PARIS (Reuters) - Les Français
doivent offrir "quelque chose en échange" à
la Libye, notamment des compensations financières, s'ils
veulent obtenir l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat
contre le DC-10 d'UTA en 1989, prévient Seïf el-Islam
Kadhafi dans un entretien à paraître vendredi dans
Le Figaro.
"Les Français doivent le comprendre, s'ils veulent
des indemnisations supplémentaires, ils doivent nous donner
quelque chose en échange", explique le fils du dirigeant
libyen Mouammar Kadhafi, interrogé mercredi à Londres
par le quotidien.
"Trop longtemps les autorités françaises nous
ont fait miroiter une amélioration des relations bilatérales,
pour ensuite revenir en arrière", estime-t-il.
Seïf el-Islam évoque un document confidentiel français
qui aurait été rédigé en septembre
dernier qui serait la "base de tout accord" d'indemnisation
mais dont Paris "ne veut pas entendre parler".
"Nous avons en notre possession un document officiel français
nous disant que cette affaire était réglée",
explique le président de la Fondation Kadhafi, avec qui
les familles des victimes doivent négocier d'éventuelles
indemnités supplémentaires.
Interrogé jeudi soir, le ministère français
des Affaires étrangères n'a pas souhaité
réagir à cette information dans l'immédiat.
"Pour nous, ce document est la base de tout accord",
poursuit le fils du colonel Kadhafi. Dans ces conditions, selon
lui, la délégation libyenne venue à Paris
en début de semaine, n'a plus qu'à rentrer à
Tripoli.
LISTE DE CONDITIONS, INDEMNISATION D'UN MILLION
En contre-partie de toute indemnisation supplémentaire
des 170 victimes de l'attentat de septembre 1989 au dessus du
désert du Ténéré, au Niger, Seïf
el-Islam réclame notamment des compensations financières
pour les familles des trois aviateurs libyens tués par
l'armée française dans les années 80 au Tchad.
Il demande également que soit reconnue "l'innocence"
des six Libyens condamnés en 1999 en France pour l'attentat
du DC-10 ainsi que la signature d'un accord de non-agression et
de coopération avec la France.
Pour Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole d'une partie
des familles, "ces déclarations, qui n'engagent que
Seïf el-Islam, sortent du cadre des négociations et
les perturbent".
"Nous oeuvrons avec des membres de la Fondation à
calmer les choses", a-t-il précisé à
Reuters, espérant pouvoir reprendre "rapidement"
les discussions avec la délégation libyenne qui
se trouve toujours à Paris.
Les contacts ont repris entre la Fondation Kadhafi et les familles
des victimes après la mise en garde de Jacques Chirac à
la Libye. Le chef de l'Etat, alors en déplacement au Maroc,
a estimé que le non-respect des engagements libyens exposerait
Tripoli à des "conséquences", qui seraient
décidées "sans agressivité" mais
"sans faiblesse".
Une délégation libyenne est arrivée à
Paris lundi pour discuter avec les représentants des proches
des victimes de l'attentat de 1989 mais les discussions ont été
interrompues mardi soir. Les contacts se poursuivent depuis, a
précisé Guillaume Denoix de Saint Marc, qui a perdu
son père dans l'attentat contre le DC-10.
Revenant sur la question de l'indemnisation des familles, Seïf
el-Islam affirme au Figaro qu'elle ne dépassera pas un
million de dollar par victime. "Si jamais j'envisageais de
verser plus, je perdrais le soutien du gouvernement libyen",
estime-t-il.
Au terme du procès de 1999, la Libye a accepté
de verser 34 millions d'euros aux seules familles qui s'étaient
portées parties civiles et qui ont touché entre
3.000 et 30.000 euros.
Dans le dossier du Boeing de la Panam, qui a explosé en
1998 au dessus de Lockerbie, en Ecosse, la Libye a accepté
de verser 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes.
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