PARIS (AFP) - La France, qui est parvenue à normaliser
ses relations avec Tripoli, est toujours dans l'attente d'un accord
sur l'indemnisation des victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA
imputé à la Libye, alors que Washington et Londres
ont annoncé vendredi une percée avec un pays qui,
jusqu'à présent, est pour eux un "Etat voyou".
La Libye, après avoir conclu un accord avec la Grande-Bretagne
et les Etats-Unis sur l'attentat, dans lequel la participation
d'agents libyens est reconnue, contre un avion de la compagnie
américaine Pan Am à Lockerbie (Ecosse), a signifié
vendredi aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne la fin
de la mise au point d'Armes de destruction massive nucléaires,
bactériologiques ou chimiques.
De source diplomatique française, on soulignait samedi
à Paris que la prolifération (objet de l'accord
avec Tripoli au terme de neuf mis de discussions secrètes)
et le terrorismes sont "deux dossiers distincts".
M.de Villepin a "salué" cet accord qu'il a qualifié
de "succès de toute la communauté internationale".
Dominique de Villepin a par ailleurs annoncé, au lendemain
de l'accord entre la Libye, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne
sur les armes de destruction massives, que les discussions en
cours entre la Fondation Khadafi et les familles des victimes
de l'attentat du DC-10 d'UTA "ont connu récemment
des progrès".
"Nous souhaitons vivement qu'elles puissent aboutir rapidement
à un règlement définitif", a ajouté
le ministre français.
"Les engagements pris par les autorités libyennes
(NDLR: sur l'indemnisation des victimes) doivent être mises
en oeuvre sans délai", a poursuivi M. de Villepin.
L'attentat contre le DC-10 d'UTA avait fait 170 morts de 17 nationalités,
dont 54 Français, en 1989 au-dessus du désert du
Ténéré, au Niger.
L'attentat le 21 décembre 1988 à 19H03 heure locale,
un Boeing 747 de la compagnie américaine Panam reliant
Londres à New York au dessus du village écossais
de Lockerbie, avait fait 270 morts et provoqué des scènes
de cauchemar.
Le 13 août 2003, un accord a été signé
à Londres entre les conseils des familles de victimes de
l'attentat et une délégation libyenne, la Libye
s'engageant à verser au total 2,7 milliards de dollars
de dédommagement.
Cet accord, confirmé le 12 septembre, a permis la levée
des sanctions imposées par l'ONU et les Etats-Unis à
Tripoli. Ces sanctions avaient déjà été
suspendues, mais pas formellement levées, après
que la Libye eut remis ses deux agents à la Cour écossaise
spéciale siégeant aux Pays-Bas.
Le 6 décembre dernier, Mouammar Kadhafi, avait estimé
à Tunis que le différend franco-libyen sur l'indemnisation
des victimes de l'attentat du DC10 d'UTA était "en
voie d'être résolue".
Interrogé par des journalistes à la clôture
du sommet du Dialogue 5+5, le colonel Kadhafi avait affirmé:
"Ce problème est en voie d'être résolu",
notant que les relations avec la France étaient "bonnes".
"L'Etat libyen a fait ce qu'il devait faire" a-t-il
dit, affirmant que la question était maintenant aux mains
des négociateurs.
Samedi, les familles des victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA
ont estimé que les dernières négociations
avec la Libye ont été "constructives"
et espéré qu'elles pourront se "concrétiser
assez rapidement".
En octobre de l'an passé, Dominique de Villepin avait
réchauffé à Tripoli des relations franco-libyennes,
au plus bas depuis près de vingt ans.
M. de Villepin, qui faisait la première visite à
caractère bilatéral d'un ministre français
des Affaires étrangères en Libye depuis vingt ans,
avait rencontré pendant une heure le colonel Kadhafi. |