victimes attentat

(jeudi 8 janvier 2004, 21h29)

Un accord réglant le dossier du DC-10 d'UTA signé ce vendredi?


PARIS (Reuters) - Quinze ans après l'attentat contre le DC-10 d'UTA au-dessus du désert du Ténéré, le dossier franco-libyen devrait être réglé vendredi par le biais de deux accords, dont un réglant l'indemnisation des familles des victimes.

Guillaume Denoix de Saint Marc, président du collectif des familles du DC-10 d'UTA, qui représente près de 130 familles, a annoncé jeudi soir qu'un accord d'indemnisation avait été trouvé avec la fondation Kadhafi, présidée par le fils de Mouammar Kadhafi et chargée du dossier par Tripoli.

"L'essentiel a été réglé", a-t-il expliqué à Reuters. "Nous mettons en place la logistique technique pour que la signature se fasse demain matin".

Il s'est refusé à donner le montant de l'accord mais a précisé qu'il ne comportait aucune "contre-partie sauf à se désister de toute action (en justice) dans le futur".

De plus, le ministre libyen des Affaires étrangères, Abderrahmane Chalgham, est arrivé jeudi en fin de journée à Paris pour une visite officielle de deux jours.

Il doit être reçu vendredi après-midi par Dominique de Villepin au Quai d'Orsay, où les deux hommes doivent tenir une conférence de presse à 17h00. Abderrahmane Chalgham est attendu ensuite à l'Elysée, où il doit s'entretenir avec Jacques Chirac à 18h30.

En début de soirée, lors d'un entretien avec le président du Sénat, le chef de la diplomatie libyenne a confirmé à Christian Poncelet que deux accords seraient signés vendredi.

D'une part, les familles et la fondation Kadhafi signeront un accord d'indemnisation d'un montant de 170 millions de dollars, a-t-on appris au palais du Luxembourg.

Cette somme viendra s'ajouter à ce qui a déjà été versé dans le cadre du procès qui s'est tenu en 1999. Certains proches des victimes du vol UTA avaient alors touché de 3.000 à 30.000 euros mais une partie des familles n'a jamais été indemnisée.

L'explosion DC-10 d'UTA le 19 septembre 1989, imputée à six agents libyens, a fait 170 morts de 17 nationalités, dont 54 Français.

"Le deuxième accord est politique entre la France et la Libye", a-t-on ajouté dans l'entourage de Christian Poncelet. Il sera signé par les deux ministres des Affaires étrangères en fin d'après-midi.

"C'est une sorte de feuille de route qui va être signée pour, à l'avenir, renforcer et relancer les relations entre la France et la Libye", a-t-on précisé de même source.


PROBLEMES TECHNIQUES A REGLER

Le Collectif des familles des victimes avait fait savoir jeudi qu'une nouvelle séance de négociations entre les délégations libyenne et française avait débuté mardi en région parisienne.

SOS-Attentats, qui a représenté les familles en justice, s'est réjouie de la "tournure officielle" des événements. "C'est notre souhait depuis le début que l'affaire soit prise au niveau gouvernementale", a expliqué une responsable.

Les négociations sur le dossier du DC-10 ont été relancées au mois d'août après le versement par Tripoli de 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes de l'attentat de Lockerbie (Ecosse) contre un Boeing de la Panam, qui a fait 270 morts en décembre 1988.

Un accord de principe avait été trouvé entre SOS-Attentats, le collectif et la fondation Kadhafi le 11 septembre dernier, ce qui avait permis la levée des sanctions de l'Onu contre la Libye.

La finalisation de l'accord aurait dû intervenir avant le 11 octobre, mais les négociations ont connu depuis lors plusieurs rebondissements. Deux séances de négociations à Paris ont achoppé et Jacques Chirac est intervenu personnellement fin octobre dans le dossier pour rappeler la Libye à ses engagements.

Le fils du colonel-président, Seïf al-Islam, a réclamé des compensations, en demandant notamment que soit trouvée une "solution" pour les six Libyens condamnés par contumace en 1999 ainsi qu'une indemnisation pour les familles de trois aviateurs libyens tués par l'armée française dans les années 1980 au Tchad.

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