TUNIS (AFP)
- Le président français Jacques Chirac est arrivé
mercredi en fin d'après-midi à Tunis pour une visite
d'Etat de trois jours qui a été rapidement placée
sous la question délicate des atteintes aux droits de l'homme
dans ce pays du Maghreb.
Cette visite bilatérale doit avoir une
forte dominante économique avec l'objectif d'ancrer davantage
encore ce pays du Maghreb à l'Europe. M. Chirac doit ensuite
participer à un premier sommet de 10 pays riverains de
la Méditerranée occidentale.
L'avion spécial de M. Chirac s'est posé
avec une heure de retard à l'aéroport de Tunis-Carthage
peu après 16H30 locales (15H30 GMT), en provenance du sud
de la France où il a effectué une étape surprise
afin de manifester "la solidarité de la nation"
aux victimes des inondations dans cette région.
Ce déplacement avait manifestement pour
but de montrer que le chef de l'Etat, qui s'absentait pour quatre
jours hors de France, ne négligeait pas les Français
confrontés à de sévères intempéries,
alors qu'il avait été sévèrement critiqué
pour son absence lors de la canicule meurtrière de l'été.
M. Chirac, accompagné de son épouse
Bernadette et de cinq ministres, a été accueilli
à sa descente d'avion par le président tunisien
Zine El Abidine Ben Ali et son épouse Leïla.
Après avoir parcouru en cortège
des avenues pavoisées aux couleurs des deux pays, le président
français et son hôte ont eu mercredi soir un premier
entretien en tête-à-tête au palais présidentiel
de Carthage qui a été suivi d'un dîner d'Etat.
M. Chirac a déclaré lors d'un point
de presse avoir, à cette occasion, "touché
un mot avec le président Ben Ali" du cas de l'avocate
Nadia Nasraoui en grève de la faim depuis le 15 octobre
pour protester contre les harcèlements dont elle fait,
selon elle, l'objet de la part des autorités tunisiennes.
"J'espère que cette affaire trouvera
rapidement une issue", a-t-il dit en ajoutant souhaiter que
"le caractère libéral, respectueux des libertés
soit de plus en plus affirmé" en Tunisie.
Mais il a minimisé les atteintes aux libertés
en affirmant que "le premier des droits de l'homme c'est
manger, être soigné, recevoir une éducation
et avoir un habitat". "De ce point de vue, il faut bien
reconnaitre que la Tunisie est très en avance sur beaucoup
de pays", a ajouté M. Chirac.
Cette visite du chef de l'Etat français
intervient quelques heures après celle du secrétaire
d'Etat américain Colin Powell qui effectue une tournée
éclair en Tunisie, au Maroc et en Algérie.
Le président français a récusé
toute concurrence avec Washington dans cette région du
monde où la France est très présente. "Je
ne vois strictement aucune espèce de concurrence qui a
quelque chose de malsain mais une complémentarité",
a-t-il affirmé.
La France occupe une position privilégiée
dans ce pays de dix millions d'habitants montré en exemple
pour sa réussite économique, avec une croissance
de plus de 5% en 2003, une pauvreté qui touche moins de
4% de la population et une place des femmes sans égale
dans les pays musulmans.
Paris est à la fois le premier partenaire
commercial, le premier investisseur étranger et le premier
bailleur de fonds de la Tunisie.
D'autre part, les familles des victimes
de l'attentat du DC-10 d'UTA ont appelé M. Chirac, après
un nouvel échec des négociations avec la Libye,
à intervenir auprès de Mouammar Khadafi pour obtenir
de Tripoli une indemnisation équitable, lors du sommet
"5+5" auquel doit prendre part le dirigeant libyen.
Le chef de l'Etat français s'est
toutefois montré optimiste sur une issue positive des négociations
avec la Libye. "Je pense que les deux parties arriveront
à un accord, je le souhaite vivement", a-t-il déclaré
mais sans dire s'il en parlerait au leader libyen. |