PARIS (Reuters) - Un accord
d'indemnisation pourrait être conclu cette semaine entre
les familles des victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA et la Fondation
Kadhafi, qui ont renoué le contact samedi après
la mise en garde de Jacques Chirac aux autorités libyennes.
"Je pense qu'il y a tout à fait la possibilité
qu'on trouve un accord définitif avant la fin de la semaine",
a déclaré à Reuters Guillaume Denoix de Saint
Marc, qui représente une partie des proches des 170 victimes.
"C'est faisable", a-t-il ajouté, précisant
que la Fondation Kadhafi lui avait proposé de se rendre
à Tripoli lundi soir avant une réunion de travail
mardi.
Le collectif qu'il préside a de son côté
proposé que ce soient les négociateurs libyens qui
viennent à Paris en début de semaine pour reprendre
les discussions, au point mort depuis le 19 septembre.
Les contacts entre la Fondation et le collectif de familles du
DC-10 en colère ont repris samedi en fin d'après-midi,
juste avant l'expiration du délai fixé par l'accord
de principe signé le 11 septembre dernier entre les associations
des familles et la Fondation Kadhafi, présidée par
un des fils du dirigeant libyen, Seïf el-Islam.
Quelques heures plus tôt, Jacques Chirac avait adressé
une ferme mise en garde à la Libye, soulignant que le non-respect
des engagements pris dans le dossier du DC-10 d'UTA exposerait
Tripoli à "des conséquences", décidées
"sans agressivité" mais "sans faiblesse".
"Sans l'intervention (de Jacques Chirac), je crois que nous
n'aurions même pas eu de contact avec la Fondation",
a expliqué à Reuters Françoise Rudetzki,
présidente de SOS-Attentats.
"Cela me conforte dans l'idée que les négociations
auraient dû se dérouler d'Etat à Etat",
a-t-elle ajouté, espérant désormais une offre
"chiffrée et concrète" de la Fondation
"dans les jours qui viennent".
DERNIERE PROPOSITION: UN MILLION DE DOLLARS
Qu'elles se tiennent à Tripoli ou à Paris, les
discussions porteront sur le montant des indemnités supplémentaires,
le calendrier de versement et les modalités de répartition
entre les familles des victimes de 18 nationalités différentes.
Au lendemain de la signature de l'accord de septembre, le fils
de Mouammar Kadhafi avait évoqué la création
d'un fonds spécial auquel participeraient des entreprises
françaises implantées en Libye. Une proposition
qualifiée au mieux de farfelue au pire d'inacceptable par
les familles.
Du reste, pour Françoise Rudetzki, "il n'y a plus
rien à négocier". "Nous avons suffisamment
discuté. Nous sommes en droit d'obtenir une proposition
concrète, comme le stipule l'accord de septembre",
signé 14 ans après l'explosion du DC-10 au dessus
du désert du Ténéré, au Niger.
Une fois cette offre sur la table, la présidente de SOS-Attentats
réunira les familles qui se prononceront pour ou contre
avant une éventuelle signature finale.
A la mi-journée dimanche, le ministère des Affaires
étrangères a fait savoir qu'il restait "très
attentif" et suivrait "de très près"
le dossier.
Selon SOS-Attentats, les familles ont rejeté une proposition
d'indemnisation d'un million de dollars par victime. "Cela
reste leur dernière proposition", a confirmé
dimanche le président du collectif des familles en colère,
estimant qu'elle était insuffisante.
Dans le dossier du Boeing de la Panam, qui a explosé au-dessus
de Lockerbie, en Ecosse, la Libye a accepté en août
de verser 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes
de l'attentat de 1988.
Certains proches des victimes du vol UTA ont touché de
3.000 à 30.000 euros au terme d'un procès en 1999
à Paris mais une partie des familles n'a jamais été
indemnisée.
"Le problème n'est pas seulement un problème
d'argent. Il faut arriver à une conclusion honorable. C'est
ca le plus important", a insisté Guillaume Denoix
de Saint Marc, qui a perdu son père dans l'explosion du
19 septembre 1989.
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