PARIS (AFP) - Des contacts
"informels" ont été renoués mercredi
entre négociateurs libyens et français, au lendemain
de la rupture par la Fondation Kadhafi des négociations
à Paris sur une indemnisation définitive des familles
de victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA, a-t-on appris auprès
de leur porte-parole, Guillaume Denoix de Saint-Marc.
"J'ai eu ce matin une conversation de plus d'une heure avec
Salah Abdel Salam (le chef de la délégation libyenne,
ndlr) et le contact n'est pas rompu", a-t-il annoncé.
Selon lui, la délégation libyenne n'avait pas quitté
la France en fin de matinée mercredi.
Dans la soirée, l'entourage du président Jacques
Chirac a souhaité "vivement que les engagements pris
par la Libye soient tenus". Le président avait déjà
exprimé ce souhait dimanche soir après avoir mis
en garde Tripoli contre des "conséquences" sur
les relations entre les deux pays.
L'Elysée a également affirmé "avoir
pris note de la suspension, semble-t-il, des discussions",
en rappelant que "ce sont les familles qui négocient".
A 20h30 mardi, les quatre négociateurs libyens ont mis
un terme au dialogue, organisé en un lieu tenu secret à
Paris. Trois représentants des familles et deux membres
de l'association SOS attentats avaient pris place à la
table de négociations.
"Nous avions progressé de façon plutôt
positive sur l'ensemble du processus. Nos interlocuteurs ont eux-aussi
été déçus, je crois, de devoir interrompre
une négociation entravée par l'escalade verbale
et l'incompréhension entre Tripoli et Paris", a déclaré
mercredi M. Denoix de Saint-Marc.
Les propositions formulées mardi par les Libyens "ne
sont pas conformes aux souhaits exprimés par la majorité
des familles des victimes du DC 10", a pour sa part estimé
la présidente de SOS attentats, Françoise Rudetzki.
Seïf al-Islam, président de la Fondation Kadhafi,
avait fait état lundi d'un "accord secret", conclu
le 11 septembre et accepté, selon lui, par les Français
à l'occasion de la dernière rencontre entre les
deux parties, prévoyant notamment de "payer au maximum
un million de dollars par victime".
Un accord démenti mardi soir par le ministère des
Affaires étrangères: "il n'y a aucun accord
secret de quelque type que ce soit, de quelque nature que ce soit",
a assuré son porte-parole.
Peu après cette réplique, la délégation
libyenne recevait un coup de téléphone et quittait
la table, selon une source proche du dossier.
Washington et Londres ont pour leur part obtenu, en août,
un accord sur l'indemnisation des victimes de Lockerbie (Ecosse)
qui a fait 270 morts en 1988, d'un montant quatre fois supérieur
au million de dollars proposé aux familles de victimes
du DC-10 en l'état de la négociation.
L'attentat contre le DC-10 d'UTA avait fait 170 morts de 17 nationalités,
dont 54 Français, en 1989 au-dessus du désert du
Ténéré (Niger). |