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(samedi 20 décembre 2003, 13h21)

Armes de destruction massive: Washington et Londres obtiennent l'engagement de Tripoli


LONDRES (AP) - Décidée à revenir sur la scène internationale, la Libye reconnaît avoir tenté de mettre au point des armes de destructions massives mais promet de démantèler immédiatement ces programmes et autoriser des inspections. Fruit de neuf mois de négociations secrètes avec Londres et Washington, cette décision annoncée vendredi soir par Tony Blair et George W. Bush a été confirmée par le colonel Moammar Kadhafi qui parle d'un "pas courageux" de Tripoli.

A Washington, M. Bush a annoncé que la Libye allait autoriser des inspecteurs internationaux à contrôler toutes les armes importantes du pays. Une décision "très importante" pour le président américain. "Avec l'annonce de son chef d'Etat aujourd'hui, la Libye a entamé son processus de retour dans la communauté des nations. Et le colonel Kadhafi sait comment continuer", a déclaré le chef de la Maison Blanche.

Si Tripoli tient son engagement, "sa bonne foi peut être restaurée", a estimé M. Bush, en espérant que "d'autres dirigeants suivront cet exemple". Le président américain a toutefois précisé que Washington et Londres s'assureraient que la Libye tiendrait sa parole, étant donné son "passé trouble", avant d'ajouter que "comme nous l'avons vu avec d'autres pays, les vieilles hostilités ne sont pas forcées de durer éternellement".

"La décision du colonel Kadhafi est historique et courageuse et je l'applaudis", a pour sa part affirmé Tony Blair, assurant que Moammar Kadhafi avait promis que le processus de démantèlement se ferait de façon "transparente et vérifiable". "La Libye est venue vers nous en mars après des négociations réussies sur Lockerbie pour voir si elle pouvait résoudre la question de ses armes de destruction massive d'une manière coopérative similaire", a expliqué le Premier ministre britannique à Durham, dans le nord de l'Angleterre.

Moammar Kadhafi a ensuite confirmé que son pays avait pris "une sage décision" et fait "un pas courageux" en s'engageant à se débarrasser de ses armes de destruction massive et en autorisant les inspections internationales. Dans une déclaration relayée par l'agence JANA, il explique que Tripoli souhaite montrer l'exemple "dans la construction d'un monde débarrassé d'armes de destruction massive et de toute forme de terrorisme, dans le but de préserver la paix internationale, la sécurité et le progrès de l'humanité".

La France a salué samedi "les efforts du Royaume-Uni et des Etats-Unis qui ont permis de parvenir à ce résultat", ainsi que la décision de la Libye, un "pas important" pour le plein retour de ce pays dans la communauté internationale. Mais le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin a rappelé que les négociations franco-libyennes sur l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA (170 morts en 1989) n'ont toujours pas abouti, exhortant Tripoli à mettre en oeuvre "sans délai" les engagements pris.

Selon un responsable de l'administration américaine ayant requis l'anonymat, la Libye a notamment reconnu avoir un programme chargé d'enrichir de l'uranium dans le but de fabriquer des armes atomiques.

Le programme nucléaire de Tripoli était plus avancé que ne le pensaient Londres et Washington, selon ce responsable. Les experts américains et britanniques ont ainsi découvert les éléments d'un programme de centrifugeuse destiné à l'enrichissement d'uranium, mais si le système n'était pas encore opérationnel, a-t-il expliqué.

Après l'attentat contre le DC-10 d'UTA au-dessus du Niger le 19 septembre 1989, la France a accepté la levée en septembre dernier des sanctions onusiennes frappant la Libye, bien que n'ayant reçu aucune indemnisation, contrairement à Londres et Washington. Les difficiles tractations pour l'indemnisation dans l'affaire UTA se poursuivent toujours.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a levé les sanctions contre la Libye le 12 septembre dernier, après que Tripoli eut reconnu sa responsabilité dans l'attentat contre un Boeing de la Pan Am en 1988 au-dessus de Lockerbie (259 morts) et accepté d'indemniser les victimes. Mais Washington n'avait pas levé son embargo décidé il y a 17 ans et avait maintenu la Libye sur la liste des pays soutenant le terrorisme.

AP
sb-jp/v0/mw

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