GENEVE (Reuters) - Les négociations
d'indemnisation des familles des victimes de l'attentat contre
le DC-10 d'UTA ne reprendront pas tant que Paris refusera de discuter
de contreparties financières pour la mort de trois aviateurs
libyens tués par l'armée française dans les
années 80, a déclaré lundi à Reuters
Television Seïf el-Islam Kadhafi.
Les négociations ont été interrompues samedi
car les deux parties se trouvaient dans une "impasse",
a dit le fils du dirigeant libyen, ajoutant que Paris avait "renié
tous ses engagements".
Seïf el-Islam invoque depuis le mois dernier un document
confidentiel qui, selon lui, aurait été signé
entre Tripoli et Paris et qui réglerait, entre autres,
la question des indemnisations des familles des trois aviateurs
tués pendant la guerre civile au Tchad.
"Nous ne reprendrons pas les négociations tant que
cet engagement ne sera pas respecté. Soit ils respectent
cet engagement, soit plus de négociations", a-t-il
déclaré en marge de l'inauguration d'une exposition
d'art libyen à Genève.
"Les Français devraient faire preuve de souplesse
et dire 'OK, il y a bien quelque chose entre les Français
et les Libyens et nous sommes prêts à négocier
avec eux'", a-t-il poursuivi.
"De cette façon, nous pourrions faire quelque chose
mais s'ils démentent en bloc, c'est dommage", a conclu
Seïf el-Islam, qui dirige la Fondation Kadhafi.
La délégation libyenne a quitté Paris samedi
après plusieurs jours de flou sur l'état des négociations
avec les représentants des familles des 170 victimes de
l'attentat de septembre 1989 contre le DC-10 d'UTA.
Au terme d'un procès qui s'est tenu en France en 1999,
certaines familles ont été indemnisées, la
Libye acceptant de verser au total 34 millions de dollars.
Les négociations en vue d'une indemnisation supplémentaire
ont repris en août, après l'annonce du versement
par Tripoli de 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes
de l'attentat contre un Boeing de la Panam en décembre
1988 au-dessus de Lockerbie, en Ecosse.
Les autorités françaises ont démenti l'existence
de tout document secret et Jacques Chirac a prévenu que
Tripoli s'exposait à des "conséquences"
s'il ne respectait pas les engagements stipulés dans l'accord-cadre
signé le 11 septembre entre les familles et la Fondation
Kadhafi.
Les familles "nous comprennent", a affirmé lundi
Seïf el-Islam. "Elles ne sont pas en colère contre
nous et disent que nous avons fait de notre mieux. C'est là
où nous en sommes, je ne peux rien y changer. J'essaie
d'aider mais je suis désolé, c'est la décision
de mon gouvernement".
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