victimes attentat

(mardi 14 octobre 2003, 18h35)

DC-1O d'UTA: l'incertitude plane sur les négociations avec la Libye

PARIS (AFP) - L'incertitude planait sur les négociations programmées mardi en France entre la Libye et les familles des victimes d'un attentat contre un avion français en 1989, Paris ayant démenti l'existence d'un accord "secret" avec Tripoli.

Les discussions entre les représentants des familles de victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA au Niger en 1989, désireux de parvenir à un accord d'indemnisation définitive, et les responsables de la Fondation Kadhafi étaient entourées de la plus grande discrétion.

A la demande de ses hôtes libyens, le porte-parole du Collectif des familles de victimes, Guillaume Denoix de Saint Marc, s'était engagé à ne pas dévoiler le lieu de la rencontre, à Paris ou en proche banlieue. Selon une source proche du dossier, les trois interlocuteurs libyens auraient menacé de regagner leur pays si la rencontre venait à être médiatisée.

Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Hervé Ladsous, s'est félicité de cette reprise. "Les discussions entre les familles et la Fondation Kadhafi reprennent. Nous nous en félicitons. Nous souhaitons qu'elles aboutissent dans les meilleurs délais", a-t-il dit.

Mais l'issue était on ne peut plus incertaine, la Libye et les familles françaises faisant part d'interprétations très différentes de l'accord signé le 11 septembre, qui avait permis la levée de sanctions internationales contre Tripoli à l'ONU.

Le fils du dirigeant libyen, Seif al-Islam Kadhafi, responsable de la fondation qui mène les négociations, a affirmé à la presse que l'accord prévoyait de "payer au maximum un million de dollars par victime et les Français l'ont accepté".

Il a ajouté que l'accord prévoyait la création, pour effectuer ces paiements, d'un fonds financé par les entreprises françaises opérant en Libye.

Pour les familles, en revanche, ce qui a été signé le 11 septembre est un accord de principe prévoyant un engagement à conclure les négociations d'indemnisation dans un délai d'un mois. Elles ont jugé la première proposition de la Fondation Khadafi "inacceptable" et qualifié la seconde de "cynique".

Compliquant davantage ces discussions, Seif al-Islam Kadhafi a fait état lundi d'un accord en six points, conclu le même 11 septembre, dont le contenu était "secret", mais que sa fondation "se réservait le droit de publier au moment que nous jugerons opportun".

Le Quai d'Orsay a démenti mardi ces affirmations. "Il n'y a aucun accord secret de quelque type que ce soit, de quelque nature que ce soit", a assuré son porte-parole, Hervé Ladsous. "Nous avons toujours considéré que cette affaire devait se régler dans la transparence la plus totale entre les familles et la Fondation", a-t-il ajouté.

Seif al-Islam Kadhafi avait appelé lundi le gouvernement français à débloquer les négociations. En septembre, au lendemain de la conclusion de l'accord, il avait évoqué devant la presse la nécessité pour Paris de régler le sort de six Libyens, dont le beau-frère du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, condamnés par contumace en France à la perpétuité en 1999 pour l'attentat contre le vol UTA. Tripoli affirme qu'ils sont innocents et souhaite l'annulation des poursuites.

Il avait également mentionné la nécessité pour Paris de verser des indemnités pour trois Libyens tués par l'aviation française, qui a abattu, selon Tripoli, un bombardier libyen au-dessus de N'Djamena dans les années 1980.

170 personnes de 17 nationalités, dont 54 Français, avaient été tuées le 19 septembre 1989 dans l'attentat contre le DC-10 d'UTA qui avait explosé au-dessus du désert du Ténéré, au Niger.

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