victimes attentat

(Mercredi 3 décembre 2003, 21h55)

Chirac a commencé une visite en Tunisie sous le signe des droits de l'homme

TUNIS (AFP) - Le président français Jacques Chirac est arrivé mercredi en fin d'après-midi à Tunis pour une visite d'Etat de trois jours qui a été rapidement placée sous la question délicate des atteintes aux droits de l'homme dans ce pays du Maghreb.

Cette visite bilatérale doit avoir une forte dominante économique avec l'objectif d'ancrer davantage encore ce pays du Maghreb à l'Europe. M. Chirac doit ensuite participer à un premier sommet de 10 pays riverains de la Méditerranée occidentale.

L'avion spécial de M. Chirac s'est posé avec une heure de retard à l'aéroport de Tunis-Carthage peu après 16H30 locales (15H30 GMT), en provenance du sud de la France où il a effectué une étape surprise afin de manifester "la solidarité de la nation" aux victimes des inondations dans cette région.

Ce déplacement avait manifestement pour but de montrer que le chef de l'Etat, qui s'absentait pour quatre jours hors de France, ne négligeait pas les Français confrontés à de sévères intempéries, alors qu'il avait été sévèrement critiqué pour son absence lors de la canicule meurtrière de l'été.

M. Chirac, accompagné de son épouse Bernadette et de cinq ministres, a été accueilli à sa descente d'avion par le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et son épouse Leïla.

Après avoir parcouru en cortège des avenues pavoisées aux couleurs des deux pays, le président français et son hôte ont eu mercredi soir un premier entretien en tête-à-tête au palais présidentiel de Carthage qui a été suivi d'un dîner d'Etat.

M. Chirac a déclaré lors d'un point de presse avoir, à cette occasion, "touché un mot avec le président Ben Ali" du cas de l'avocate Nadia Nasraoui en grève de la faim depuis le 15 octobre pour protester contre les harcèlements dont elle fait, selon elle, l'objet de la part des autorités tunisiennes.

"J'espère que cette affaire trouvera rapidement une issue", a-t-il dit en ajoutant souhaiter que "le caractère libéral, respectueux des libertés soit de plus en plus affirmé" en Tunisie.

Mais il a minimisé les atteintes aux libertés en affirmant que "le premier des droits de l'homme c'est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat". "De ce point de vue, il faut bien reconnaitre que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays", a ajouté M. Chirac.

Cette visite du chef de l'Etat français intervient quelques heures après celle du secrétaire d'Etat américain Colin Powell qui effectue une tournée éclair en Tunisie, au Maroc et en Algérie.

Le président français a récusé toute concurrence avec Washington dans cette région du monde où la France est très présente. "Je ne vois strictement aucune espèce de concurrence qui a quelque chose de malsain mais une complémentarité", a-t-il affirmé.

La France occupe une position privilégiée dans ce pays de dix millions d'habitants montré en exemple pour sa réussite économique, avec une croissance de plus de 5% en 2003, une pauvreté qui touche moins de 4% de la population et une place des femmes sans égale dans les pays musulmans.

Paris est à la fois le premier partenaire commercial, le premier investisseur étranger et le premier bailleur de fonds de la Tunisie.

D'autre part, les familles des victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA ont appelé M. Chirac, après un nouvel échec des négociations avec la Libye, à intervenir auprès de Mouammar Khadafi pour obtenir de Tripoli une indemnisation équitable, lors du sommet "5+5" auquel doit prendre part le dirigeant libyen.

Le chef de l'Etat français s'est toutefois montré optimiste sur une issue positive des négociations avec la Libye. "Je pense que les deux parties arriveront à un accord, je le souhaite vivement", a-t-il déclaré mais sans dire s'il en parlerait au leader libyen.

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