victimes attentat

(mercredi 15 octobre 2003, 9h01)

DC-1O d'UTA: pas d'accord sur l'indemnisation des familles

PARIS (AFP) - La Libye et les familles des victimes d'un attentat contre un avion français en 1989, réunis en toute discrétion mardi à Paris pour des négociations, ne sont pas parvenus à un accord sur une indemnisation définitive de la part de Tripoli.

L'attentat contre le DC-10 d'UTA avait fait 170 morts de 17 nationalités, dont 54 Français, au-dessus du désert du Ténéré, au Niger. Les propositions des négociateurs libyens faites mardi aux représentants des familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, ne sont "pas conformes aux souhaits" de ces dernières, a déclaré Françoise Rudetzki, présidente de l'organisation de défense des victimes d'attentats, SOS Attentats.

Le chef de la délégation libyenne à Paris, Salah Abdel Salam, a expliqué avoir suspendu les discussions en début de soirée au motif que le ministère français des Affaires étrangères aurait essayé de se soustraire à un accord conclu le 11 septembre sur l'indemnisation des familles. Selon le porte-parole du collectif des familles, Guillaume Denoix de Saint-Marc, les discussions "pourraient reprendre" mercredi. Le ministère français n'avait pas réagi mardi soir à ces informations. Avant l'annonce de la décision libyenne, Paris avait démenti l'existence d'un "accord secret".

"Par conséquent, nous ne poursuivrons pas les négociations, elles ont été suspendues (...) A cause de cette déclaration (du ministère français), nous rentrons en Libye", a-t-il ajouté sans donner plus de précisions. "Les propositions actuelles", formulées avant que les négociateurs libyens ne suspendent les discussions mardi en début de soirée, "ne sont pas conformes aux souhaits exprimés par la majorité des familles des victimes du DC 10", a déclaré Mme Rudetzki, qui participait aux négociations.

Elle a ajouté que son organisation restait "totalement ouverte à une reprise des discussions avec la délégation libyenne sur des bases saines, transparentes et appropriées". Mme Rudetzki a indiqué qu'elle ne savait pas si les Libyens souhaitaient la reprise des négociations ni si ils comptaient rester en France ou rentrer dans leur pays. L'accord du 11 septembre, qui avait permis au Conseil de sécurité de l'Onu, de lever les sanctions internationales pesant contre Tripoli, est l'objet d'interprétations très différentes de la part de la Libye et des familles françaises. Washington et Londres avaient auparavant obtenu, en août, un accord sur l'indemnisation des victimes de l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 morts en 1988.

Le fils du dirigeant libyen, Seïf al-Islam, président de la Fondation Kadhafi, l'organisme qui mène les négociations, avait affirmé récemment à la presse que l'accord prévoyait de "payer au maximum un million de dollars par victime et (que) les Français l'ont accepté". Pour les familles, en revanche, ce qui a été signé le 11 septembre est un accord de principe prévoyant un engagement à conclure les négociations d'indemnisation dans un délai d'un mois. Compliquant les discussions, Seïf al-Islam a fait état lundi d'un accord en six points, conclu le même 11 septembre, dont le contenu était "secret", mais que sa fondation "se réservait le droit de publier au moment (...) opportun". Le ministère français des Affaires étrangères a démenti mardi ces affirmations. "Il n'y a aucun accord secret de quelque type que ce soit, de quelque nature que ce soit", a assuré son porte-parole.

A la demande des Libyens, le lieu de la réunion n'a pas été dévoilé. Selon une source proche du dossier, les interlocuteurs libyens auraient menacé de regagner leur pays si la rencontre venait à être médiatisée. Sans souhaiter indiquer où les discussions s'étaient tenues, la présidente de SOS-attentats a précisé que dix personnes y avaient participé, quatre représentants de la fondation Kadhafi, et six côté français.

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