Jacques
Chirac a fait vendredi un geste en direction de Mouammar Kadhafi,
alors que les négociations sur l'attentat du DC-10 d'UTA
sont au point mort, en appelant de ses voeux "une relation
pleine et confiante" avec la Libye.
"Je me réjouis de retrouver les représentants
de la Libye, avec lesquels la France a l'espoir de pouvoir établir
une relation pleine et confiante", a dit le président
français lors de l'ouverture du sommet "5+5"
à Tunis.
Ce forum informel lancé en 1991 réunit
cinq Etats du sud de l'Europe (Portugal, Espagne, France, Italie,
Malte) et les cinq Etats membres de l'Union du Maghreb arabe (Maroc,
Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie).
Le colonel Kadhafi participe au sommet. La partie
française a indiqué qu'aucune rencontre entre Jacques
Chirac et le dirigeant libyen n'était prévue en
marge du "5+5".
L'atmosphère était froide vendredi
entre Jacques Chirac et Mouammar Kadhafi, qui sont assis à
la même tribune mais séparés par l'hôte
du sommet, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.
Les présidents français et libyen
n'ont pas échangé un regard lors de leur arrivée
au Palais des congrès de Tunis, où se tient le sommet
jusqu'à samedi, et en cours de séance.
Jacques Chirac a adressé jeudi soir une
nouvelle mise en garde à Tripoli sur le dossier du DC-10
d'UTA, à l'occasion de sa visite d'Etat en Tunisie qui
s'est achevée vendredi matin.
"J'ai tout lieu de penser et d'espérer,
sans pouvoir le garantir, que les négociations vont être
reprises pour une phase finale", a-t-il déclaré
lors d'une conférence de presse.
"Je le souhaite fortement car c'est un problème
- même si ce n'est pas un problème d'Etat à
Etat - qui porte une ombre aux relations entre la France et la
Libye, et ces relations dépendront de l'issue qui interviendra",
a-t-il dit.
"INSUFFISANTE BONNE VOLONTE" "Si
un accord intervient, c'est très bien, si un accord n'intervient
pas, nous serons obligés de tenir compte de cette situation
que nous considérerons comme une situation d'insuffisante
bonne volonté", a-t-il ajouté.
Lors de sa visite d'Etat au Maroc, le 11 octobre,
Jacques Chirac avait prévenu que la France tirerait "sans
agressivité" mais "sans faiblesse" les conséquences
du non-respect par Tripoli de ses engagements en faveur de l'indemnisation
des familles des victimes de l'attentat de septembre 1989 contre
le DC-10 d'UTA.
Les négociations sur l'indemnisation des
proches des 170 victimes de 17 nationalités différentes,
dont 54 françaises, ont été suspendues à
la mi-octobre, peu après l'avertissement de Jacques Chirac.
Les familles ont lancé cette semaine un
appel au président français pour qu'il débloque
les négociations.
Un accord de principe a été conclu
en septembre entre les familles et la fondation Kadhafi, dirigée
par l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Seïf al-Islam Kadhafi.
Ce dernier accuse depuis lors Paris d'avoir renié
ses engagements, évoquant un document confidentiel qui
aurait été signé entre Tripoli et les autorités
françaises, également en septembre.
Il affirme que les négociations ne pourront
reprendre tant que la France refusera notamment de discuter de
contreparties financières pour la mort de trois aviateurs
libyens tués par l'armée française dans les
années 80 au Tchad.
Les négociations dans le dossier du DC-10
d'UTA ont été relancées au mois d'août
après le versement par Tripoli de 2,7 milliards de dollars
aux familles des 270 victimes de l'attentat contre un Boeing de
la Panam en décembre 1988 au-dessus de Lockerbie, en Ecosse.
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