victimes attentat

(jeudi 16 octobre 2003, 23h04)

DC-10 d'UTA: le fils de Kadhafi demande des compensations

PARIS (Reuters) - Les Français doivent offrir "quelque chose en échange" à la Libye, notamment des compensations financières, s'ils veulent obtenir l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA en 1989, prévient Seïf el-Islam Kadhafi dans un entretien à paraître vendredi dans Le Figaro.

"Les Français doivent le comprendre, s'ils veulent des indemnisations supplémentaires, ils doivent nous donner quelque chose en échange", explique le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, interrogé mercredi à Londres par le quotidien.

"Trop longtemps les autorités françaises nous ont fait miroiter une amélioration des relations bilatérales, pour ensuite revenir en arrière", estime-t-il.

Seïf el-Islam évoque un document confidentiel français qui aurait été rédigé en septembre dernier qui serait la "base de tout accord" d'indemnisation mais dont Paris "ne veut pas entendre parler".

"Nous avons en notre possession un document officiel français nous disant que cette affaire était réglée", explique le président de la Fondation Kadhafi, avec qui les familles des victimes doivent négocier d'éventuelles indemnités supplémentaires.

Interrogé jeudi soir, le ministère français des Affaires étrangères n'a pas souhaité réagir à cette information dans l'immédiat.

"Pour nous, ce document est la base de tout accord", poursuit le fils du colonel Kadhafi. Dans ces conditions, selon lui, la délégation libyenne venue à Paris en début de semaine, n'a plus qu'à rentrer à Tripoli.


LISTE DE CONDITIONS, INDEMNISATION D'UN MILLION

En contre-partie de toute indemnisation supplémentaire des 170 victimes de l'attentat de septembre 1989 au dessus du désert du Ténéré, au Niger, Seïf el-Islam réclame notamment des compensations financières pour les familles des trois aviateurs libyens tués par l'armée française dans les années 80 au Tchad.

Il demande également que soit reconnue "l'innocence" des six Libyens condamnés en 1999 en France pour l'attentat du DC-10 ainsi que la signature d'un accord de non-agression et de coopération avec la France.

Pour Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole d'une partie des familles, "ces déclarations, qui n'engagent que Seïf el-Islam, sortent du cadre des négociations et les perturbent".

"Nous oeuvrons avec des membres de la Fondation à calmer les choses", a-t-il précisé à Reuters, espérant pouvoir reprendre "rapidement" les discussions avec la délégation libyenne qui se trouve toujours à Paris.

Les contacts ont repris entre la Fondation Kadhafi et les familles des victimes après la mise en garde de Jacques Chirac à la Libye. Le chef de l'Etat, alors en déplacement au Maroc, a estimé que le non-respect des engagements libyens exposerait Tripoli à des "conséquences", qui seraient décidées "sans agressivité" mais "sans faiblesse".

Une délégation libyenne est arrivée à Paris lundi pour discuter avec les représentants des proches des victimes de l'attentat de 1989 mais les discussions ont été interrompues mardi soir. Les contacts se poursuivent depuis, a précisé Guillaume Denoix de Saint Marc, qui a perdu son père dans l'attentat contre le DC-10.

Revenant sur la question de l'indemnisation des familles, Seïf el-Islam affirme au Figaro qu'elle ne dépassera pas un million de dollar par victime. "Si jamais j'envisageais de verser plus, je perdrais le soutien du gouvernement libyen", estime-t-il.

Au terme du procès de 1999, la Libye a accepté de verser 34 millions d'euros aux seules familles qui s'étaient portées parties civiles et qui ont touché entre 3.000 et 30.000 euros.

Dans le dossier du Boeing de la Panam, qui a explosé en 1998 au dessus de Lockerbie, en Ecosse, la Libye a accepté de verser 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes.

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