PARIS (AP) - Le long contentieux entre Tripoli et les familles
des victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA, survenu en 1989 au-dessus
du Niger, doit trouver un règlement définitif vendredi,
à l'occasion de la visite officielle en France du ministre
libyen des Affaires étrangères Abderrahmane Chalgham.
Arrivé à Paris dès jeudi, M. Chalgham rencontrera
son homologue français Dominique de Villepin vendredi à
16h au Quai d'Orsay, et les deux hommes s'exprimeront devant la
presse à l'issue de cet entretien. Le chef de la diplomatie
libyenne sera ensuite reçu à l'Elysée par
le président Jacques Chirac.
Le ministre libyen, qui a rencontré jeudi soir le président
du Sénat, Christian Poncelet, aura également des
entretiens à l'Assemblée nationale, ainsi que des
contacts avec le MEDEF et la Chambre de commerce franco-libyenne.
Mais sa venue à Paris est avant tout liée à
l'accord conclu par le collectif des familles de victimes, conduit
par Guillaume Denoix de Saint Marc, et la Fondation Kadhafi, que
préside Saïf al-Islam, l'un des fils du chef de l'Etat
libyen.
"Un accord a été trouvé, mais il n'est
pas encore signé", a déclaré jeudi soir
M. Denoix de Saint Marc à l'Associated Press, sans fournir
de données chiffrées. "Il y a encore des aspects
techniques à régler, comme par exemple des problèmes
de traduction, mais nous ne sommes plus en phase de négociations",
a-t-il ajouté à l'issue d'ultimes tractations avec
la délégation libyenne.
La signature de l'accord est prévue vendredi matin à
Paris dans un "lieu privé", a encore indiqué
le porte-parole, sans autre précision. Un point de presse
devrait ensuite être organisé par le "collectif
des familles du DC-10 UTA en colère".
La France avait accepté en septembre dernier la levée
des sanctions onusiennes frappant la Libye, bien qu'aucun accord
n'ait été trouvé avec Tripoli sur la hausse
des dédommagements accordés aux familles des victimes
de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, le 19 septembre 1989 (170
morts), contrairement aux très substantielles réparations
consenties pour l'attentat de Lockerbie, le 21 décembre
1988 (270 morts).
En 1999, après la condamnation par contumace de six Libyens
pour l'attentat d'UTA, Tripoli s'était engagé à
payer 35 millions de dollars, soit seulement 3.000 à 30.000
euros pour chacune des parties civiles, au nombre de 313 dans
ce dossier.
Quatre ans plus tard, les tractations entre la Fondation Kadhafi
et le collectif des familles s'éternisant, Paris avait
rappelé Tripoli à l'ordre en octobre dernier, brandissant
la menace de "conséquences".
Contactées par l'AP, des sources proches de la Fondation
Kadhafi ont précisé qu'en vertu de l'accord envisagé,
chacune des familles concernées devrait obtenir une indemnisation
d'un montant maximal d'un million de dollars (800.000 euros).
Par comparaison, les familles des victimes de Lockerbie ont été
indemnisées voilà neuf mois à hauteur de
dix millions de dollars par passager ayant péri dans l'attentat
de 1988 contre un Boeing de la PanAm.
Le 20 décembre dernier, Dominique de Villepin affirmait
que "les engagements" pris par la Libye à propos
de l'affaire UTA devaient être "mis en oeuvre sans
délai", dans la perspective d'un "plein retour"
de ce pays dans la communauté internationale. Faisant état
de "progrès" dans les discussions, il ajoutait
que la France souhaitait "vivement qu'elles puissent aboutir
rapidement à un règlement définitif".
AP
tl/mw/com
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