PARIS (Reuters) - Tout en saluant la décision libyenne
de renoncer à ses armes de destruction massive, Dominique
de Villepin a souhaité samedi qu'un accord définitif
puisse être trouvé rapidement avec Tripoli sur l'indemnisation
des familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA.
L'annonce de la Libye, vendredi, "constitue un pas important
vers le plein retour de ce pays dans la communauté internationale",
a déclaré le ministre des Affaires étrangères,
lors d'une brève allocution au Quai d'Orsay.
Dans cette perspective, les engagements pris par la Libye dans
le dossier de l'attentat du DC-10 d'UTA de septembre 1989 "doivent
être mis en oeuvre sans délai", a poursuivi
le chef de la diplomatie française.
"Les discussions en cours entre les représentants
des familles et la fondation Kadhafi ont connu récemment
des progrès. Nous souhaitons vivement qu'elles puissent
aboutir rapidement à un règlement définitif",
a insisté Dominique de Villepin.
Début décembre à Tunis, Jacques Chirac avait
annoncé la reprise des négociations entre les familles
et la fondation Kadhafi, dirigée par le fils du colonel-président,
Saïf el-Islam.
Le chef de l'Etat avait alors déclaré que la France
souhaitait voir la Libye réintégrer la communauté
internationale, ajoutant que les autorités françaises
étaient "particulièrement attachées"
à renouer des relations normales avec Tripoli.
Il avait ensuite publiquement regretté qu'aucune solution
n'ait pu être trouvée en marge du forum "5+5",
réunissant cinq Etats du sud de l'Europe (Portugal, Espagne,
Italie, France et Malte) et les cinq Etats membres de l'Union
du Maghreb arabe (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie).
AFFIRMER L'UNITE INTERNATIONALE
Les négociations sur l'indemnisation des proches des 170
victimes de l'attentat au-dessus du désert du Ténéré,
au Niger, ont été relancées après
la signature d'un accord, en août, entre la Libye et les
Etats-Unis dans le dossier de Lockerbie.
Un accord de principe franco-libyen a été trouvé
en septembre, ouvrant la voie à la levée des sanctions
économiques imposées par les Nations unies au régime
de Mouammar Kadhafi que Paris menaçait de bloquer tant
que l'affaire du DC-10 n'était pas réglée.
Mais les discussions sur la finalisation de l'accord - et notamment
sur le montant des indemnisations - achoppent depuis.
Pour autant, Paris se réjouit de la décision libyenne,
qui constitue "un pas important vers (son retour) dans la
communauté internationale", a expliqué Dominique
de Villepin.
Tripoli a accepté d'abandonner son programme d'armes non
conventionnelles à la suite de rencontres avec des experts
britanniques et américains organisées depuis plusieurs
mois.
Cette annonce survient une semaine après l'arrestation,
par les soldats de la coalition américano-britannique,
de Saddam Hussein en Irak.
Pour le ministre français, qui a salué les efforts
diplomatiques des deux alliés anglo-saxons, cette avancée
de la Libye sur la voie du désarmement est "un succès
pour toute la communauté internationale".
"Ainsi se confirme l'efficacité de la démarche
politique pour apporter une réponse pacifique au défi
majeur (de la) prolifération", a estimé le
chef de la diplomatie française.
Dominique de Villepin a lui-même négocié,
avec ses homologues allemand et britannique, un accord avec Téhéran
sur le programme nucléaire iranien à la fin du mois
d'octobre.
"Nous sommes forts quand la communauté internationale
avance unie. La clé aujourd'hui pour faire face au défi
de la prolifération, comme à tous les autres défis,
c'est bien de tout faire pour développer et affirmer l'unité
de la communauté internationale", a-t-il insisté.
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