli à "des conséquences", décidées "sans agressivité" mais "sans faiblesse".


NOUVELLES PRESSIONS?

La date-limite du 11 octobre figurait formellement dans l'accord de principe sur une indemnisation intervenu le 11 septembre entre les associations des familles et la Fondation Kadhafi, présidée par un des fils du dirigeant libyen, Seïf el-Islam.

"C'était important pour les familles de voir qu'un des 18 Etats concernés se mobilisait face au silence assourdissant des 17 autres et c'était important que la Fondation Kadhafi voit que la France suivait de très près l'évolution du dossier", a expliqué Guillaume Denoix de Saint Marc.

L'association SOS-Attentats a fait savoir de son côté qu'en cas de dépassement du délai elle demanderait au gouvernement français, "qui a cautionné l'accord de principe, d'exercer tous les moyens de pression diplomatiques et économiques pour obtenir satisfaction".

A la mi-journée dimanche, le ministère des Affaires étrangères a fait savoir qu'il restait "très attentif" et suivrait "de très près" le dossier.

Selon SOS-Attentats, les familles ont rejeté une proposition d'indemnisation d'un million de dollars par victime.

Dans le dossier du Boeing de la Panam, qui a explosé au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, la Libye a accepté en août de verser 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes de l'attentat de 1988.

Certains proches des victimes du vol UTA ont touché de 3.000 à 30.000 euros au terme d'un procès en 1999 à Paris mais une partie des familles n'a jamais été indemnisée.

Interrogé sur Europe 1, Guillaume Denoix de Saint Marc, a estimé que les indemnisations acceptées par la Libye dans l'affaire de Lockerbie étaient un "repère".

"Il faudrait que l'on s'en rapproche pour ne pas que, symboliquement, on ait l'impression qu'il y a une différence flagrante entre des passagers d'un vol américain et des passagers d'un vol français", a-t-il insisté.

Une interview du président de Seïf al-Islam Kadhafi, publiée quelques jours après l'accord du 11 septembre, a semé le trouble chez les familles des victimes du DC-10.

Le fils de Mouammar Kadhafi demandait notamment que soit trouvée une "solution" pour les six Libyens condamnés par contumace en 1999 et évoquait, en vue de l'indemnisation des familles, la création d'un fonds spécial auquel participeraient des entreprises françaises implantées en Libye.

La signature de l'accord de principe entre les familles du DC-10 et la fondation Kadhafi a permis la levée définitive des sanctions prises par les Nations unies à l'encontre de la Libye après l'attentat de Lockerbie.

Paris avait menacé d'utiliser son veto lors de ce vote si un accord d'indemnisation "juste et équitable" n'était pas trouvé avec les familles du DC-10.

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