PARIS (AFP) - Une nouvelle
rencontre doit se dérouler mardi en un lieu tenu secret
à Paris, entre les représentants des familles de
victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA en 19896 désireux
de parvenir à un accord d'indemnisation définitive
et les négociateurs libyens.
A la veille de cette rencontre, Tripoli a soufflé le chaud
et le froid: les Libyens ont d'abord mis un terme, en milieu de
matinée, à l'incertitude planant le lieu de la négociation.
Une délégation de la Fondation Kadhafi doit "partir
pour Paris cet après-midi afin de poursuivre les négociations",
a annoncé Saleh Abdel Salam, directeur de cette fondation.
Cette démarche a été interprétée
comme "un signe positif" par les représentants
des familles de victimes, peu enclins à effectuer un sixième
déplacement à Tripoli comme le souhaitaient leurs
interlocuteurs, après n'y avoir, ces dernières semaines,
recueilli que de faibles avancées.
Dans l'après-midi, s'exprimant depuis Londres, Seif-al-Islam,
fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a déclaré
qu'il exhortait le président Chirac à intervenir
pour débloquer les négociations entravées,
selon lui, par le gouvernement français. Il a précisé
qu'un accord en six points, tenu secret et "accepté
par les Français", avait été conclu
le 11 septembre dernier, lors de la dernière rencontre
entre les deux parties. Aux termes de celui-ci, Tripoli s'était
engagé à "payer au maximum un million de dollars
par victime". Toutefois, a-t-il concédé, "nous
disons aux Français: si vous avancez d'un pas dans l'application
de l'accord, nous avancerons d'un pas de notre côté".
Le mois dernier, le Collectif des familles de victimes avait
qualifié d'"inacceptable" la proposition "de
principe" d'un million de dollars, très éloignée
des 4 millions de dollars devant être alloués aux
familles des victimes de l'attentat de Lockerbie, qui a fait 270
victimes 1988 au-dessus de l'Ecosse, en vertu d'un accord signé
en août dernier entre Tripoli, Londres et Washington. Le
porte-parole du Collectif, Guillaume Denoix de Saint-Marc, n'a
pas souhaité réagir lundi après-midi aux
propos du directeur de la Fondation Kadhafi, à la veille
d'une négociation difficile entre trois représentants
des familles et trois ou quatre Libyens en un lieu tenu secret
à Paris ou en proche banlieue, arguant seulement qu'il
peut s'agir d'un "jeu de rapport de forces". Pour sa
part, Jacques Chirac a mis en garde à deux reprises la
Libye, lui rappelant d'abord ses engagements samedi à Rabat,
où il a fait valoir que les discussions avaient abouti
à "un engagement", que le dirigeant libyen Mouammar
Khadafi lui avait "clairement" confirmé au cours
de deux conversations téléphoniques.
Si ces engagements n'étaient pas tenus, la France en tirerait
des conséquences "sans agressivité et sans
faiblesse", a-t-il prévenu au dernier jour de sa visite
au Maroc. Il a ajouté dimanche soir à Paris que
s'ils ne l'étaient pas "la France devra en tenir compte
dans sa position". Compte-tenu de l'engagement des Libyens
à conclure les négociations dans un délai
d'un mois, la France n'avait pas mis son veto le 12 septembre
dernier à la levée des sanctions de l'ONU frappant
la Libye depuis 1992. La présidente de SOS attentats Françoise
Rudetzki a pour sa part émis le voeu lundi que l'on "aborde
le vif du sujet", et elle a souhaité que l'on "soumette
aux familles" les propositions. L'attentat contre le DC-10
d'UTA en 1989 avait fait 170 morts de 17 nationalités,
dont 54 Français, au-dessus du désert du Ténéré
(Niger). |