PARIS (AFP) - L'incertitude
planait sur les négociations programmées mardi en
France entre la Libye et les familles des victimes d'un attentat
contre un avion français en 1989, Paris ayant démenti
l'existence d'un accord "secret" avec Tripoli.
Les discussions entre les représentants des familles de
victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA au Niger en 1989, désireux
de parvenir à un accord d'indemnisation définitive,
et les responsables de la Fondation Kadhafi étaient entourées
de la plus grande discrétion.
A la demande de ses hôtes libyens, le porte-parole du Collectif
des familles de victimes, Guillaume Denoix de Saint Marc, s'était
engagé à ne pas dévoiler le lieu de la rencontre,
à Paris ou en proche banlieue. Selon une source proche
du dossier, les trois interlocuteurs libyens auraient menacé
de regagner leur pays si la rencontre venait à être
médiatisée.
Le porte-parole du ministère français des Affaires
étrangères, Hervé Ladsous, s'est félicité
de cette reprise. "Les discussions entre les familles et
la Fondation Kadhafi reprennent. Nous nous en félicitons.
Nous souhaitons qu'elles aboutissent dans les meilleurs délais",
a-t-il dit.
Mais l'issue était on ne peut plus incertaine, la Libye
et les familles françaises faisant part d'interprétations
très différentes de l'accord signé le 11
septembre, qui avait permis la levée de sanctions internationales
contre Tripoli à l'ONU.
Le fils du dirigeant libyen, Seif al-Islam Kadhafi, responsable
de la fondation qui mène les négociations, a affirmé
à la presse que l'accord prévoyait de "payer
au maximum un million de dollars par victime et les Français
l'ont accepté".
Il a ajouté que l'accord prévoyait la création,
pour effectuer ces paiements, d'un fonds financé par les
entreprises françaises opérant en Libye.
Pour les familles, en revanche, ce qui a été signé
le 11 septembre est un accord de principe prévoyant un
engagement à conclure les négociations d'indemnisation
dans un délai d'un mois. Elles ont jugé la première
proposition de la Fondation Khadafi "inacceptable" et
qualifié la seconde de "cynique".
Compliquant davantage ces discussions, Seif al-Islam Kadhafi
a fait état lundi d'un accord en six points, conclu le
même 11 septembre, dont le contenu était "secret",
mais que sa fondation "se réservait le droit de publier
au moment que nous jugerons opportun".
Le Quai d'Orsay a démenti mardi ces affirmations. "Il
n'y a aucun accord secret de quelque type que ce soit, de quelque
nature que ce soit", a assuré son porte-parole, Hervé
Ladsous. "Nous avons toujours considéré que
cette affaire devait se régler dans la transparence la
plus totale entre les familles et la Fondation", a-t-il ajouté.
Seif al-Islam Kadhafi avait appelé lundi le gouvernement
français à débloquer les négociations.
En septembre, au lendemain de la conclusion de l'accord, il avait
évoqué devant la presse la nécessité
pour Paris de régler le sort de six Libyens, dont le beau-frère
du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, condamnés par contumace
en France à la perpétuité en 1999 pour l'attentat
contre le vol UTA. Tripoli affirme qu'ils sont innocents et souhaite
l'annulation des poursuites.
Il avait également mentionné la nécessité
pour Paris de verser des indemnités pour trois Libyens
tués par l'aviation française, qui a abattu, selon
Tripoli, un bombardier libyen au-dessus de N'Djamena dans les
années 1980.
170 personnes de 17 nationalités, dont 54 Français,
avaient été tuées le 19 septembre 1989 dans
l'attentat contre le DC-10 d'UTA qui avait explosé au-dessus
du désert du Ténéré, au Niger. |