LE MONDE | 04.12.03 | 17h55
Les familles des victimes en appellent à l'Etat.
Dernier épisode de la saga des négociations franco-libyennes
pour la "solution honorable" que souhaitent
les familles des 170 victimes de l'attentat de septembre 1989
contre un DC10 d'UTA : un accord de principe, auquel le collectif
des familles était parvenu avec la Fondation Kadhafi dirigée
par Seïf Al-Islam, l'un des fils du colonel Mouammar Kadhafi
n'a pu être signé, la partie libyenne étant
revenue sur ses engagements.
La signature devait avoir lieu à Paris à la fin
de la semaine dernière, a déclaré mercredi
3 décembre au Monde Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole
du collectif. La délégation libyenne a alors présenté
"des propositions qui n'avaient rien à voir avec
l'accord de principe". Elles "reposent notamment
sur un traitement inégal des différentes familles
de victimes", indique le collectif dans un communiqué.
Elles concernent "le montant des indemnisations, un traitement
différencié des familles selon la nationalité
et les revenus, ainsi qu'un échelonnement des paiements
sans calendrier précis", précise M. Denoix
de Saint Marc.
"LA CAUSE DES FAMILLES"
Des contacts et échanges ont eu lieu en octobre entre
les deux parties. M. Denoix de Saint Marc s'est lui-même
rendu à Londres, le 30 octobre, pour y rencontrer Seïf
Al-Islam Kadhafi. Des négociations qui ont ensuite eu lieu
à à Tripoli, du 10 au 13 novembre, ont abouti à
un accord de principe "très détaillé",
qui a été "avalisé" à
Paris par l'association SOS-Attentats.
Le 11 septembre déjà, le collectif
et l'association SOS-Attentats avaient annoncé être
parvenus à un accord de principe avec la Fondation Kadhafi.
Ce premier accord, dont certains paramètres devaient encore
être "finalisés", était
l'aboutissement de négociations commencées en février
2002 entre les deux parties et qui avaient été accélérées
après l'accord conclu en août de la même année
entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne d'une part, la Libye
d'autre part, pour l'indemnisation des familles des victimes de
l'attentat de décembre 1988 contre un avion de la PanAm.
A cause de l'accord du 11 septembre, la France,
qui menaçait d'opposer son veto à la levée
des sanctions imposées en 1992 à Tripoli par le
Conseil de sécurité de l'ONU, a approuvé
la levée de ces sanctions.
En dépit des difficultés actuelles,
M. Denoix de Saint Marc estime que ce premier accord de principe
avait un triple mérite : il évitait une mise en
difficulté des partisans d'une solution au sein de la direction
libyenne ; le vote de la France en faveur de la levée des
sanctions permettait aux familles des victimes de l'attentat de
Lockerbie de toucher un premier versement des indemnités
prévues, conformément aux termes de l'accord conclu
entre Tripoli, Washington et Londres.
Troisième et dernier mérite de
l'accord, un "énorme mouvement de sympathie s'est
fait jour en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis pour la cause des
familles" des victimes de l'attentat d'UTA.
Le collectif demande aux "pouvoirs publics
français (...) et aux représentants des 17 autres
Etats dont des ressortissants ont été tués,
de maintenir leur effort pour que les familles des 170 victimes
obtiennent enfin justice". Il exprime l'espoir que le
sommet dit "5 + 5" de l'Europe et du Maghreb, auquel
doit participer le colonel Kadhafi, soit "l'occasion d'un
dénouement positif".
Mouna Naïm
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.12.03
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